Derrière le brevet, la biopiraterie
Paru dans n°86 de Confluences 81
Qui achète une pomme Pink Lady sur un marché ou dans une grande surface, apporte son obole à la Dole Food Company, société américaine tentaculaire de l’alimentation avec filiales dans le monde entier, qui a « inventé » ce fruit il y a quelques années avant de le faire breveter pour le monde entier. Tout arboriculteur cultivant le pommier portant la Pink Lady doit donc reverser à la société américaine des droits d’usage logiquement répercutés sur le client. Évidemment l’invention de cette pomme ne finalise pas une recherche sur le goût mais sur sa résistance au transport, sa faculté de mûrir après sa récolte et à des critères de couleurs censés attirer le regard de l’acheteur selon des normes définies par des agences de communication. Le cas n’est pas unique, qu’il s’agisse de pommes, de tomates, de concombres, de pommes de terre ou de melons : le brevetage du vivant alimentaire progresse. Le processus est d’une grande simplicité : on invente une nouvelle variété d’un fruit ou un légume en modifiant une variété existante, on la fait breveter et ensuite il ne reste plus, comme le marché international repose entre les mains de quelques sociétés, qu’à orienter progressivement la production et la commercialisation vers ces variétés-là, en organisant le dépérissement des autres. Il suffit de bien organiser la communication. Pour les pommes, il n’en reste au mieux qu’une douzaine sur les étals alors qu’un courageux arboriculteur de Touraine en offre 38 variétés sur les marchés, notamment le marché parisien du 12° arrondissement de Paris. (suite…)
Retraites et économie sociale et solidaire
Paru dans le Numéro 86 de Confluences 81
Avec la remise en cause du droit au départ à 60 ans et la baisse des revenus des fonctionnaires, il est, pour le moins, souhaitable que la nouvelle contre-réforme Sarkozy-Fillon rencontre un mouvement social de grande ampleur à la rentrée aboutissant à son retrait pur et simple. Cette nouvelle contre-réforme s’inscrit dans le droit fil des précédentes (Balladur en 1993 et Raffarin-Fillon en 2003) qui ont abouti à une baisse généralisée des retraites versées. Dans le contexte de chômage de masse qui existe actuellement, le report de l’âge de départ à la retraite obligera de nombreux chômeurs à se contenter des minima sociaux avant de pouvoir liquider leur retraites. Ce recul de l’âge de départ s’accompagne d’un report du droit à une retraite à taux plein à 67 ans, ce qui, comme les précédentes, aura pour effet de baisser les futures pensions servies. (suite…)
De retour du Plateau des Glières, Hte Savoie
Paru dans le numéro 85 de Confluences.
Sans slogans ni banderoles, plus de 3000 manifestants venus, dimanche 17 mai 2010, de Savoie, mais aussi de Charente, d’Anjou,,de l’Héraut, du Tarn et d’ailleurs,,sont là, sous un froid et un vent glacial, debout, pour écouter des résistants d’hier et d’aujourd’hui.
– OUI, hier, pendant les années de guerre, et même aujourd’hui, des résistants ont su et savent dire « non » : NON, à l’invasion du pays, et, par leurs résistances, au risque de leur vie ils ont su mobiliser les forces pour libérer le pays. Etaient présents ou représentés par un message ; Raymond Aubrac et Stephane Hessel, mais aussi, Léon Landini, Odette Nilès, (amie de Guy Moquet), Walter Bassan… Tous ont su RESISTER et RESISTENT toujours : Odette refusant à Monsieur SARKOZY que soit lue dans les écoles la dernière lettre de Guy Moquet, Walter se révoltant de l’utilisation électoraliste par Sarkozy cherchant à récupérer l’aura des Glières. (suite…)
Manque d’appétit
Paru dans le numéro 85 de Confluences.
Je viens de manquer deux séances successives du conseil municipal de Castres. Sans doute parce que depuis des années que je suis ces débats, mon appétit a décru au fil des séances, tant elles se ressemblent, même avec des ordres du jour différents !
