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Août 22

Onze points mélancoliques sur le devenir de la situation grecque, par Alain Badiou

Publié le samedi, 22 août 2015 dans Point de vue

arton38451 On avait cru comprendre que Syriza, vainqueur des élections en Grèce, avait pour mot d’ordre un vigoureux «non» à l’austérité ; qu’il allait donc refuser catégoriquement toutes les conditions antisociales, régressives, portant atteinte aux principes les plus élémentaires de l’aspiration à l’égalité et à une vie populaire acceptable, dont les autorités financières diverses et leur couverture européenne faisaient la condition de leurs prêts. Beaucoup se réjouissaient alors de la possibilité qu’émerge, en Europe, une orientation politique enfin absolument différente du consensus réactionnaire dans lequel tous les Etats, depuis trente ans, maintiennent leurs opinions publiques, de gré ou de force. 

2 Bien entendu, on pouvait déjà trouver bien des arguments pour modérer cette espérance. Ne serait-ce que ce mot très malheureux, «austérité», qui laissait entendre qu’on pourrait avoir son contraire (qui est quoi ? le «bien-être» ?) sans changer grand-chose. Alors que tout semblait indiquer que les adversaires, les gens au pouvoir et leurs commanditaires de l’économie sauvage mondialisée, n’avaient pas la moindre intention de changer quoi que ce soit, et entendaient même consolider et aggraver la tendance dominante dont ils sont les gestionnaires et les profiteurs. On remarquait aussi le péril que représentait l’acceptation, pour parvenir au pouvoir, de règles immuables : élections, majorités incertaines, peu de contrôle sur l’appareil d’Etat, encore moins sur les puissances financières, tentation organisée du compromis corrupteur, bref, une marge de manœuvre très étroite. Et enfin on voyait que Syriza n’entretenait pas vraiment, avec la masse des gens, des liens politiques étroits et organisés : son succès était un succès d’opinion, versatile par définition, et surtout incontrôlé, sans garantie contre l’assaut, interne comme externe, des opportunismes pour lesquels parvenir au pouvoir et y rester est la seule règle. Pour toutes ces raisons, j’appartenais au camp des sceptiques.

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Août 21

GRECE, EUROPE, ÉMANCIPATION : LE DÉBAT CONTINUE…

Publié le vendredi, 21 août 2015 dans Point de vue

Publié le lundi 17 août 2015, sur le blog des Alternatifs Paris-Sud

Des questions, quelques réponses. (contribution individuelle)

11709743_1475707332739889_137245184573566494_n1. Euro ou pas euro ?

Si on considère cette question comme concernant seulement l’outil monétaire au sens restreint on n’aperçoit qu’une partie du problème. La question ne devient claire que si on l’élargit à l’ensemble de la structure dont l’euro est un rouage. La structure, c’est celle de la zone euro dans sa globalité (traités, institutions, monnaie, rapports de force historiques, ou conjoncturels) et c’est le bon niveau pour tenter de répondre à la question. Certes les politiques libérales et pro capitalistes peuvent être (et sont) conduites hors de cette structure, même en Europe, à l’exemple de la Grande Bretagne. Ce n’est donc pas la structure qui les produit. Mais si, par hypothèse, un gouvernement anticapitaliste, ou même juste social démocrate à l’ancienne, voyait le jour en Grande Bretagne, il y aurait toute une plage de mesures possibles antilibérales avant de se heurter au cœur du capitalisme, ou même aux traités signés à l’échelle de l’UE ou de l’OMC. La globalisation a réduit ces marges par rapport, par exemple, aux débuts de la présidence Mitterrand.

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Août 12

QUAND TEL tragi-comique AVIVE L’imposture sur seine

Publié le mercredi, 12 août 2015 dans Libertés

QUAND TEL tragi-comique AVIVE L’imposture sur seine

lorsque l’éthique a quitté le politique
il n’y a plus de parole qui tienne ou à tenir
non plus que de légitimité des élus faussaires de l’histoire
Il ne reste plus aux victimes que la pleine lune de leur vision*
l’embrasement furieux de leur langage imaginaire
l’urgence de cette vastitude pour le pays
des réfugiés de la criminelle insignifiance

Lorsque la politique est une terre qui ment
Avis aux herbes folles d’en envahir la scène

Philippe Tancelin
Août 2015

Dessin de TARDI

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Août 10

Turquie : face à l’escalade guerrière d’Erdogan, défendre la paix et la démocratie. Appel

Publié le lundi, 10 août 2015 dans International

Le président turc Recep Tayyip Erdogan profite de son implication officielle dans la lutte contre Daesh pour en réalité s’attaquer plus durement que jamais aux combattants kurdes. Une provocation monstrueuse.

La Turquie connaît ces dernières semaines une évolution extrêmement préoccupante qui nécessite une réaction internationale à la hauteur de la situation. Le président de la république Erdogan et le gouvernement de l’AKP, dont il est issu, cherchent à maintenir leur mainmise sur la société en suscitant une guerre civile larvée avec les combattants kurdes du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan).


