Lettre ouverte à Yanis Varoufakis : le plan B, c’est la démocratie, par Thomas Coutrot (ATTAC)
Vous avez tenté avec ténacité de respecter le mandat des électeurs grecs : interrompre les politiques d’austérité tout en restant dans la zone euro. Mais fin juin, renforcés par l’isolement de la Grèce et la faiblesse des mouvements de solidarité en Europe, les morts-vivants de l’Eurogroupe puis le Conseil vous ont adressé un ultimatum : vous soumettre ou sortir de l’euro.
Grèce : une analyse des événements récents et des leçons pour la gauche européenne, par Stathis Kouvelakis
Le dernier accord convenu entre le gouvernement de Syriza et les créanciers a choqué une grande partie de la gauche qui a suivi les événements en Grèce. Cet événement semble marquer la fin d’un cycle politique.
Dans cette interview donnée pour le site Jacobin, Stathis Kouvelakis, un des membres dirigeants de la Plate-forme de Gauche de Syriza, couvre les derniers événements, les théories qui se sont confirmées ou pas et les prochaines étapes qui attendent l’aile gauche de Syriza.
Kouvelakis saisit ici l’occasion pour réfléchir de manière plus large sur le bilan de la stratégie de la Plate-forme de Gauche, sur ce qui aurait pu être fait différemment, et sur les perspectives pour une recomposition de la gauche.
Sebastian Budgen – Quelles ont été les raisons du référendum de juillet ? Beaucoup l’ont perçu comme sorti de nulle part ; un joker qu’aurait joué le premier ministre grec Alexis Tsipras. Mais il y a beaucoup d’incertitudes quant à ses motivations — certains ont même spéculé qu’il pensait perdre.
Stathis Kouvelakis – Je pense que le référendum était une tentative de sortir du piège dans lequel était tombé le gouvernement pendant le processus de négociation.
Grèce : « La voie de la sagesse, c’est celle de la sortie de l’euro et du changement social », par Costas Lapavitsas
Ce texte est la transcription traduite de l’intervention de Costas Lapavitsas au colloque « Democracy Rising », tenu à Athènes le 17 juillet 2015. Les intertitres sont de notre responsabilité.
Costas Lapavitsas est député élu au Parlement grec, membre de la Plateforme de gauche de Syriza, et professeur d’économie à SOAS (School of Oriental and African Studies, Londres).
Une capitulation désastreuse
Le gouvernement Syriza vient de signer un nouvel accord de sauvetage. C’est un très mauvais accord, pour des raisons évidentes que je vais énumérer.
Tout d’abord, cet accord est récessif. Il va plonger l’économie grecque dans la récession. Parce que les seules augmentations d’impôts s’élèvent à 2% du PIB. Elles concernent surtout la TVA, impôt indirect prélevé sur des produits principalement consommés par les travailleurs. Mais elles concernent aussi les entreprises et vont d’abord frapper les petites et moyennes entreprises, qui demeurent la colonne vertébrale de l’économie grecque. L’agriculture est sans doute le secteur le plus durement touché par cette augmentation : l’impôt sur le revenu versé par les agriculteurs va doubler, et ils seront soumis à de nouvelles obligations. Ces mesures sont incontestablement récessives. Elles arrivent à un moment où l’économie grecque chancelle au bord du précipice. Il ne fait aucun doute qu’elles vont la faire basculer dans la récession.
Adresse d’Alternatives et Autogestion au XIIème congrès d’Alternative Libertaire (23-25 mai 2015) . . .
Chèr-e-s Camarades,
Nous vous remercions fraternellement de votre invitation, nous saluons votre congrès et ses délégués-e-s et sommes désolés de ne pouvoir en être.
Beaucoup d’entre vous savent déjà que les Alternatifs, par un vote loin d’être « stalinien », ont décidé de se dissoudre dans « Ensemble » comme le fit la GA .
Nous avions, par prudence, anticipé ce choix et constitué une association à but politique « Alternatives et Autogestion » siglée « A&A ».
C’est pour nous une période de turbulence et de reconstruction. Nous devons recoller les morceaux et relancer un fonctionnement interne démocratique et cohérent.
Vous comprendrez donc qu’il nous est encore difficile, par honnêteté, d’exprimer une ligne politique comme un collectif parfaitement et démocratiquement constitué.
Néanmoins, si nous existons, c’est que:
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Une partie d’entre nous n’analyse pas que « Ensemble » soit LA proposition politique unitaire, fédératrice et transversale du paysage politique.
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C’est que nous observions déjà l’apparition d’un porte parolat par trop personnalisé qui n’est pas dans notre conception
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C’est que nous voulons maintenir une ligne et une culture « transversale » des idées et des luttes et ainsi rester ouverts aux formes de combat politique présentes et à venir.
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C’est que nous restons profondément autogestionnaires.
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C’est que nous analysons que nous avons perdu beaucoup de force dans les combats électoralistes.
D’ores et déjà notre volonté est affichée.
Grèce : de l’absurde au tragique. Stathis Kouvélakis
Quiconque vit actuellement, ou se contente de suivre, les derniers développements en Grèce ne comprend que trop bien le sens d’expressions telles que « moments critiques », « climat de tension », « rupture dramatique », ou encore « situation-limite ». Compte tenu des événements qui se déroulent depuis lundi, un nouveau mot devra être ajouté à la liste : l’« absurde ».
