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mercredi, 5 août 2015 dans
Gauche de combat
Míkis Theodorákis vient de publier un nouveau manifeste aussitôt approuvé par de nombreuses autres personnalités en Grèce. Les mots sont bien pesés. Par son appel, il demande à « faire respecter toute la volonté du peuple grec, comme il s’est exprimé lors du référendum du Dimanche 5 Juillet 2015 et, ainsi, stopper l’avancée du mémorandum qui conduira à la destruction et à l’esclavage « .
Parmi les premiers signataires du texte, et à part Geórgios Kasimatis, professeur de droit constitutionnel à l’université d’Athènes, se sont joint à l’appel, Yórgos Vichas (cardiologue, membre du conseil de l’ordre des médecins d’Athènes, initiateur du centre médical solidaire d’Ellinikón et candidat non élu de Syriza aux élections législatives du 25 janvier 2015), Státhis Kouvelákis (professeur au King’s College de Londres et membre du comité central de Syriza), Dimítris Belandís (avocat et membre du comité central de Syriza), Katerina Thanopoúlou ( membre du comité central de Syriza et vice-présidente de la région Attique), Státhis (caricaturiste), Thémos Stoforopoulos (ambassadeur) et Mihális Stylianou (journaliste, directeur de la radio diffusion française en langue grecque pendant la dictature des colonels).
L’appel fait valoir que « le programme des memoranda, mis en place depuis 2010, viole ouvertement la constitution, tout comme il viole le droit européen et international. Il a également déjà causé le plus grand désastre économique et social en Europe occidentale depuis 1945. La Grèce est ainsi utilisée comme un rat de laboratoire pour tester en avant-première les méthodes de destruction de l’état social et de la démocratie en Europe. Pour maintenir alors les conditions morales et matérielles les plus élémentaires, nécessaires à la survie du peuple grec, ce programme doit être interrompu, de préférence en accord avec les autres pays de l’Union Européenne ou, si cela est impossible, de façon unilatérale. Il n’y a pas d’autre moyen pour sauver la Grèce et le peuple grec. Ce nouvel accord, qui a été signé sous l’effet de l’humiliation et en usant de moyens illégaux, se traduira par l’accaparement des biens publics et privés des grecs, y compris leurs résidences principales, leurs terres agricoles ainsi que les banques du pays ».
Míkis Theodorakis et les autres signataires du texte critiquent le gouvernement « pour avoir agi après le référendum comme si les grecs avaient voté oui car, au lieu d’organiser la défense du pays, le gouvernement a, au contraire, propagé au sein de la population le découragement, la peur et la panique. D’ailleurs, les deux partis qui gouvernent, après avoir incarné la lutte contre le mémorandum pendant trois ans, et cela jusqu’à la dernière minute, n’ont pas été préparés, et n’ont pas préparé le peuple grec et le pays non plus, devant la possibilité très probable de la rupture vis-à-vis de la troïka ».
Les signataires exhortent « le peuple grec, dans l’un des moments les plus dramatiques de son histoire, il ne faut pas perdre son courage car il faut se souvenir de ce que les ancêtres des grecs d’aujourd’hui avaient enduré, et ils ont survécu après avoir résisté et finalement vaincu, durant l’occupation allemande de 1941 à 1944 et suite à la terrible famine de 1941 et de 1942. La fierté et le patriotisme des grecs finiront par prévaloir face à la peur, ainsi la Grèce, la démocratie et l’Europe démocratique remporteront autant cette bataille. Les grecs doivent donc s’organiser pour lutter directement en aidant les plus faibles devant le spectre de la faim, devant la maladie et face à la misère, pour ainsi soutenir ces personnes dans leur dignité puis, afin de ne pas permettre la dislocation finale de l’état et de la société, comme le prévoit ce troisième mémorandum, en préservant si possible les fonctions les plus fondamentales, et donc résister face aux nouvelles mesures imposées. Les grecs doivent tirer toutes les conclusions qui s’imposent après tant d’expériences douloureuses, mais finalement nécessaires, et alors former un front de résistance enfin sérieux pour ne plus faire confiance par aveuglement aux sauveurs improvisés, aux aventuriers ou aux opportunistes. Devant le nouveau totalitarisme des financiers, plus dangereux que les totalitarismes des années 1930 et 1940, nous n’avons guère de choix, nous devons nous unir pour combattre et nous devons le faire maintenant. Demain peut-être il sera trop tard pour toute l’Europe et pour toute l’humanité ».
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