Liberté d’impression
Paru dans le numéro 82 de Confluences.
Décidément, jusqu’où le sarkozysme ira trop loin (et sans aucun espoir de s’auto-réformer…) ? Dernier avatar des chiens de garde du Prince, après le pitbull Lefèbvre, le labrador Fillon, voici le roquet Eric Raoult, qui entretient avec la littérature à peu près les mêmes rapports que les caméras de surveillance avec le cinéma d’auteur. On sait que le drôle ne fait pas dans la dentelle, mais de là à invoquer le devoir de réserve pour les auteurs, fallait oser. Il l’a fait. Comme si toute écriture ne commençait pas justement par prendre ses distances avec le réel et si tout écrivain , homme ou femme, n’était pas avant tout un esprit libre ? (suite…)
Comment on écrit l’histoire (P. Veyne)
Paru dans le numéro 82 de Confluences.
Les politiques ont souvent désiré arranger l’histoire selon leur désir pour donner au citoyen la meilleure image de leur action. Qui ne se souvient de certaines photographies bidouillées pour faire disparaître tel ou tel personnage, bien en cour au moment du cliché, devenu gênant quelques lustres plus tard ? C’est là un procédé utilisé par les régimes totalitaires, que ne s’interdisent pas les gouvernements démocratiques dans certaines circonstances : la France en a usé et abusé pendant la guerre d’Algérie par exemple. Un ouvrage d’histoire édité au début des années cinquante et destiné aux petites têtes blondes titrait son dernier chapitre : « la France en paix » ! Les affaires d’Indochine et la répression à Madagascar passaient à la trappe tout comme les prémices de la pacification en Algérie ! Il fallait rassurer les enfants après les horreurs de la seconde guerre mondiale, et surtout montrer que notre pays n’était jamais en tort lorsqu’il entrait dans un conflit ! (suite…)
Gaillac : l’épicerie sociale Lou Mercat
Paru dans le numéro 81 de Confluences.
Une épicerie sociale accueille à Gaillac les familles en situation de précarité.
A Lou Mercat, on trouve les mêmes familles de produits que dans un supermarché traditionnel mais les clients ne paient que 10% de la valeur d’achat dans la limite d’un maximum hebdomadaire. L’épicerie, qui a ouvert au début de l’année, accueille les familles remplissant certaines conditions, notamment en matière de ressources. Elle se veut un outil d’insertion par l’alimentaire avec l’occasion de retrouver les bons réflexes en matière d’équilibre alimentaire et de bonne gestion de son budget, au travers d’ateliers animés par des professionnels et des bénévoles. Chaque mois, une commission d’attribution étudie les demandes. Une fois acceptée, la famille vient chaque semaine faire ses courses. (suite…)
Le suicide à la mode de chez nous…
Paru dans le numéro 81 de Confluences.
Dans l’antiquité gréco-romaine les stoïciens et les cyniques conseillaient le suicide lorsque la situation devenait désespérée ; en 2009, et peut-être même depuis les années 1990, il n’est plus besoin de se rattacher à un courant philosophique pour désirer mettre fin à ses jours : il suffit de bosser dans une boite horrible dont le PDG n’envisage que la productivité à courte vue en considérant ses employés comme des pions que l’on peut déplacer sur un jeu d’échec en vue d’un rendement immédiat !
En ce moment, à France-Télécom, on impose une politique sociale qui incite les salariés à pratiquer un stoïcisme involontaire : on les met dans une situation de stress telle que certains se suppriment pour échapper au déplacement forcé ou au reclassement. Leur PDG a même osé parler d’une mode du suicide, avant de se rétracter ! Mais les excuses, malgré leur évidente sincérité sont-elles recevables dans de telles circonstances ? Le fait même d’user du mot « mode » pour caractériser un acte aussi grave et définitif dénote pour le moins un certain mépris ; eût-il usé du même vocable pour parler de banquiers ou de traders qui, pris de remords, auraient eu recours à un geste définitif ? Il y a là, quelque part, une forme de paternalisme insupportable : « allons les petits, il va falloir devenir sérieux et cesser d’attenter à votre vie ; le pays a besoin de vous ; et mon entreprise encore plus, pourvu que vous lui coûtiez le moins possible » !
