Grèce. « Pourquoi j’ai voté contre », par Yanis Varoufakis
OSONS IMAGINER UNE AUTRE MANIÈRE DE PRODUIRE, DE TRAVAILLER, DE SE LOGER, …..DE VIVRE
Un texte en réaction à la situation en Grèce et surtout avec des perspectives, au niveau de l’économie distributive notamment.
Roger WINTERHALTER
Les financiers, les banquiers, en un mot les capitalistes, viennent de faire plier le gouvernement grec qui avait osé s’affronter aux puissances de l’argent.
Mais ils ont été vaincus et l’espoir que les Grecs ont fait naitre s’est éteint. Certes de nombreuses voix continuent à s’élever, à protester : elles dénoncent ce diktat, nous appellent une fois encore à manifester. Mais nous savons tous que cela ne servira à rien, ou au mieux à pas grand chose, si ce n’est qu’à mesurer notre degré d’impuissance.
En fait les gestionnaires du superflu, les conservateurs sont tout simplement restés fidèles à eux mêmes, alors que dans nos rangs il y avait des personnes qui croyaient que le rapport de force suscité par le gouvernement grec suffisait pour les faire changer d’avis, et force a été de constater que cela n’a pas été le cas.
Et pourtant à première vue les conditions étaient réunies pour les obliger à reculer : les élections avaient porté en Grèce un gouvernement atypique, porteur de valeurs de solidarité et de partage; un référendum populaire avait permis de manifester à une immense majorité de la population la volonté de dire NON à cette Europe là.
Des compromis avaient été faits, mais ce n’était pas suffisant, et les obsédés de la rentabilité économique, de la norme capitalistique ont obligé le premier ministre grec à aller au delà de ces compromis et à se compromettre. Et une fois encore les puissants animés par un appétit sans fin de gains n’ont pas été renversés de leur trônes, ils ont réussi à conserver leurs acquis et leurs richesses.
Grèce : « La voie de la sagesse, c’est celle de la sortie de l’euro et du changement social », par Costas Lapavitsas
Ce texte est la transcription traduite de l’intervention de Costas Lapavitsas au colloque « Democracy Rising », tenu à Athènes le 17 juillet 2015. Les intertitres sont de notre responsabilité.
Costas Lapavitsas est député élu au Parlement grec, membre de la Plateforme de gauche de Syriza, et professeur d’économie à SOAS (School of Oriental and African Studies, Londres).
Une capitulation désastreuse
Le gouvernement Syriza vient de signer un nouvel accord de sauvetage. C’est un très mauvais accord, pour des raisons évidentes que je vais énumérer.
Tout d’abord, cet accord est récessif. Il va plonger l’économie grecque dans la récession. Parce que les seules augmentations d’impôts s’élèvent à 2% du PIB. Elles concernent surtout la TVA, impôt indirect prélevé sur des produits principalement consommés par les travailleurs. Mais elles concernent aussi les entreprises et vont d’abord frapper les petites et moyennes entreprises, qui demeurent la colonne vertébrale de l’économie grecque. L’agriculture est sans doute le secteur le plus durement touché par cette augmentation : l’impôt sur le revenu versé par les agriculteurs va doubler, et ils seront soumis à de nouvelles obligations. Ces mesures sont incontestablement récessives. Elles arrivent à un moment où l’économie grecque chancelle au bord du précipice. Il ne fait aucun doute qu’elles vont la faire basculer dans la récession.