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Oct 16

Le budget 2016 est régressif, et illusoire, par Thomas Coutrot et Pierre Khalfa

Publié le vendredi, 16 octobre 2015 dans Notre Economie et la leur

budgetEn pariant sur le retour de la croissance et des investissements, le gouvernement ignore la perpétuation des causes de la crise : une demande insuffisante, la financiarisation des entreprises, les limites de notre modèle de développement. 

Le projet de loi de finances pour l’année 2016 est à la fois régressif et illusoire. Régressif quand il prévoit 16 milliards d’euros de nouvelles coupes budgétaires, frappant la Sécurité sociale, les collectivités territoriales et l’Etat lui-même. Illusoire quand il est construit sur une prévision imprudente de croissance (1,5 % en 2016).

Il prolonge le budget précédent qui programmait sur trois ans un cadeau de 41 milliards d’euros aux employeurs et un plan d’économies de 50 milliards d’euros. Les économies supplémentaires sur la Sécurité sociale donneront donc lieu à de nouvelles attaques contre l’hôpital public, les remboursements de médicaments et de soins. Et cela alors que, selon la Cour des comptes (rapport de septembre 2014), la fraude des employeurs au paiement des cotisations sociales serait comprise entre 20 et 25 milliards d’euros, plus de deux fois le déficit prévu en 2015.

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Oct 9

Budget 2016 : des engagements à géométrie variable, par Philippe LEGE

Publié le vendredi, 9 octobre 2015 dans Notre Economie et la leur

budgetPour le ministre de l’Économie, Michel Sapin, le budget 2016 est « celui des engagements tenus ». Mais auprès de qui le pouvoir actuel estime-t-il devoir rendre des comptes ? François Hollande n’avait-il pas promis, le 9 septembre 2012, « d’inverser la courbe du chômage d’ici un an » ? 

Depuis lors, elle n’a cessé de s’élever. On compte désormais 5,4 millions d’inscrits à Pôle Emploi (cat. A, B et C). Le niveau du chômage de longue durée est particulièrement préoccupant : 2,4 millions de personnes sont privées d’emploi depuis plus d’un an ; 1,3 million depuis plus de deux ans. Le projet de loi de finances (PLF) 2016 n’est absolument pas conçu pour y remédier[1]. 

En revanche, il alloue d’énormes cadeaux fiscaux aux entreprises alors que rien de tel ne figurait dans le programme du candidat Hollande. Ce dernier avait renié en quelques mois ses engagements électoraux et se présentait dès le 15 septembre 2013 comme « le président des entreprises » garant de la restauration de confortables profits. C’est surtout cet engagement-là qu’il s’évertue à tenir. 

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Sep 9

Grèce : pourquoi la capitulation ? Une autre voie est possible. . .par Eric Toussaint

Publié le mercredi, 9 septembre 2015 dans Notre Economie et la leur

Éric Toussaint analyse de manière critique l’attitude de Syriza en ce qui concerne la dette depuis 2010, pour expliquer comment le gouvernement grec en est venu à signer l’accord funeste du 13 juillet 2015. Une des explications fondamentales est la non prise en compte de l’audit de la dette qui aurait pourtant permis, en suspendant son paiement, de ne pas se soumettre aux diktats des créanciers. Éric Toussaint présente un plan B portant sur la dette, les banques, l’austérité, la monnaie et la fiscalité.
Drapeau grecLa question de la dette grecque est absolument centrale. A partir de mai 2010 et du premier mémorandum et du moment où se constitue la Troïka entre le Fonds monétaire international, la Banque centrale européenne et l’Union européenne, cette question reste absolument centrale au cours des années à venir.

