Lettre à M. Besson
Paru dans le numéro 83 de Confluences.
DÉBAT SUR L’IDENTITÉ NATIONALE : pourquoi ?
Citoyen du monde, je me qualifie volontiers d’apatride volontaire. Partisan de l’abolition des frontières et partisan de ne plus considérer les êtres humains en fonction de leurs documents administratifs.
Je comprends mes proches, certain-e-s de mes ami-e-s qui refusent de participer à ce débat de peur de le cautionner…
Vous venez pour que nous débattions sur l’identité nationale. Mais qu’est-ce qu’une identité nationale ? C’est un concept, une idée… et ce concept est très fluctuant et évolutif ! Ce concept n’a aucune valeur ! Si ce n’est celle que vous lui donnez.
Mon identité est celle que je me donne, je choisis mon identité car JE SUIS. (suite…)
Relocaliser l’économie ?
Paru dans le numéro 83 de Confluences.
Alain Souchon chantait : on nous fait croire, que le bonheur c’est d’avoir, d’en avoir plein nos armoires…
Le capitalisme a besoin de la croissance et il entretient la consommation par une publicité constante. Depuis peu, Casino et Auchan ont décidé, sans me rémunérer, de me transformer en vecteur de publicité par cette affiche accrochée au bout du caddie que je dois utiliser pour faire mes courses! «par ma chandelle verte, merdre, Madame !» comme dirait le Père Ubu! (suite…)
La lutte du lait, c’est pas fini !
Paru dans le numéro 82 de Confluences.
Comme il fallait s’y attendre, au lieu de proposer de véritables solutions de fond à la crise et devant le soutien populaire à la grève du lait, les décideurs européens et nationaux n’ont proposé que des mesures financières destinées uniquement à calmer momentanément les éleveurs : prêts à court terme, reports voire année blanche de cotisations, d’impôt foncier, d’intérêts des prêts… qui ne font que reporter les problèmes de trésorerie, voire d’achever de couler les plus faibles. La lutte doit continuer avec des formes qui permettent de durer car, en face, ils ne cèderont pas facilement.
Enfermés dans leur foi ultra libérale, ils refusent d’envisager les mesures structurelles indispensables pour la survie de l’élevage laitier en France, portées par la Confédération Paysanne et Via Campesina Europe :
- des prix rémunérateurs de leur travail : les laitiers ne veulent, pas plus que les autres paysans, dépendre des subventions.
- maîtrise de la production : quelle qu’en soit la forme, dans un marché libre, c’est le seul moyen d’éviter que 5 % de surproduction n’entraîne une chute des cours de 15 à 18 %. Seule la rigidité idéologique de dérégulation libérale de la Commission et de nombreux dirigeants s’y oppose contre toute logique.
- relocalisation de la collecte et de la distribution. Les « coopératives » sont devenues des monstres multinationaux dont la gestion et les choix stratégiques échappent complètement aux coopérateurs. Le lait et ses dérivés parcourent des milliers de km. La poudre de lait, variable d’ajustement des à-coups de production, est devenue un instrument de dumping commercial d’une part, et qui ruine les paysans d’Afrique, d’autre part ; d’où la nécessité de réinventer des coopératives ou des laiteries privées à taille humaine. A cet égard, la laiterie FABRE, à VIANE est un bon exemple de ce qui est possible (V PeC n° XX). Sans parler des circuits courts : vente directe, petite transformation, mais aussi livraison aux GMS : le public commence à se détourner de ce modèle de distribution ; gageons qu’elles seront bientôt ravies de vendre des produits de proximité (le mouvement s’amorce !).
