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Juil 21

Grèce. « Pourquoi j’ai voté contre », par Yanis Varoufakis

Publié le mardi, 21 juillet 2015 dans Gauche de combat

yanis-varoufakis-9J’ai décidé d’entrer en politique pour une raison : pour être aux côtés d’Alexis Tsipras dans la lutte contre la servitude de la dette. De son côté, Alexis Tsipras me fit honneur en me mobilisant pour une raison : une conception très précise de la crise fondée sur le rejet de la doctrine de Giórgos Papakonstantinou [1], selon laquelle entre la faillite désordonnée et les emprunts toxiques, l’emprunt toxique est toujours préférable.

Il s’agit d’une doctrine que je rejetais car elle faisait peser une menace constante dont le but était d’imposer, dans la panique, des politiques qui garantissent une faillite permanente et, en fin de compte, la servitude par la dette. Mercredi soir, au Parlement [dans la nuit du 15 au 16 juillet], j’ai été appelé à choisir entre (a) adopter la doctrine en question, en votant pour le texte que les «partenaires» avaient imposé à la manière d’un coup d’État et avec une brutalité inouïe à Alexis Tsipras lors du sommet européen, et (b) dire «non» à mon Premier ministre. 

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Juil 21

OSONS IMAGINER UNE AUTRE MANIÈRE DE PRODUIRE, DE TRAVAILLER, DE SE LOGER, …..DE VIVRE

Publié le mardi, 21 juillet 2015 dans Construire des alternatives

Un texte en réaction à la situation en Grèce et surtout avec des perspectives, au niveau de l’économie distributive notamment.
Roger WINTERHALTER

logoAALes financiers, les banquiers, en un mot les capitalistes, viennent de faire plier le gouvernement grec qui avait osé s’affronter aux puissances de l’argent.
Mais ils ont été vaincus et l’espoir que les Grecs ont fait naitre s’est éteint. Certes de nombreuses voix continuent à s’élever, à protester : elles dénoncent ce diktat, nous appellent une fois encore à manifester. Mais nous savons tous que cela ne servira à rien, ou au mieux à pas grand chose, si ce n’est qu’à mesurer notre degré d’impuissance.
En fait les gestionnaires du superflu, les conservateurs sont tout simplement restés fidèles à eux mêmes, alors que dans nos rangs il y avait des personnes qui croyaient que le rapport de force suscité par le gouvernement grec suffisait pour les faire changer d’avis, et force a été de constater que cela n’a pas été le cas.
Et pourtant à première vue les conditions étaient réunies pour les obliger à reculer : les élections avaient porté en Grèce un gouvernement atypique, porteur de valeurs de solidarité et de partage; un référendum populaire avait permis de manifester à une immense majorité de la population la volonté de dire NON à cette Europe là.
Des compromis avaient été faits, mais ce n’était pas suffisant, et les obsédés de la rentabilité économique, de la norme capitalistique ont obligé le premier ministre grec à aller au delà de ces compromis et à se compromettre. Et une fois encore les puissants animés par un appétit sans fin de gains n’ont pas été renversés de leur trônes, ils ont réussi à conserver leurs acquis et leurs richesses.

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Juil 21

Grèce : « La voie de la sagesse, c’est celle de la sortie de l’euro et du changement social », par Costas Lapavitsas

Publié le mardi, 21 juillet 2015 dans A Gauche. . . toute !

Ce texte est la transcription traduite de l’intervention de Costas Lapavitsas au colloque « Democracy Rising », tenu à Athènes le 17 juillet 2015. Les intertitres sont de notre responsabilité.

Costas Lapavitsas est député élu au Parlement grec, membre de la Plateforme de gauche de Syriza, et professeur d’économie à SOAS (School of Oriental and African Studies, Londres).

 Une capitulation désastreuse

Le gouvernement Syriza vient de signer un nouvel accord de sauvetage. C’est un très mauvais accord, pour des raisons évidentes que je vais énumérer.

