Le président turc Recep Tayyip Erdogan profite de son implication officielle dans la lutte contre Daesh pour en réalité s’attaquer plus durement que jamais aux combattants kurdes. Une provocation monstrueuse.
La Turquie connaît ces dernières semaines une évolution extrêmement préoccupante qui nécessite une réaction internationale à la hauteur de la situation. Le président de la république Erdogan et le gouvernement de l’AKP, dont il est issu, cherchent à maintenir leur mainmise sur la société en suscitant une guerre civile larvée avec les combattants kurdes du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan).
Pour cela, le régime d’Erdogan se livre à une monstrueuse provocation politique. A l’international, il profite de son implication officielle dans la lutte contre Daesh pour en réalité s’attaquer plus durement que jamais aux combattants kurdes. En Turquie, il a entamé un coup d’Etat «civil» et réprime la gauche et les militants progressistes en piétinant les libertés publiques les plus élémentaires.
Dès l’attentat de Suruç qui a causé la mort de 32 militants progressistes en route pour la reconstruction de Kobané, ville symbole de la résistance kurde face à Daesh, la police turque a mené des opérations visant essentiellement les organisations kurdes et de gauche tuant une militante de gauche radicale à son domicile. Depuis l’attentat, l’armée de l’air turque bombarde systématiquement les Kurdes en Syrie et en Irak, aussi bien civils que combattants.
Le processus de coup d’État «civil» a pris une nouvelle dimension avec les procédures judiciaires entamées contre le HDP (Parti Démocratique des Peuples, parti du mouvement kurde, de forces de gauche radicale, de démocrates). Ce parti représente la jonction du mouvement kurde et d’une nouvelle conscience démocratique au sein de la population turque, en particulier dans la jeunesse, née lors du mouvement «de Gezi». Avec son score historique de 13% des voix et les 80 députés obtenus lors des élections législatives de juin 2015 avait empêché l’AKP d’obtenir la majorité absolue au parlement.
Aujourd’hui, le régime d’Erdogan s’attaque au HDP malgré la volonté toujours répétée de la direction de ce parti de s’en tenir à la sphère de la politique civile, de ne pas rentrer dans une logique de guerre et de chercher une solution politique à la question kurde. Erdogan a fait le choix de fermer la porte à tout processus politique au profit de la répression, de la solution armée. Il déclarait le 27 juin dernier au sujet de la constitution de cantons autonomes dans le Kurdistan syrien à la frontière de la Turquie «Nous ne laisserons jamais se constituer un Etat au nord de la Syrie, à notre frontière sud. Nous voulons que cela se sache. Nous continuerons notre combat en ce sens quel qu’en soit le prix.»
Signataires :
Françoise Alamartine (responsable de la Commission Transnationale Europe Ecologie-Les Verts)
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