On eût pu attendre une réaction de l’église ; malgré son esprit réactionnaire dans ses hautes sphères, elle ne manque pas chez les prêtres de campagne ou de quartiers difficiles d’ouverture aux questions sociales ; mais le suicide ne passe pas ! Attenter à une vie qui ne vous appartient pas, quel crime abominable ! Les seuls païens antiques pouvaient l’envisager sans frémir.
J-Pierre SHIEP
A bas la voiture électrique !
Paru dans le numéro 81 de Confluences.
L’Etat va lancer des appels d’offres pour 50000 véhicules électriques, «pour donner une impulsion au marché» (Estrosi).
Voici quelque temps, j’écrivais dans Confluences 81 un article sur la voiture électrique («blue car» de Bolloré) et à air comprimé.
Je soupçonnais les liens étroits entre Bolloré et Sarko.
Je confirme : je suis contre la voiture électrique qui ne fera que multiplier le nombre de centrales nucléaires et va servir les intérêts des gros groupes.
La révolution verte qu’on nous propose n’est que poudre aux yeux.
Francis BANCHET
Taxe carbone : ce que j’en pense
Paru dans le numero 81 de Confluences.
Une majorité de scientifiques, d’experts en matière environnementale, d’associations de terrain,… nous l’affirment, il faut faire quelque chose pour l’environnement, il y a urgence.
Le gouvernement, en pointe sur l’écologie, nous sort aussitôt la mesure « phare », celle qui va guider le navire « Terre » dans la tempête : la taxe carbone. Il faut signaler que des hommes politiques, même de gauche, avaient déjà envisagé cette solution. Alors il suffit d’une taxe et le CO2 va disparaître, les Français vont utiliser les transports collectifs et se chauffer à l’énergie solaire, les agriculteurs et les industriels vont révolutionner leurs modes de production… (suite…)
Jaurès est à tout le monde !
Paru dans le numéro 81 de Confluences.
Le 3 septembre dernier, c’était le 150ème anniversaire de la naissance à Castres de Jean Jaurès. Le maire UMP Pascal Bugis a décidé de commémorer cet événement. Pour cela, une séance « extraordinaire » du Conseil Municipal aux pieds de la statue du grand homme de gauche sur la place qui porte son nom.
Quelques chaises vides dans les rangs de la majorité municipale et de l’opposition Folliotiste. Sans doute des retours tardifs de congés ? Il est vrai aussi que sans délibération à voter, l’intérêt d’entendre parler du plus célèbre homme de gauche Castrais n’était pas au plus fort. (suite…)
Démocratie et nucléaire
Paru dans le numéro 81 de Confluences.
Colmar : la preuve que le nucléaire est dangereux… pour la démocratie !
Au cas où vous en aviez encore le doute, le nucléaire est une industrie très dangereuse pour la … démocratie !
Militant opposé à l’industrie nucléaire et partisan des énergies renouvelables, je me suis rendu à Colmar, les 3 et 4 octobre 2009, afin de réclamer la fermeture de la centrale alsacienne de Fessenheim.
Cette centrale est la plus vieille centrale actuellement en fonctionnement en France. Elle a 30 ans. Et certaines personnes « bien intentionnées » voudraient la voir fonctionner 10 ans de plus ! Vous me permettrez d’avoir quelques craintes sur les conséquences d’une telle irresponsabilité.
En Suisse, les autorités ont demandé un prolongement à durée illimitée pour une centrale (celle de Beznau) âgée de 40 ans ! C’est à croire qu’ils cherchent les problèmes. Mais heureusement, la frontière nous protège !
Pour en revenir à Colmar. Après un long trajet en bus, nous voici enfin arrivés. Premier choc : l’arsenal répressif mis en place est digne d’un état de siège. Colmar allait-elle devenir la cible de dangereux casseurs en bandes organisées ? Mais qui attendent-ils ?
Des centaines de Policiers, CRS en tenue de combat, policiers en civil… barrières anti-émeutes, centre ville totalement bouclé, hélicoptère tournant toute la journée (même en pleine nuit). Interdiction pour des manifestant-e-s d’accéder au lieu de la manif.
Quel coût pour les contribuables ?
