Des cerveaux bien dans le moule
Paru dans le numéro 84 de Confluences.
C’est un détail mais un détail révélateur de l’irresponsabilité qui gagne la société. Celle-ci n’est en rien une fatalité, infantilisation rampante et voulue d’un monde où la classe dirigeante, certains diront éclairée, n’éclaire plus rien, n’a plus d’idées, plus de « grandes causes », plus de moralité, plus de respect, plus d’honneur, et est donc petite et pleine de bassesses, nous entraîne avec elle dans les bas fonds de l’inculture sombre et de l’irrespect irresponsable…
Ce détail dont je parlais tout à l’heure, et qui a entraîné cette digression, indépendante de ma volonté… (sic) est un événement qui s’est produit ce matin. Je me suis levé un peu plus tôt pour passer à la poste chercher un carnet de chèques, aucun intérêt… La poste était fermée, il était 8h20, « Un événement indépendant de notre volonté … blablabla … Ouverture à 8h30… « . 8h30, 8h35, 8h40, 8h55… rien, aucune information nouvelle, mis à part le personnel qui semblait s’activer à l’intérieur et la file d’attente qui s’allongeait. Quelqu’un est allé sonner : pas de réponse… puis un autre personne a frappé sur la porte automatique… « La poste n’ouvrira pas avant 9h30… ». Évidemment j’aurais su ça avant, je serais parti au boulot… à 8h20.
Qu’avons-nous ici ? Un refus d’informer… Un refus de prendre ses responsabilités, et un énervement des usagers bien compréhensible…
Je ne jette la pierre à personne, autant j’ai du mal à supporter les gens qui s’énervent pour rien, autant j’ai aussi du mal à supporter qu’on laisse les gens dans l’ignorance… L’ignorance c’est le pouvoir de ceux qui détiennent le savoir… Ce pouvoir-là, la classe dirigeante entend bien le garder. Un tas de systèmes sont d’ailleurs en place pour que le peuple ne touche surtout pas à cette boîte de pandore…
Deux exemples : le démantèlement du service public d’enseignement qui vise, entre autres, à fabriquer non pas des cerveaux critiques, mais des cerveaux bien dans le moule. D’ailleurs je pense que c’est une des causes de la violence qui s’exprime dans les murs des écoles. Le moule étant de plus en plus sélectif, les « rejetés de la société » se rebiffent et cherchent une place dans un monde qui ne la leur donne pas.
Et puis la télé… Alors la télé, ça pourrait être drôle si ce n’était pas aussi pathétique… Les émissions de télé réalité font souvent de bonnes audiences, ce qui est et restera un mystère pour moi… Peut-être faudrait-il que la violence s’exprime contre ce genre de choses, sur le thème « ne les laissons pas vider nos cerveaux », car du «temps de cerveau disponible» est du temps de cerveau vide.
Rémi FRITZEN
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