La Commission d’audit citoyen de 2011

En décembre 2010, la députée Sofia Sakorafa intervient au Parlement en disant qu’il faudrait créer une Commission d’audit de la dette grecque s’inspirant de l’Equateur qui en avait constitué une en 2007-08. Cette députée fait référence à ma participation à cette expérience et dit qu’on pourrait faire appel à mon aide. Il était clair que ce Parlement qui était dominé par le PASOK et Nouvelle Démocratie n’avait aucun intérêt à faire la clarté sur la dette et cette proposition a donc été rejetée. Avec toute une série de mouvements sociaux et cette députée Sofia Sakorafa on a décidé de créer une initiative d’audit citoyen de la dette. Ça a pris quelques mois pour être lancé.

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Août 4

La fin de l’Europe. Cédric DURAND

Publié le mardi, 4 août 2015 dans Notre Economie et la leur

Dans cet article initialement paru sur le site états-unien Jacobin, Cédric Durand montre que la crise en Grèce s’inscrit dans un mouvement de désintégration du projet européen.

Cédric Durand est économiste à l’université Paris-13 et enseigne à l’EHESS. Membre des Economistes attérés et du comité de rédaction de Contretemps-web, il est l’auteur du livre Le capital fictif (Les Prairies ordinaires, 2014), et a coordonné l’ouvrage En finir avec l’Europe (La Fabrique, 2013).

 

DSCN0161 -Medium-Du point de vue européen, l’effondrement financier de 2008 ne fut que le prologue d’une crise  continentale généralisée. La débâcle financière de fabrication états-unienne a déclenché une chaîne complexe d’événements inattendus à travers le Vieux Continent, contaminant toutes les sphères de la vie sociale et débouchant sur un paysage radicalement nouveau, en proie aux turbulences politiques et économiques.

Comme le déclarait il y a quelques mois Ada Colau, la maire nouvellement élue de Barcelone à la tête d’une coalition inspirée des Indignés :

 « De cette crise, personne ne sortira comme avant. Ce qui nous attend, c’est, au choix, un horizon féodal, avec une augmentation brutale des inégalités, une concentration sans précédent des richesses, de nouvelles formes de précarité pour la majorité des citoyens. Ou alors, une révolution démocratique, où des milliers de personnes s’engagent, pour changer la fin du film ».

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Août 1

Le report meurtrier de la restructuration de la dette grecque. Yanis Varoufakis

Publié le samedi, 1 août 2015 dans Notre Economie et la leur

grece_0La raison d’une restructuration de la dette est de réduire le volume des nouveaux emprunts nécessaires au sauvetage de l’entité insolvable. Les créanciers proposent une restructuration afin de récupérer une partie de leurs engagements et d’accorder le moins possible de nouveaux prêts à l’entité insolvable.
Contre toute attente, les créanciers de la Grèce semblent dans l’incapacité d’apprécier à sa juste valeur ce principe raisonnable de la finance. Lorsque c’est de la dette grecque qu’il s’agit, un schéma très clair est apparu au cours des 5 dernières années. Et ce schéma reste inamovible à ce jour.
En 2010, l’Europe et le Fond Monétaire International ont consenti de nouveaux prêts équivalents à 44% du PIB à une Grèce déjà insolvable. A l’époque, la simple évocation d’une restructuration de la dette était inadmissible et une raison suffisante pour ridiculiser ceux d’entre nous qui suggéraient qu’elle serait inévitable in fine.
En 2012, alors que le ratio dette/PIB atteignait des sommets, les créanciers privés ont subi une décote significative de 34%. Dans le même temps cependant, de nouveaux prêts pour un montant équivalent à 63% du PIB s’ajoutaient à la dette nationale grecque.

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Juil 21

Grèce : les conséquences de la capitulation, par Eric Toussaint (CADTM)

Publié le mardi, 21 juillet 2015 dans Notre Economie et la leur

7081cca2f9cd0c06f2cce9e93d01dda9_L1-700x410 La capitulation du gouvernement et du parlement grecs face aux créanciers (Commission européenne, BCE, FMI,…) a été suivie de changements rapides dans le camp du gouvernement.