Le terme peut paraître étrange, ou exagéré. Mais comment caractériser autrement le renversement total du sens d’un événement aussi extraordinaire que le référendum du 5 juillet, quelques heures seulement après sa conclusion, par ceux-là même qui l’avaient initié ?
Comment expliquer que les dirigeants de Nouvelle démocratie et de To Potami, respectivement Vangelis Meïmarakis et Stavros Theodorakis – chefs du camp qui a été battu de manière écrasante dimanche dernier –, soient devenus les porte-parole officiels de la ligne qui est actuellement défendue par le gouvernement grec ? Comment est-il possible que le Non fracassant au mémorandum austéritaire puisse être interprété comme le feu vert à un nouveau mémorandum ? Pour le dire simplement : si le gouvernement était disposé à signer un accord encore plus défavorable et contraignant que celui proposé il y a deux semaines par le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, à quoi bon le référendum et le combat pour la victoire du Non ?
Le temps des grandes décisions, par Stathis Kouvelakis (en direct d’Athènes)
Mon silence de ces derniers jours, inhabituel, comme certains l’ont décrit sur Facebook, est simplement dû au fait que, depuis mon arrivée à Athènes, dimanche, pour la campagne du Non, j’ai fort peu dormi et beaucoup travaillé. Aujourd’hui (mercredi 1er juillet), je suis intervenu dans deux rassemblements sur les lieux de travail (la gare centrale d’Athènes et le bâtiment central du métro). Une grande expérience.
Mon emploi du temps de demain comprend des interventions dans divers rassemblements dans la zone industrielle de Moschato et un meeting à Petroupoli, dans la banlieue Ouest d’Athènes.
Les travailleurs ressentent la pression de la situation créée par l’hystérie des médias et la fermeture des banques. Ils sont relativement critiques au sujet des concessions faites par le gouvernement pendant ces épuisantes négociations, mais, en général, ils ont confiance dans la victoire du Non. Ils en attendent un nouveau départ pour le gouvernement de Syriza et la mise en œuvre d’une plus grande part de son programme.
Je voudrais inciter tous ceux qui suivent la situation en Grèce avec ce mélange typique d’anxiété et d’espoir à garder la tête aussi froide que possible. Les media grecs sont dans un état d’hystérie, et les media occidentaux pas si différents. Un de leurs thèmes favoris, au sommet de l’atmosphère apocalyptique qu’ils propagent, est que le référendum n’aura pas lieu, que le gouvernement a , en réalité, accepté le plan Juncker, qu’il va annuler le référendum, etc.
Les Grecs n’ont pas à payer une dette qui n’est pas la leur, par Patrick Saurin (CADTM)
De grandes institutions qui violent les règles élémentaires de droit, bafouent leurs propres statuts, tolèrent des malversations et des fraudes, de grands responsables politiques et financiers pris en flagrant délit d’infraction et de malversation, et pour finir un peuple grec floué, humilié et spolié, telle est la triste réalité que révèle en pleine lumière le Rapport préliminaire de la Commission pour la Vérité sur la Dette grecque |1|.
Contrairement à ce que répète à l’envi la cohorte d’experts et de journalistes invités à demeure des plateaux de télévision, des radios et de la presse écrite, la crise grecque ne trouve pas son origine dans un peuple essentialisé comme fainéant, fraudeur et vivant à bon compte sur le dos de l’Europe et de ses habitants. C’est une toute autre histoire que met en évidence la Commission à l’issue de ses premières investigations.
Aléa (moral) jacta est
En effet, la crise de la dette publique grecque est en réalité une crise générée par quelques grandes banques, en particulier françaises et allemandes, qui après avoir privatisé des profits conséquents, ont socialisé une bonne partie de leurs pertes, non moins conséquentes, par une manipulation digne des praticiens du jeu de bonneteau. Dans cette escroquerie à grande échelle, le rôle du bonneteur ou manipulateur est tenu par les banques, celui des complices ou « barons » par la Troïka (le Fonds monétaire international, la Banque centrale européenne et la Commission européenne), celui des seconds couteaux par les gouvernements des États européens, et enfin celui de la victime par le peuple grec. Le préjudice subi s’élève à 320 milliards d’euros, le montant de la dette grecque
Grèce : Unité populaire pour le Non et pour la rupture !, par Stathis Kouvelakis
Le tournant que nous espérions, dont, c’est vrai, nous avions commencé à douter qu’il fût possible, est survenu. La sinistre parodie des « négociations », la spirale des reculs et des concessions a été stoppée. Le tournant a pris forme autour d’un mot simple, évident, qui a la clarté d’un couperet : non à l’ultimatum de la Troïka, la parole au peuple.
Il devient possible maintenant de sortir du piège mortifère que les dominants européens avaient patiemment construit pour tuer dans l’oeuf l’espoir qui était né le 25 janvier, avec la victoire de Syriza.
« Nous devons aux générations à venir de prendre la rue maintenant ! », appel au peuple grec par Manolis Glezos
Chaque jour, nous constatons la pitrerie venant d’en haut. Des déclarations insidieuses sont divulguées avec la certitude que seule une voix mérite d’être entendue, puisque c’est une grande chance d’être la voix d’un Tout-Puissant (quoique corrompu) Allemand, d’un vénérable (mais heureux de vivre dans un paradis fiscal) Luxembourgeois, d’un respectable (même si mou et oublieux) Français ou un filou des Pays-Bas habile à se mettre à genoux devant le Tout-Puissant. Regardez à quoi ressemblent l’Europe et ces « institutions » !
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