- refus de la contractualisation : comme dans l’industrie et les services les idéologues ultra libéraux voudraient remplacer toute forme de contrats collectifs par des contrats individuels entre la poule et le renard ! Il semble que cette trouvaille, qui avait au départ l’aval de la FNSEA, ait fait long feu : tout le monde a vu le piège. Gageons qu’elle reviendra sous un autre déguisement…
- solidarité avec les paysans des PVD : de plus en plus de producteurs prennent conscience du fait que la « vocation exportatrice de la Ferme France » détruit la paysannerie des pays les plus pauvres et qu’on ne peut refuser aux autres la souveraineté et l’autonomie alimentaire qui a été la raison d’être de la PAC lors de sa mise en place.
La grève du lait a été un événement fondateur extraordinairement efficace pour alerter l’opinion publique et les consommateurs. Elle ne peut en aucun cas être reproduite dans les mêmes conditions, sauf à achever de ruiner les grévistes. Elle pourrait par exemple prendre une forme de grève tournante, en faisant largement appel à la solidarité financière des consommateurs, en multipliant les distributions de lait, par exemple 0,60 € le litre, soit 0,40 de lait (prix revendiqué) + 0,20 de contenant.
D’autres formes d’actions, plus traditionnelles, sont déjà en cours : occupation et blocages de sites, d’administrations…
La lutte continue !
Alain HEBRARD
Liberté d’impression
Paru dans le numéro 82 de Confluences.
Décidément, jusqu’où le sarkozysme ira trop loin (et sans aucun espoir de s’auto-réformer…) ? Dernier avatar des chiens de garde du Prince, après le pitbull Lefèbvre, le labrador Fillon, voici le roquet Eric Raoult, qui entretient avec la littérature à peu près les mêmes rapports que les caméras de surveillance avec le cinéma d’auteur. On sait que le drôle ne fait pas dans la dentelle, mais de là à invoquer le devoir de réserve pour les auteurs, fallait oser. Il l’a fait. Comme si toute écriture ne commençait pas justement par prendre ses distances avec le réel et si tout écrivain , homme ou femme, n’était pas avant tout un esprit libre ? (suite…)
Comment on écrit l’histoire (P. Veyne)
Paru dans le numéro 82 de Confluences.
Les politiques ont souvent désiré arranger l’histoire selon leur désir pour donner au citoyen la meilleure image de leur action. Qui ne se souvient de certaines photographies bidouillées pour faire disparaître tel ou tel personnage, bien en cour au moment du cliché, devenu gênant quelques lustres plus tard ? C’est là un procédé utilisé par les régimes totalitaires, que ne s’interdisent pas les gouvernements démocratiques dans certaines circonstances : la France en a usé et abusé pendant la guerre d’Algérie par exemple. Un ouvrage d’histoire édité au début des années cinquante et destiné aux petites têtes blondes titrait son dernier chapitre : « la France en paix » ! Les affaires d’Indochine et la répression à Madagascar passaient à la trappe tout comme les prémices de la pacification en Algérie ! Il fallait rassurer les enfants après les horreurs de la seconde guerre mondiale, et surtout montrer que notre pays n’était jamais en tort lorsqu’il entrait dans un conflit ! (suite…)
Gaillac : l’épicerie sociale Lou Mercat
Paru dans le numéro 81 de Confluences.
Une épicerie sociale accueille à Gaillac les familles en situation de précarité.
A Lou Mercat, on trouve les mêmes familles de produits que dans un supermarché traditionnel mais les clients ne paient que 10% de la valeur d’achat dans la limite d’un maximum hebdomadaire. L’épicerie, qui a ouvert au début de l’année, accueille les familles remplissant certaines conditions, notamment en matière de ressources. Elle se veut un outil d’insertion par l’alimentaire avec l’occasion de retrouver les bons réflexes en matière d’équilibre alimentaire et de bonne gestion de son budget, au travers d’ateliers animés par des professionnels et des bénévoles. Chaque mois, une commission d’attribution étudie les demandes. Une fois acceptée, la famille vient chaque semaine faire ses courses. (suite…)
Le suicide à la mode de chez nous…
Paru dans le numéro 81 de Confluences.