Alexis Tsipras a remplacé 6 ministres et vice-ministres (membres de la plate-forme de gauche au sein de Syriza) qui s’étaient prononcés contre l’accord du 13 juillet, par des membres de Syriza qui soutiennent la nouvelle orientation. Alexis Tsipras a également démissionné un des porte-paroles du groupe parlementaire. Il s’agit d’Athanasios Petrakos qui a également voté non et qui avait appelé avec 54 autres députés (au départ ils étaient 49, voir http://cadtm.org/49-deputes-de-SYRIZA-demandent-l) à la convocation d’une plénière du parlement pour débattre des conclusions préliminaires du rapport d’audit (présenté au parlement grec les 17 et 18 juin 2015). Si le changement de la composition du gouvernement est de la compétence du premier ministre, il n’en va pas de même de la désignation des porte-paroles du groupe parlementaire de Syriza. Seul, le groupe parlementaire pouvait prendre une telle décision.

A l’aide de nouvelles dettes qu’elle vient de contracter auprès des créanciers publics européens dans le cadre du nouvel accord, le 20 juillet, la Grèce a repris ses paiements au FMI et s’apprête à rembourser la BCE.

Il est probable qu’on aille vers d’autres changements négatifs.

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Juil 14

Une alternative est possible au plan négocié entre Alexis Tsipras et les créanciers à Bruxelles. Eric TOUSSAINT

Publié le mardi, 14 juillet 2015 dans Notre Economie et la leur

arton11370-dcec8pLe 5 juillet 2015, à l’issue du référendum initié par le gouvernement d’Alexis Tsipras et le parlement hellène, le peuple grec a rejeté massivement la poursuite de l’austérité que voulaient lui imposer les institutions qui auparavant agissaient sous le nom de Troïka. C’est une splendide victoire de la démocratie.

Pourtant, s’il est mis en pratique, l’accord intervenu le lundi 13 juillet au matin, signifiera la poursuite de l’austérité dans le cadre d’un nouvel accord pluriannuel. Ce qui est en totale contradiction avec le résultat du référendum.

Cette proposition inclut l’abandon d’une série très importante d’engagements pris par Syriza lors de la campagne électorale qui lui ont permis d’obtenir une victoire d’une portée historique le 25 janvier 2015. Syriza a engagé sa responsabilité devant le peuple grec et il serait tragique qu’elle ne la respecte pas, d’autant que le peuple lui a apporté un appui très clair tant le 25 janvier que le 5 juillet 2015.

Les concessions faites aux créanciers par le gouvernement grec portent sur les retraites, avec une nouvelle diminution de leur montant (alors que Syriza s’était engagé à rétablir le 13e mois pour les retraites inférieures à 700 euros par mois) et un allongement de l’âge de départ, les salaires qui resteront comprimés, les relations de travail qui seront encore plus précarisées, l’augmentation des impôts indirects y compris ceux supportés par les bas revenus, la poursuite et l’accélération des privatisations, l’accumulation de nouvelles dettes illégitimes afin de rembourser les précédentes, le transfert des actifs grecs de valeur dans un fonds indépendant, la poursuite de l’abandon d’éléments importants du droit à l’autodétermination, la limitation du pouvoir législatif au profit de celui des créanciers…

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Juil 13

TRAGÉDIE GRECQUE Tribune libre Patrick MIGNARD

Publié le lundi, 13 juillet 2015 dans Notre Economie et la leur

Il y a quelque chose de tragique dans cet épisode qui oppose le peuple grec à une Communauté européenne intransigeante dans les politiques de rigueur qu’elle généralise à tous les peuples européens.

