Retraites et économie sociale et solidaire
Paru dans le Numéro 86 de Confluences 81
Avec la remise en cause du droit au départ à 60 ans et la baisse des revenus des fonctionnaires, il est, pour le moins, souhaitable que la nouvelle contre-réforme Sarkozy-Fillon rencontre un mouvement social de grande ampleur à la rentrée aboutissant à son retrait pur et simple. Cette nouvelle contre-réforme s’inscrit dans le droit fil des précédentes (Balladur en 1993 et Raffarin-Fillon en 2003) qui ont abouti à une baisse généralisée des retraites versées. Dans le contexte de chômage de masse qui existe actuellement, le report de l’âge de départ à la retraite obligera de nombreux chômeurs à se contenter des minima sociaux avant de pouvoir liquider leur retraites. Ce recul de l’âge de départ s’accompagne d’un report du droit à une retraite à taux plein à 67 ans, ce qui, comme les précédentes, aura pour effet de baisser les futures pensions servies.
Si nous voulons maintenir un niveau décent pour les retraites, il est évident qu’il faut augmenter les ressources de ce système et notamment les cotisations patronales. Paradoxalement, cette piste n’a jamais été considérée depuis vingt ans, le discours dominant expliquant qu’une augmentation de la masse salariale porterait atteinte à la compétitivité de nos entreprises. De même, une taxation des revenus financiers aboutirait à faire fuir les capitaux. Ce refus d’augmenter les ressources nous amène tout droit vers une société ignoble dans laquelle la majeure partie de nos retraités devront se contenter de minima sociaux.
S’il est impossible de dégager de nouveaux moyens de financement pour les retraites, cela nous montre à quel point le système capitaliste marchand est arrivé à bout de souffle. Non seulement, ce système se doit de produire n’importe quoi pour maintenir une activité économique au détriment de l’écologie mais de plus, chaque individu devient une marchandise dont la valorisation est donnée par les détenteurs de capitaux : malheur à ceux qui ne sortent pas du lot ou qui n’auront pas su mettre quelque argent de côté durant leur vie active. Ce constat nous montre l’urgence de changer pour un système économique où la population est capable de décider ce qu’il est nécessaire de produire pour assurer à tous un revenu décent et de répartir le travail en fonction des capacités de chacun-e. Facile à dire ?
Les rémunérations les plus insensées côtoient des minima sociaux qui, dans un monde où tout est marchandisé et payant, permettent difficilement de survivre. La dernière crise financière nous a montré l’urgence d’encadrer les rémunérations avec un minimum et un maximum. Qu’attend-on pour le faire ? Ce faisant, ce seront les valorisations marchandes du travail et surtout du capital qui seront alors mise en brèche.
Plus que jamais, nous devons reprendre en main notre destin en déterminant nous mêmes ce que nous souhaitons produire et consommer. Ceci peut prendre la forme de nouvelles coopératives dans lesquelles les consommateurs décideront ce dont ils ont besoin et créeront les emplois correspondants de travailleurs qui seront désormais maîtres des conditions de production. Nul doute que la relocalisation de nos économies passe par une transparence économique dans lesquelles les coûts de production et les prix seront déterminés par la concertation et non une concurrence effrénée.
S’il est courant de dire que la défense des systèmes de retraites par répartition pose une question de société, on voit que le maintien d’un haut niveau de retraites remet en cause les fondements de l’économie marchande et pose la question d’un changement salutaire d’économie. De ce point de vue, ce mouvement va dans le sens de tous ceux et celles qui, quotidiennement, s’investissent dans l’économie sociale et solidaire.
Benoît BORRITS
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