La « droite Castraise » est prévisible dans ses positions et ses réactions (fausse indignation, autoritarisme, coups bas, etc…). Quand elle pourrait se trouver gênée, « le chef » ne manque jamais de rappeler que « son équipe » a été élue sur un programme : c’est donc celui-ci qui va être appliqué ! Point barre ! Philippe Folliot, quant à lui, se contente de contester à la marge (le C.O. par exemple) pour alimenter une rivalité électoraliste avec Pascal Bugis, mais sur le fond qu’est-ce qui les sépare ? Sans doute pas leur position sur l’armée Française en Afghanistan ! (suite…)
Des cerveaux bien dans le moule
Paru dans le numéro 84 de Confluences.
C’est un détail mais un détail révélateur de l’irresponsabilité qui gagne la société. Celle-ci n’est en rien une fatalité, infantilisation rampante et voulue d’un monde où la classe dirigeante, certains diront éclairée, n’éclaire plus rien, n’a plus d’idées, plus de « grandes causes », plus de moralité, plus de respect, plus d’honneur, et est donc petite et pleine de bassesses, nous entraîne avec elle dans les bas fonds de l’inculture sombre et de l’irrespect irresponsable…
Ce détail dont je parlais tout à l’heure, et qui a entraîné cette digression, indépendante de ma volonté… (sic) est un événement qui s’est produit ce matin. Je me suis levé un peu plus tôt pour passer à la poste chercher un carnet de chèques, aucun intérêt… La poste était fermée, il était 8h20, « Un événement indépendant de notre volonté … blablabla … Ouverture à 8h30… « . 8h30, 8h35, 8h40, 8h55… rien, aucune information nouvelle, mis à part le personnel qui semblait s’activer à l’intérieur et la file d’attente qui s’allongeait. Quelqu’un est allé sonner : pas de réponse… puis un autre personne a frappé sur la porte automatique… « La poste n’ouvrira pas avant 9h30… ». Évidemment j’aurais su ça avant, je serais parti au boulot… à 8h20. (suite…)
Détenus handicapés
Paru dans le numéro 84 de Confluences.
Quelles conditions de détention pour les personnes handicapé-e-s en prison ?
L’accueil des détenu-e-s handicapé-e-s dans « nos » prisons laisse apparaître une situation totalement archaïque. Sur les 63 000 prisonnier-e-s détenu-e-s dans les prisons française, 5000 sont considéré-e-s comme porteurs de handicaps dont entre 200 et 300 avec mobilité réduite (fauteuil roulant, cannes, béquilles…). Seulement 140 places sont aménagées pour les détenu-e-s handicapé-e-s dans les 194 prisons que compte notre pays.
Même constat pour les lieux de « justice » comme les tribunaux qui sont souvent situés dans de vieux bâtiments et ne sont pas aux normes. (suite…)
Amour, paix, justice et liberté
Paru dans le numéro 84 de Confluences.
Au fait, entre les deux tours Jean Ferrat est mort, ou plutôt continue à vivre partout dans nos cœurs..
Je pense à ces marchands de soupe qu’il dénonçait, il m’arrive de penser que des marchands de soupe, il n’y en a pas que dans le show bisness, mais il y en a aussi en politique. Pour moi, l’argent, le pouvoir, le pouvoir de l’argent et l’argent du pouvoir détruisent beaucoup de choses. Malgré ça Ferrat a toujours cru qu’un autre monde était possible. Dans ces chansons, il parlait d’amour, de paix, de justice, de liberté. En plus il était féministe, ce qui pour les Alternatifs ne gâche rien. Quel que soit le résultat des élections, je souhaite que nous lui rendions hommage en continuant à militer à ses côtés pour un monde écologique et équitable. N’oublions pas, il est aussi important de savoir faire la soupe en la faisant cuire pendant des heures et des heures sur un feu de cheminée que d’aller dans la lune.
Marie-Françoise BESOMBES
Lettre à M. Besson
Paru dans le numéro 83 de Confluences.
DÉBAT SUR L’IDENTITÉ NATIONALE : pourquoi ?
Citoyen du monde, je me qualifie volontiers d’apatride volontaire. Partisan de l’abolition des frontières et partisan de ne plus considérer les êtres humains en fonction de leurs documents administratifs.
Je comprends mes proches, certain-e-s de mes ami-e-s qui refusent de participer à ce débat de peur de le cautionner…
Vous venez pour que nous débattions sur l’identité nationale. Mais qu’est-ce qu’une identité nationale ? C’est un concept, une idée… et ce concept est très fluctuant et évolutif ! Ce concept n’a aucune valeur ! Si ce n’est celle que vous lui donnez.