Winged victory of Samothrace, second century B.C. marble sculpture of the Greek goddess Nike (Victory), held at Louvre museum.Les contraintes, les mesures de rigueur imposées à la Grèce sont inadmissibles, moralement et contraires aux droits de l’Homme. Aggravation des conditions de vie, destruction des régimes de retraites et des services de santé, liquidation, par privatisation, des services publics,… rien ne justifie aujourd’hui de telles mesures. Les difficultés des États européens en général, et de la Grèce en particulier ne viennent pas d’une catastrophe naturelle qui aurait anéanti le potentiel économique du continent. Elles viennent essentiellement de décisions politiques qui ont fabriqué une Europe fondée non pas sur les intérêts vitaux des peuples mais sur les intérêts des marchés financiers. En effet, depuis des années, pour se financer, les États sont dans l’obligation de recourir aux marchés financiers, ce qui les endette à des taux de plus en plus élevés. De plus, l’organisation économique de l’Europe ne s’est pas faite sur les intérêts locaux des peuples qui la composent, mais sur une répartition des activités en fonction des intérêts que le capital pouvait en tirer.

Le malaise général des peuples européens à l’égard de l’Europe actuelle vient de cette organisation qui nous conduit à la catastrophe. La Grèce est le premier maillon de cette chaîne conçue en dépit de l’intérêt général.

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Juil 12

Le pire n’est pas sûr, mais… L’Allemagne n’allègera pas les souffrances de la Grèce : Elle a intérêt à nous briser. Yanis Varoufakis, ancien ministre des Finances grec. The Guardian, vendredi 10 juillet 2015.

Publié le dimanche, 12 juillet 2015 dans Notre Economie et la leur

yanis-varoufakis-9La restructuration de la dette a toujours été notre objectif dans les négociations – mais pour certains dirigeants de l’eurozone, le but est le Grexit.

La tragédie financière grecque fait la une des journaux depuis cinq ans pour une seule raison : Le refus obstiné de nos créanciers de proposer un allégement fondamental de la dette.

Pourquoi, en dépit du bon sens, des conclusions du FMI, et de la pratique coutumière des banquiers face à des clients en difficulté, nos créanciers se refusent-ils à restructurer la dette ? La réponse n’est pas d’ordre économique, elle réside dans les sinuosités politiques de l’Union européenne.

En 2010, l’état grec est devenu insolvable. Deux options se présentent alors, en cohérence avec son maintien dans l’Eurogroupe. La plus sensée, celle que tout banquier recommanderait : restructurer la dette et réformer l’économie. L’option toxique : imposer de nouveaux prêts à une entité en faillite tout en prétendant qu’elle demeure solvable.

L’Europe officielle a choisi la deuxième option, sauver les banques françaises et allemandes exposées à la dette grecque plutôt qu’assurer la viabilité socioéconomique de la Grèce.

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Juil 10

GRECE UNE VOIE ÉTROITE. Une contribution de Pierre Khalfa de la Fondation Copernic

Publié le vendredi, 10 juillet 2015 dans Notre Economie et la leur

69978077_p1Le non des grecs au référendum aurait pu être une chance immense pour l’Europe. Il aurait pu permettre que s’engage enfin un véritable débat sur la nature de la construction européenne. Évidemment, cette éventualité était insupportable pour les dirigeants européens. Ainsi dès l’annonce du référendum, l’étranglement financier du pays s’est encore aggravé et la fermeture des banques qui s’en est suivie est en train d’aboutir à sa paralysie économique alors que les difficultés de plus en plus grandes des banques grecques à se refinancer auprès de la BCE laissaient planer la menace de leur faillite.

Plus que jamais, le choix laissé au gouvernement grec par les dirigeants européens se résume à « capitulation ou sortie de l’euro ». C’est ce dilemme qu’Alexis Tsipras avait voulu éviter en se battant pour un compromis qui lui aurait laissé assez de marges de manœuvres pour mener une politique nouvelle. Le référendum a été un témoignage éclatant de dignité du peuple grec mais il n’a pas modifié les rapports de forces en Europe. Il fallait que l’expression de la volonté populaire soit tuée dans l’œuf. S’en est suivie la menace d’expulser la Grèce de la zone euro en laissant aller à son terme l’étranglement financier et l’ultimatum lancé au gouvernement grec. C’est donc le couteau sous la gorge qu’Alexis Tsipras a dû faire de nouvelles propositions.

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