Tout d’abord, cet accord est récessif. Il va plonger l’économie grecque dans la récession. Parce que les seules augmentations d’impôts s’élèvent à 2% du PIB. Elles concernent surtout la TVA, impôt indirect prélevé sur des produits principalement consommés par les travailleurs. Mais elles concernent aussi les entreprises et vont d’abord frapper les petites et moyennes entreprises, qui demeurent la colonne vertébrale de l’économie grecque. L’agriculture est sans doute le secteur le plus durement touché par cette augmentation : l’impôt sur le revenu versé par les agriculteurs va doubler, et ils seront soumis à de nouvelles obligations. Ces mesures sont incontestablement récessives. Elles arrivent à un moment où l’économie grecque chancelle au bord du précipice. Il ne fait aucun doute qu’elles vont la faire basculer dans la récession. 

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Juil 16

Discours de Zoé Konstantopoulou, présidente du parlement grec, sur le projet soumis par le gouvernement aux créanciers le 11/07/2015

Publié le jeudi, 16 juillet 2015 dans International

ob_445402_democratieNous toutes et tous sommes et serons jugés au regard de notre attitude et de nos décisions, de nos oui et de nos non, de nos actes et de nos omissions, de notre cohérence, de nos résistances, de notre abnégation et de notre désintéressement.
Depuis cinq mois, le Gouvernement, qui a comme tronc la Gauche et comme noyau les forces anti-mémorandum, livre un combat inégal dans des conditions d’asphyxie et de chantage contre une Europe qui a trahi les objectifs inscrits dans ses statuts, à savoir le bien-être des peuples et des sociétés, une Europe qui utilise la monnaie commune, l’euro, non pas comme moyen d’atteindre le bien-être social, mais comme levier et instrument d’assujettissement et d’humiliation des peuples et des gouvernements rebelles, une Europe qui est en train de se transformer en une prison cauchemardesque pour ses peuples alors qu’elle a été construite pour être leur maison hospitalière commune.

Le peuple grec a confié à ce Gouvernement la grande cause de sa libération des chaînes du mémorandum, de l’étau de la mise sous tutelle et de la mise sous surveillance qui a été imposée à la société sous le prétexte de la dette, une dette illégale, illégitime, odieuse et insoutenable, dont la nature, comme l’ont démontré les conclusions préliminaires de la Commission pour la Vérité de la Dette Publique, était déjà connue par les créanciers depuis 2010

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Juil 14

Une alternative est possible au plan négocié entre Alexis Tsipras et les créanciers à Bruxelles. Eric TOUSSAINT

Publié le mardi, 14 juillet 2015 dans Notre Economie et la leur

arton11370-dcec8pLe 5 juillet 2015, à l’issue du référendum initié par le gouvernement d’Alexis Tsipras et le parlement hellène, le peuple grec a rejeté massivement la poursuite de l’austérité que voulaient lui imposer les institutions qui auparavant agissaient sous le nom de Troïka. C’est une splendide victoire de la démocratie.

Pourtant, s’il est mis en pratique, l’accord intervenu le lundi 13 juillet au matin, signifiera la poursuite de l’austérité dans le cadre d’un nouvel accord pluriannuel. Ce qui est en totale contradiction avec le résultat du référendum.

Cette proposition inclut l’abandon d’une série très importante d’engagements pris par Syriza lors de la campagne électorale qui lui ont permis d’obtenir une victoire d’une portée historique le 25 janvier 2015. Syriza a engagé sa responsabilité devant le peuple grec et il serait tragique qu’elle ne la respecte pas, d’autant que le peuple lui a apporté un appui très clair tant le 25 janvier que le 5 juillet 2015.

Les concessions faites aux créanciers par le gouvernement grec portent sur les retraites, avec une nouvelle diminution de leur montant (alors que Syriza s’était engagé à rétablir le 13e mois pour les retraites inférieures à 700 euros par mois) et un allongement de l’âge de départ, les salaires qui resteront comprimés, les relations de travail qui seront encore plus précarisées, l’augmentation des impôts indirects y compris ceux supportés par les bas revenus, la poursuite et l’accélération des privatisations, l’accumulation de nouvelles dettes illégitimes afin de rembourser les précédentes, le transfert des actifs grecs de valeur dans un fonds indépendant, la poursuite de l’abandon d’éléments importants du droit à l’autodétermination, la limitation du pouvoir législatif au profit de celui des créanciers…

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Juil 13

TRAGÉDIE GRECQUE Tribune libre Patrick MIGNARD

Publié le lundi, 13 juillet 2015 dans Notre Economie et la leur

Il y a quelque chose de tragique dans cet épisode qui oppose le peuple grec à une Communauté européenne intransigeante dans les politiques de rigueur qu’elle généralise à tous les peuples européens.

