Taxe carbone : ce que j’en pense

Paru dans le numero 81 de Confluences.

Une majorité de scientifiques, d’experts en matière environnementale, d’associations de terrain,… nous l’affirment, il faut faire quelque chose pour l’environnement, il y a urgence.

Le gouvernement, en pointe sur l’écologie, nous sort aussitôt la mesure « phare », celle qui va guider le navire « Terre » dans la tempête : la taxe carbone. Il faut signaler que des hommes politiques, même de gauche, avaient déjà envisagé cette solution. Alors il suffit d’une taxe et le CO2 va disparaître, les Français vont utiliser les transports collectifs et se chauffer à l’énergie solaire, les agriculteurs et les industriels vont révolutionner leurs modes de production…

D’ailleurs, cette taxe vous sera même remboursée. Si vous êtes précaire ou si vous avez de faibles revenus, un chèque vert vous permettra d’acheter quelques légumes bio qui vous feront oublier, l’espace d’un repas, la mal bouffe que vous ingurgitez à longueur d’année faute de revenus décents. A moins que vous ne préfériez faire le plein de votre quatre roues préféré !

Quant aux « riches » qui mangent à leur faim, sont propriétaires de leur résidence et preneurs de vacances, ainsi que les « nantis », les riches ++ à qui il ne faut pas faire peur afin qu’ils ne partent pas à l’étranger avec leur portefeuille, l’Etat va leur rembourser cette méchante taxe en réduction d’impôt !

Si l’on fait le bilan de toutes les taxes dont nous ont accablées les gouvernements successifs, ont-elles vraiment apporté une solution au problème pour lequel elles ont été créées ? Le fameux « trou de la sécu » a-t-il été bouché ? Les personnes âgées précaires ont-elles aujourd’hui une prise en charge correcte ? etc…

C’est le type de mesure que les gouvernements adorent pour faire croire qu’ils s’occupent du problème, mais ils ne font rien pour le résoudre. Comment croire qu’une accumulation de taxes ou d’impôts, aussi élevés soient-ils, pourront nous sortir de l’impasse écologique dans laquelle nous sommes ? Si l’on veut apporter une solution aux problèmes environnementaux, alors interdisons l’usage des produits dangereux, limitons la circulation des véhicules, relocalisons la production, ne surproduisons pas, produisons sainement… Toute une série de mesures, de lois, contraignantes aussi bien pour les entreprises que pour les particuliers, mais qui feraient de chacun de nous un acteur du changement et qui seraient éducatives pour les jeunes générations. Pas une taxe supplémentaire, pour se donner bonne conscience et reporter les réformes importantes à plus tard, mais des choix budgétaires différents, en soutien à des mesures efficaces.

Cette taxe carbone n’est pas « un pis aller » ou un « peut mieux faire » comme j’ai pu le lire. Elle évite le vrai débat sur les problèmes environnementaux et leur lien avec l’économie, débat qui est donc renvoyé aux calendes grecques. La droite au pouvoir sait bien que notre capitalisme ultra libéral ne s’accommoderait pas des valeurs environnementales indispensables à la sauvegarde de la nature et des hommes. Créer une taxe, c’est entretenir le problème : payons pour la planète, mais continuons à polluer ! Tous experts confondus, je crois qu’ils se fichent de nous !

Yvette ROSSIGNOL