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Relocaliser l’économie ?

Publié le lundi, 1 mars 2010 dans Articles, Confluences 81

Paru dans le numéro 83 de Confluences.

Alain Souchon chantait : on nous fait croire, que le bonheur c’est d’avoir, d’en avoir plein nos armoires…

Le capitalisme a besoin de la croissance et il entretient la consommation par une publicité constante. Depuis peu, Casino et Auchan ont décidé, sans me rémunérer, de me transformer en vecteur de publicité par cette affiche accrochée au bout du caddie que je dois utiliser pour faire mes courses! «par ma chandelle verte, merdre, Madame !» comme dirait le Père Ubu!

Résistons!

Oui, il faut organiser la résistance à cette logique, construire une économie alternative, refuser cette consommation de débiles, sortir du super marché. Voici quelques réflexions pour arriver à relocaliser l’économie, ou au moins ce qui peut être re-localisé dans le territoire où l’on vit.

Se recentrer sur les besoins fondamentaux

Se nourrir, se vêtir, se loger, se chauffer, etc.. et reconsidérer la production et la consommation de nourriture, de vêtements, l’habitat, l’énergie, avec le souci constant de la simplicité, de la parcimonie, de l’empreinte écologique la plus faible possible. Pourquoi Monsieur Casino et Monsieur Auchan nous vendent-ils de l’ail de Chine à nous qui sommes à 15 km de Lautrec?

Les monnaies locales

Elles sont expérimentées depuis longtemps dans de nombreux pays, et constituent des outils efficaces pour favoriser le développement local. Bernard LIETAER, professeur d’université, ancien haut fonctionnaire de la banque centrale de Belgique, est spécialiste des questions monétaires internationales et défend vaillamment les monnaies locales. Lisez les minutes du colloque où il était invité en Mai 2009 à l’école centrale de Paris : http://www.lietaer.com/images/Ecole_des_Mines_Paris_30509_Rapport.pdf

Une monnaie locale comme le WIR en Suisse permet des échanges entre 60 000 PME helvétiques depuis 1934, pour un montant global de 2 Milliards de Dollars par an. Qui en a entendu parler?

Au Japon, une monnaie complémentaire du système « Fureai Kippu » permet de financer l’aide à domicile des personnes âgées. Une personne qui rend service à un voisin âgé est créditée du temps passé sur un compte épargne électronique. Et ce crédit est utilisable et transférable pour toutes les aides et les soins à elle même ou à ses proches. Il y aurait 487 systèmes de ce type au Japon, qui viennent en aide à des centaines de milliers de personnes.

En Allemagne, la monnaie locale Chiemgauer permet des échanges marchands et de services entre les entreprises et les habitants de la région. Un petit industriel bavarois vend ses fromages à des boutiques bio. Il est payé en Chiemgauers dont il se sert pour acheter son lait et payer ses ouvriers. Le processus est très bien décrit dans le film « La double face de la monnaie » de Vincent Gaillard et Jérôme Polidor.

En France, le ticket restaurant n’est pas autre chose qu’une monnaie complémentaire et le philosophe Patrick Viveret est à l’origine de la monnaie complémentaire SOL (voir les articles correspondants sur Wikipédia).

La monnaie locale c’est un retour de sens. La monnaie a été inventée par les hommes pour faciliter les échanges, mais elle est maintenant monopolisée par les grandes banques qui l’émettent à partir de dettes et en font la source de leur profits.

Relocaliser les productions

Pour la nourriture, le développement des circuits courts, des Amap, des groupements d’achats, des jardins collectifs de l’économie solidaire, permettent de faire vivre une agriculture vivrière de proximité.

Pour les matériaux de construction, il faut favoriser l’émergence de filières de production de matériaux locaux, écologiques et économiques. Ainsi, la terre, pour la fabrication de briques de terre crue, la paille, le bois, la laine de mouton pour isoler sont d’excellents produits et ne manquent pas dans notre région. Dans le domaine de l’énergie, combien de maisons et d’immeubles s’érigent-ils encore chez nous sans qu’on aperçoive le moindre panneau solaire sur le toit ?

Il y a urgence à changer nos habitudes et nos mentalités, à constituer des réseaux culturels d’échange et d’éducation populaire, à se renseigner sur les entreprises coopératives SCOP et SCIC ; à prendre nos affaires en mains !

Didier LOUFRANI

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