Winged victory of Samothrace, second century B.C. marble sculpture of the Greek goddess Nike (Victory), held at Louvre museum.Les contraintes, les mesures de rigueur imposées à la Grèce sont inadmissibles, moralement et contraires aux droits de l’Homme. Aggravation des conditions de vie, destruction des régimes de retraites et des services de santé, liquidation, par privatisation, des services publics,… rien ne justifie aujourd’hui de telles mesures. Les difficultés des États européens en général, et de la Grèce en particulier ne viennent pas d’une catastrophe naturelle qui aurait anéanti le potentiel économique du continent. Elles viennent essentiellement de décisions politiques qui ont fabriqué une Europe fondée non pas sur les intérêts vitaux des peuples mais sur les intérêts des marchés financiers. En effet, depuis des années, pour se financer, les États sont dans l’obligation de recourir aux marchés financiers, ce qui les endette à des taux de plus en plus élevés. De plus, l’organisation économique de l’Europe ne s’est pas faite sur les intérêts locaux des peuples qui la composent, mais sur une répartition des activités en fonction des intérêts que le capital pouvait en tirer.

Le malaise général des peuples européens à l’égard de l’Europe actuelle vient de cette organisation qui nous conduit à la catastrophe. La Grèce est le premier maillon de cette chaîne conçue en dépit de l’intérêt général.

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Juil 12

Le pire n’est pas sûr, mais… L’Allemagne n’allègera pas les souffrances de la Grèce : Elle a intérêt à nous briser. Yanis Varoufakis, ancien ministre des Finances grec. The Guardian, vendredi 10 juillet 2015.

Publié le dimanche, 12 juillet 2015 dans Notre Economie et la leur

yanis-varoufakis-9La restructuration de la dette a toujours été notre objectif dans les négociations – mais pour certains dirigeants de l’eurozone, le but est le Grexit.

La tragédie financière grecque fait la une des journaux depuis cinq ans pour une seule raison : Le refus obstiné de nos créanciers de proposer un allégement fondamental de la dette.

Pourquoi, en dépit du bon sens, des conclusions du FMI, et de la pratique coutumière des banquiers face à des clients en difficulté, nos créanciers se refusent-ils à restructurer la dette ? La réponse n’est pas d’ordre économique, elle réside dans les sinuosités politiques de l’Union européenne.

En 2010, l’état grec est devenu insolvable. Deux options se présentent alors, en cohérence avec son maintien dans l’Eurogroupe. La plus sensée, celle que tout banquier recommanderait : restructurer la dette et réformer l’économie. L’option toxique : imposer de nouveaux prêts à une entité en faillite tout en prétendant qu’elle demeure solvable.

L’Europe officielle a choisi la deuxième option, sauver les banques françaises et allemandes exposées à la dette grecque plutôt qu’assurer la viabilité socioéconomique de la Grèce.

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Juil 12

Tsipras sur un volcan : (Yannis Youlountas)

Publié le dimanche, 12 juillet 2015 dans Gauche de combat

photo-55Vendredi 10 juillet 2015 au petit matin. Alexis Tsipras vient de faire un choix cornélien qui peut mettre en péril son parti à tous les niveaux : groupe parlementaire, comité central, militants, sympathisants, électeurs et popularité, cinq mois seulement après la victoire du 25 janvier. Il est difficile d’en mesurer toutes les conséquences. La journée qui commence sera cruciale, dans le parlement comme à l’extérieur.

TSIPRAS SUR UN VOLCAN : LE GOUVERNEMENT VIENT D’ACCEPTER LA FEUILLE DE ROUTE DE LA TROÏKA ET DEMANDE 50 MILLIARDS SUR TROIS ANS EN ÉCHANGE.