Mon identité est celle que je me donne, je choisis mon identité car JE SUIS. (suite…)
Relocaliser l’économie ?
Paru dans le numéro 83 de Confluences.
Alain Souchon chantait : on nous fait croire, que le bonheur c’est d’avoir, d’en avoir plein nos armoires…
Le capitalisme a besoin de la croissance et il entretient la consommation par une publicité constante. Depuis peu, Casino et Auchan ont décidé, sans me rémunérer, de me transformer en vecteur de publicité par cette affiche accrochée au bout du caddie que je dois utiliser pour faire mes courses! «par ma chandelle verte, merdre, Madame !» comme dirait le Père Ubu! (suite…)
La lutte du lait, c’est pas fini !
Paru dans le numéro 82 de Confluences.
Comme il fallait s’y attendre, au lieu de proposer de véritables solutions de fond à la crise et devant le soutien populaire à la grève du lait, les décideurs européens et nationaux n’ont proposé que des mesures financières destinées uniquement à calmer momentanément les éleveurs : prêts à court terme, reports voire année blanche de cotisations, d’impôt foncier, d’intérêts des prêts… qui ne font que reporter les problèmes de trésorerie, voire d’achever de couler les plus faibles. La lutte doit continuer avec des formes qui permettent de durer car, en face, ils ne cèderont pas facilement.
Enfermés dans leur foi ultra libérale, ils refusent d’envisager les mesures structurelles indispensables pour la survie de l’élevage laitier en France, portées par la Confédération Paysanne et Via Campesina Europe :
- des prix rémunérateurs de leur travail : les laitiers ne veulent, pas plus que les autres paysans, dépendre des subventions.
- maîtrise de la production : quelle qu’en soit la forme, dans un marché libre, c’est le seul moyen d’éviter que 5 % de surproduction n’entraîne une chute des cours de 15 à 18 %. Seule la rigidité idéologique de dérégulation libérale de la Commission et de nombreux dirigeants s’y oppose contre toute logique.
- relocalisation de la collecte et de la distribution. Les « coopératives » sont devenues des monstres multinationaux dont la gestion et les choix stratégiques échappent complètement aux coopérateurs. Le lait et ses dérivés parcourent des milliers de km. La poudre de lait, variable d’ajustement des à-coups de production, est devenue un instrument de dumping commercial d’une part, et qui ruine les paysans d’Afrique, d’autre part ; d’où la nécessité de réinventer des coopératives ou des laiteries privées à taille humaine. A cet égard, la laiterie FABRE, à VIANE est un bon exemple de ce qui est possible (V PeC n° XX). Sans parler des circuits courts : vente directe, petite transformation, mais aussi livraison aux GMS : le public commence à se détourner de ce modèle de distribution ; gageons qu’elles seront bientôt ravies de vendre des produits de proximité (le mouvement s’amorce !).
- refus de la contractualisation : comme dans l’industrie et les services les idéologues ultra libéraux voudraient remplacer toute forme de contrats collectifs par des contrats individuels entre la poule et le renard ! Il semble que cette trouvaille, qui avait au départ l’aval de la FNSEA, ait fait long feu : tout le monde a vu le piège. Gageons qu’elle reviendra sous un autre déguisement…
- solidarité avec les paysans des PVD : de plus en plus de producteurs prennent conscience du fait que la « vocation exportatrice de la Ferme France » détruit la paysannerie des pays les plus pauvres et qu’on ne peut refuser aux autres la souveraineté et l’autonomie alimentaire qui a été la raison d’être de la PAC lors de sa mise en place.
La grève du lait a été un événement fondateur extraordinairement efficace pour alerter l’opinion publique et les consommateurs. Elle ne peut en aucun cas être reproduite dans les mêmes conditions, sauf à achever de ruiner les grévistes. Elle pourrait par exemple prendre une forme de grève tournante, en faisant largement appel à la solidarité financière des consommateurs, en multipliant les distributions de lait, par exemple 0,60 € le litre, soit 0,40 de lait (prix revendiqué) + 0,20 de contenant.
D’autres formes d’actions, plus traditionnelles, sont déjà en cours : occupation et blocages de sites, d’administrations…
La lutte continue !
Alain HEBRARD