Malgré l’arsenal déployé, nous étions plus de 3000 personnes venues des quatre coins de la France, d’Allemagne, de Suisse (pardon pour celles et ceux que j’oublie) à manifester notre volonté commune de fermer cette centrale vieillissante et réclamer une réflexion sur la sortie du nucléaire et son remplacement par des énergies renouvelables dans une société plus sobre.
Ce déploiement injustifié de forces de l’ordre (du désordre) ne serait-il un message envoyé à la population ?
- « Manifester votre mécontentement n’est plus permis. »
- « Voyez, nous sommes prêts aux insurrections urbaines » (voir d’ailleurs la communication autour des entraînements effectués par les forces de l’ordre les semaines précédant la manifestation).
Cet avis a été partagé par de nombreuses personnes avec qui j’ai discuté.
Moi, naïf, je pensais que le pouvoir dans une démocratie était exercé par le peuple ? Pourquoi donc le gouvernement se protège-t-il du peuple souverain ? Par une « armée » financée par ce même peuple !
L’industrie nucléaire n’a aucun avenir dans une société où le peuple sera souverain. Le nucléaire a besoin d’un système autoritaire pour s’imposer. La catastrophe de Tchernobyl en est une tragique preuve. Dans une démocratie informée, consciente des risques de cette industrie, quels sont les kamikazes qui risqueraient leur vie en acceptant d’éteindre le feu du réacteur comme le firent les centaines de milliers de liquidateurs réquisitionnés (dont les décès, les cancers et autres maladies ne sont toujours pas reconnus par l’OMS et l’AIEA !) ?
Il est plus que temps de sortir du nucléaire et de l’autoritarisme.
- Développons les énergies renouvelables de façon raisonnable (non polluantes et sources d’emplois…).
- Faisons la chasse au gaspillage (isolation des habitations, extinction des enseignes lumineuses en dehors des ouvertures des magasins).
- Allons vers la sobriété (stop au tout électrique).
Alors il y a-t-il eu des débordements ? Pas à ma connaissance : les Huns se sont perdus en route !
Mato Witko
Le 5 octobre 2009
MOLEX : c’est pas le moment de mollir !
Paru dans le numéro 80 de Confluences.
Villemur/Tarn, dimanche 9 août, 14 h 30. Graffitis sur les murs de l’usine («le Père Molex est une ordure»), drapeaux de l’intersyndicale accrochés aux grilles. « Les Molex » sont une bonne dizaine à terminer leur repas sous l’auvent installé devant l’entreprise. L’un d’eux discute paisiblement avec l’un des gendarmes « locaux » – ils se relaient jour et nuit sur le parking – qui tient un gobelet de café à la main. Tous ont les traits tirés, les yeux cernés par 14 heures de présence chaque jour sur le site depuis le 7 juillet. Ils veillent sur leur « trésor de guerre », le stock de 40 000 connecteurs. Déterminés !
Ils nous accueillent avec convivialité et sympathie, comme de vieux amis que l’on retrouve avec émotion après s’être perdu de vue pendant des années. Nous sommes venus leur porter le soutien des Alternatifs du Tarn (soutien financier également) et du journal Confluences 81. Ce qui à l’évidence ne leur déplaît pas ! La conversation s’engage avec Guy, Patrick, Jacques, « Astérix »… Fabienne se joindra au groupe au cours de l’après-midi. (suite…)
Sale pute !
Paru dans le numéro 80 de Confluences.
Article extrait du dossier de 4 pages intitulé « Prostitution ? »
« Sale pute »,
presque un pléonasme …
Traiter une femme de « pute », c’est l’insulte suprême. Et, de manière générale, lorsqu’on est une pute, on en est une « sale ».
Moi aussi je dis « putes », « putains », « gigolos », ou encore « prostitué-e-s » dans une conversation polie.
« Travailleur-se-s du sexe », jamais. Car, dans le mot « pute », je ne vois rien d’injurieux. Même chose pour les vieux, les aveugles, les balayeurs, les caissières etc. Si on m’entend dire, ne serait-ce qu’une fois, « mal voyant » ou « technicien de surface », je jure devant le dieu des athées que mercredi soir, je me pointe à la messe ! Mais revenons à nos moutons. (suite…)