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Août 10

En défense de l’OXI grec pour une Europe des droits sociaux et démocratiques, par Catherine Samary

Publié le lundi, 10 août 2015 dans Point de vue

Contre la consolidation néo-coloniale de l’eurogroupe

samary-660x318Quelles leçons tirer, dans les pays membres de l’Union Européenne(UE) et au-delà, de ce qu’il faut bien appeler et dénoncer comme une “occupation financière de la Grèce” [i] ? Comme l’affirme avec force Stathis Kouvélakis, l’OXI, ce magnifique “non” du référendum grec, “n’est pas vaincu”. Mais la stratégie de la direction de Syriza – ne pas se confronter à l’UE en espérant un compromis “positif” pour tout le monde – est un échec. Ce n’est rien face au découragement que produirait une “mutation mémorandaire” de Syriza – encore non fatale et enjeu des semaines et mois à venir. Sur ce plan, la vraie question n’est pas le Grexit ou pas, mais le pouvoir (avec ou sans l’euro), avec qui, pour quoi faire ? 

 

Les réflexions qui suivent s’inscrivent dans la logique des positions synthétiquement exprimées par le titre-même de l’ouvrage collectif Attac/Copernic :“Que Faire de l’Europe : désobéïr pour reconstuire : elles considérent qu’une lutte dans/contre l’UE est possible et nécessaire en assumant la nécessité d’en passer par des ruptures et crises. La crise grecque change-t-elle ce jugement ? Comment préparer les ruptures ?

Les évènements en cours en Grèce imposent un recul et élargissement du débat – en même temps que des urgences solidaires. Il faut désigner et dénoncer les mécanismes néo-coloniaux à l’oeuvre, mais ne pas les entériner comme fatals, encore moins s’aligner sur les projets menaçants d’une consolidation du “noyau historique” de la CEE s’attribuant les pleins pouvoirs contre toutes ses périphéries dépossédées de droits. Mais où sont les périphéries dans le capitalisme mondialisé et son vieux cœur européen en crise ? .

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Août 9

«Non à la mutation mémorandaire de SYRIZA» Par Antonis Ntavanellos

Publié le dimanche, 9 août 2015 dans A Gauche. . . toute !

Le texte que nous publions ci-dessous, écrit le 31 juillet, s’adresse aux membres de SYRIZA. Il est rendu, par des parenthèses, le plus explicite possible.

Les développements au sein de SYRIZA seront déterminés par de nombreux points d’ordre différent.

ntavanellos14111113951. Solidarité [contre les attaques calomnieuses]. Ces derniers jours, il est clair qu’une campagne politico-journalistique a visé des dirigeants de SYRIZA qui, sous diverses formes, ont manifesté leur désaccord avec le troisième mémorandum [Memorandum of understanding signé le 13 juillet 2015]. Il s’agit de Panagiotis Lafazanis [ex-ministre de la Reconstruction productive et de l’Energie], Nadia Valavani [vice-ministre des Finances ayant démissionné], Zoé Kostantopoulou [présidente du parlement] et Yanis Varoufakis [ministre des Finances démissionnaire]. Il est remarquable que SYRIZA en tant que parti, officiellement, a maintenu le silence face à des attaques immorales. Nous demandons que le parti exerce son pouvoir et son influence, afin de mettre fin à ces procédés. Des membres de la direction de SYRIZA devraient avoir à l’esprit le modèle de 1981 concernant le PASOK [ Andreas Papandréou, en 1981, a gagné les élections face au dirigeant de la Nouvelle Démocratie, Georgios Rallis; à cette date, il était dit que la Grèce disposait de «son premier gouvernement socialiste»]. Ils devraient apprendre comment, à l’époque, des procédés  similaires (complicités entre les secteurs du parti, les médias et des services de l’Etat) ont fonctionné contre des dirigeants du PASOK qui étaient identifiés à des traditions ou des pratiques plus radicales. Nous ne devons pas permettre qu’un tel processus se reproduise à l’intérieur de SYRIZA [référence est faite ici que des éléments des campagnes de dénigrement proviendraient de membres du cercle gouvernemental resserré de SYRIZA].

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Août 6

L’affrontement inévitable, par Pierre KHALFA.

Publié le jeudi, 6 août 2015 dans Point de vue

La signature le 13 juillet d’un accord mettant la Grèce sous tutelle et imposant des mesures d’austérité inouïes constitue une débâcle politique pour un gouvernement qui avait été élu pour restaurer la souveraineté populaire et en finir avec les politiques néolibérales. Quelles leçons peut en tirer pour l’avenir la gauche de transformation sociale et écologique ? Quatre points sont à souligner. 