Bien qu’appuyé par plusieurs des dirigeants politiques d’opposition, qu’il a lui-même réunis ce lundi au lendemain du référendum, Alexis Tsipras risque un séisme politique dont l’onde de choc pourrait largement dépasser les frontières de la Grèce.

VOICI TOUT D’ABORD LE DOSSIER TEL QU’IL A ÉTÉ TRANSMIS AUX DÉPUTÉS GRECS. C’est-à-dire en anglais et sans clarté ni confort de lecture. Un texte qui, selon de nombreuses sources, a été réalisé AVEC LA PARTICIPATION D’EXPERTS FRANÇAIS, proches collaborateurs du gouvernement socialiste :
http://www.hellenicparliament.gr/UserFiles/c8827c35-4399-4fbb-8ea6-aebdc768f4f7/9292390.pdf
CÔTÉ DEMANDES :
aide de 50 milliards d’euros sur trois ans dont plan d’investissement urgent de 35 milliards d’euros (principalement le déblocage de tous les fonds structurels bloqués) + restructuration de la dette pour la rendre soutenable après 2022 (décote, étalement, etc.).
CÔTÉ PROPOSITIONS :
économies à hauteur de 13 milliards d’euros sur deux ans. Quelques détails :

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Juil 11

Grèce : de l’absurde au tragique. Stathis Kouvélakis

Publié le samedi, 11 juillet 2015 dans A Gauche. . . toute !

ben1-249x300Quiconque vit actuellement, ou se contente de suivre, les derniers développements en Grèce ne comprend que trop bien le sens d’expressions telles que « moments critiques », « climat de tension », « rupture dramatique », ou encore « situation-limite ». Compte tenu des événements qui se déroulent depuis lundi, un nouveau mot devra être ajouté à la liste : l’« absurde ».

Le terme peut paraître étrange, ou exagéré. Mais comment caractériser autrement le renversement total du sens d’un événement aussi extraordinaire que le référendum du 5 juillet, quelques heures seulement après sa conclusion, par ceux-là même qui l’avaient initié ?

Comment expliquer que les dirigeants de Nouvelle démocratie et de To Potami, respectivement Vangelis Meïmarakis et Stavros Theodorakis – chefs du camp qui a été battu de manière écrasante dimanche dernier –, soient devenus les porte-parole officiels de la ligne qui est actuellement défendue par le gouvernement grec ? Comment est-il possible que le Non fracassant au mémorandum austéritaire puisse être interprété comme le feu vert à un nouveau mémorandum ? Pour le dire simplement : si le gouvernement était disposé à signer un accord encore plus défavorable et contraignant que celui proposé il y a deux semaines par le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, à quoi bon le référendum et le combat pour la victoire du Non ?

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Juil 10

GRECE UNE VOIE ÉTROITE. Une contribution de Pierre Khalfa de la Fondation Copernic

Publié le vendredi, 10 juillet 2015 dans Notre Economie et la leur

69978077_p1Le non des grecs au référendum aurait pu être une chance immense pour l’Europe. Il aurait pu permettre que s’engage enfin un véritable débat sur la nature de la construction européenne. Évidemment, cette éventualité était insupportable pour les dirigeants européens. Ainsi dès l’annonce du référendum, l’étranglement financier du pays s’est encore aggravé et la fermeture des banques qui s’en est suivie est en train d’aboutir à sa paralysie économique alors que les difficultés de plus en plus grandes des banques grecques à se refinancer auprès de la BCE laissaient planer la menace de leur faillite.

Plus que jamais, le choix laissé au gouvernement grec par les dirigeants européens se résume à « capitulation ou sortie de l’euro ». C’est ce dilemme qu’Alexis Tsipras avait voulu éviter en se battant pour un compromis qui lui aurait laissé assez de marges de manœuvres pour mener une politique nouvelle. Le référendum a été un témoignage éclatant de dignité du peuple grec mais il n’a pas modifié les rapports de forces en Europe. Il fallait que l’expression de la volonté populaire soit tuée dans l’œuf. S’en est suivie la menace d’expulser la Grèce de la zone euro en laissant aller à son terme l’étranglement financier et l’ultimatum lancé au gouvernement grec. C’est donc le couteau sous la gorge qu’Alexis Tsipras a dû faire de nouvelles propositions.

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