Dans l’antiquité gréco-romaine les stoïciens et les cyniques conseillaient le suicide lorsque la situation devenait désespérée ; en 2009, et peut-être même depuis les années 1990, il n’est plus besoin de se rattacher à un courant philosophique pour désirer mettre fin à ses jours : il suffit de bosser dans une boite horrible dont le PDG n’envisage que la productivité à courte vue en considérant ses employés comme des pions que l’on peut déplacer sur un jeu d’échec en vue d’un rendement immédiat !
En ce moment, à France-Télécom, on impose une politique sociale qui incite les salariés à pratiquer un stoïcisme involontaire : on les met dans une situation de stress telle que certains se suppriment pour échapper au déplacement forcé ou au reclassement. Leur PDG a même osé parler d’une mode du suicide, avant de se rétracter ! Mais les excuses, malgré leur évidente sincérité sont-elles recevables dans de telles circonstances ? Le fait même d’user du mot « mode » pour caractériser un acte aussi grave et définitif dénote pour le moins un certain mépris ; eût-il usé du même vocable pour parler de banquiers ou de traders qui, pris de remords, auraient eu recours à un geste définitif ? Il y a là, quelque part, une forme de paternalisme insupportable : « allons les petits, il va falloir devenir sérieux et cesser d’attenter à votre vie ; le pays a besoin de vous ; et mon entreprise encore plus, pourvu que vous lui coûtiez le moins possible » !
On eût pu attendre une réaction de l’église ; malgré son esprit réactionnaire dans ses hautes sphères, elle ne manque pas chez les prêtres de campagne ou de quartiers difficiles d’ouverture aux questions sociales ; mais le suicide ne passe pas ! Attenter à une vie qui ne vous appartient pas, quel crime abominable ! Les seuls païens antiques pouvaient l’envisager sans frémir.
J-Pierre SHIEP
A bas la voiture électrique !
Paru dans le numéro 81 de Confluences.
L’Etat va lancer des appels d’offres pour 50000 véhicules électriques, «pour donner une impulsion au marché» (Estrosi).
Voici quelque temps, j’écrivais dans Confluences 81 un article sur la voiture électrique («blue car» de Bolloré) et à air comprimé.
Je soupçonnais les liens étroits entre Bolloré et Sarko.
Je confirme : je suis contre la voiture électrique qui ne fera que multiplier le nombre de centrales nucléaires et va servir les intérêts des gros groupes.
La révolution verte qu’on nous propose n’est que poudre aux yeux.
Francis BANCHET
Taxe carbone : ce que j’en pense
Paru dans le numero 81 de Confluences.
Une majorité de scientifiques, d’experts en matière environnementale, d’associations de terrain,… nous l’affirment, il faut faire quelque chose pour l’environnement, il y a urgence.
Le gouvernement, en pointe sur l’écologie, nous sort aussitôt la mesure « phare », celle qui va guider le navire « Terre » dans la tempête : la taxe carbone. Il faut signaler que des hommes politiques, même de gauche, avaient déjà envisagé cette solution. Alors il suffit d’une taxe et le CO2 va disparaître, les Français vont utiliser les transports collectifs et se chauffer à l’énergie solaire, les agriculteurs et les industriels vont révolutionner leurs modes de production… (suite…)
Jaurès est à tout le monde !
Paru dans le numéro 81 de Confluences.
Le 3 septembre dernier, c’était le 150ème anniversaire de la naissance à Castres de Jean Jaurès. Le maire UMP Pascal Bugis a décidé de commémorer cet événement. Pour cela, une séance « extraordinaire » du Conseil Municipal aux pieds de la statue du grand homme de gauche sur la place qui porte son nom.
Quelques chaises vides dans les rangs de la majorité municipale et de l’opposition Folliotiste. Sans doute des retours tardifs de congés ? Il est vrai aussi que sans délibération à voter, l’intérêt d’entendre parler du plus célèbre homme de gauche Castrais n’était pas au plus fort. (suite…)