1. Le premier concerne le champ stratégique européen. La Grèce a eu à affronter la coalition de tous les États européens et des institutions européennes. En face, les mouvements de soutien au peuple grec sont restés limités et n’ont pas permis de peser sur le cours des choses. Cette situation renvoie à un échec historique, celui de la construction d’un mouvement social européen capable d’agir comme force unifiée face aux institutions européennes.
La disparition du Forum social européen, la faiblesse du processus qui l’a remplacé (l’Altersummit), la carence totale de ce géant aux pieds d’argile qu’est de la Confédération européenne des syndicats ont empêché l’émergence d’un contre-pouvoir à l’échelle européenne alors même que les politiques se décident essentiellement à ce niveau. Face à cet échec, la tentation est grande d’abandonner le terrain européen. L’exemple de la Grèce vient de nous rappeler qu’une rupture au niveau national peut être étouffée en l’absence d’appui dans d’autres pays. La construction d’un mouvement social européen capable de faire contrepoids aux institutions européennes est décisive pour rééquilibrer les rapports de forces en Europe, même si d’expérience nous savons que cela ne sera pas facile. 
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Août 5

GRECE : Stopper l’avancée du mémorandum qui conduira à la destruction et à l’esclavage ! Míkis THEODORAKIS

Publié le mercredi, 5 août 2015 dans Gauche de combat

mikis_theodorakisMíkis Theodorákis vient de publier un nouveau manifeste aussitôt approuvé par de nombreuses autres personnalités en Grèce. Les mots sont bien pesés. Par son appel, il demande à « faire respecter toute la volonté du peuple grec, comme il s’est exprimé lors du référendum du Dimanche 5 Juillet 2015 et, ainsi, stopper l’avancée du mémorandum qui conduira à la destruction et à l’esclavage « .

Parmi les premiers signataires du texte, et à part Geórgios Kasimatis, professeur de droit constitutionnel à l’université d’Athènes, se sont joint à l’appel, Yórgos Vichas (cardiologue, membre du conseil de l’ordre des médecins d’Athènes, initiateur du centre médical solidaire d’Ellinikón et candidat non élu de Syriza aux élections législatives du 25 janvier 2015), Státhis Kouvelákis (professeur au King’s College de Londres et membre du comité central de Syriza), Dimítris Belandís (avocat et membre du comité central de Syriza), Katerina Thanopoúlou ( membre du comité central de Syriza et vice-présidente de la région Attique), Státhis (caricaturiste), Thémos Stoforopoulos (ambassadeur) et Mihális Stylianou (journaliste, directeur de la radio diffusion française en langue grecque pendant la dictature des colonels).

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Août 1

Syriza (Grèce) : « Nous faisons face à une lourde défaite ; à l’effondrement d’une stratégie particulière », par Antonis Ntavanellos

Publié le samedi, 1 août 2015 dans A Gauche. . . toute !

Intervention au meeting public, le 27 juillet à Athènes, de la Plateforme de Gauche de Syriza [1].


Camarades,

ntavanellos1411111395Merci à Iskra pour l’invitation et je voudrais lui souhaiter, avec l’ensemble des forces de la plate-forme de gauche, avec les plus larges composantes de la gauche radicale au sein de SYRIZA, mais aussi avec celles se situant en dehors de ses rangs, de trouver l’énergie et la fermeté pour faire face à un défi qui a des dimensions historiques.
Nous sommes confrontés à un accord où chaque militant du mouvement ouvrier, chaque combattant des mouvements plus large de résistance sociale, chaque militant de la gauche politique, ne pourrait que le caractériser comme un nouveau mémorandum [le troisième « MoU – Memorandum of Understanding » qui implique donc prétendu accord entre la Commission européenne, agissant au nom des Etats membres de l’Eurozone et la République hellénique].

Et même un mémorandum plus dur :

• équipé d’un turbo TAIPED [TAIPED : Hellenic Republic Asset Development Fund ; le fonds chargé « de valoriser et de vendre » les biens publics dans le cadre du programme [2] privatisations] ;

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Août 1

Le report meurtrier de la restructuration de la dette grecque. Yanis Varoufakis

Publié le samedi, 1 août 2015 dans Notre Economie et la leur

grece_0La raison d’une restructuration de la dette est de réduire le volume des nouveaux emprunts nécessaires au sauvetage de l’entité insolvable. Les créanciers proposent une restructuration afin de récupérer une partie de leurs engagements et d’accorder le moins possible de nouveaux prêts à l’entité insolvable.
Contre toute attente, les créanciers de la Grèce semblent dans l’incapacité d’apprécier à sa juste valeur ce principe raisonnable de la finance. Lorsque c’est de la dette grecque qu’il s’agit, un schéma très clair est apparu au cours des 5 dernières années. Et ce schéma reste inamovible à ce jour.
En 2010, l’Europe et le Fond Monétaire International ont consenti de nouveaux prêts équivalents à 44% du PIB à une Grèce déjà insolvable. A l’époque, la simple évocation d’une restructuration de la dette était inadmissible et une raison suffisante pour ridiculiser ceux d’entre nous qui suggéraient qu’elle serait inévitable in fine.
En 2012, alors que le ratio dette/PIB atteignait des sommets, les créanciers privés ont subi une décote significative de 34%. Dans le même temps cependant, de nouveaux prêts pour un montant équivalent à 63% du PIB s’ajoutaient à la dette nationale grecque.

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