Premières réflexions sur les élections grecques, par Panagiotis Sotiris
Le pari cynique de Tsipras a été de placer les élections sur le terrain du débat de quel parti (et quel Premier Ministre) allait être le mieux à même de mettre en œuvre le memorandum qui avait déjà approuvé par Syriza et les partis du système le 14 août. Sa stratégie a été de présenter le mémorandum comme inévitable, inéluctable. Il a évité presque toutes les références à l’accord, en ne présentant que le choix entre lui et Vangelis Meimarakis, le leader du parti de centre droit Nouvelle Démocratie. Finalement, les Grecs ont choisi de donner une seconde chance à Syriza plutôt qu’aux autres partis systémiques, pro-mémorandum. Il ne s’agit pas d’un vote d’espoir, mais d’un vote pour le « moindre mal ».
La crise mondiale des réfugiés et la crise de l’Union européenne, par Pierre Rousset (tribune libre)
Jamais, depuis la Seconde Guerre mondiale, les déplacements forcés de population n’avaient connu une telle ampleur et n’avaient été aussi meurtriers – aussi aléatoires et dangereux, imposant à tant d’enfants, de femmes et d’hommes des conditions d’existence aussi inhumaines, des souffrances aussi intolérables. Une véritable tragédie qui met à nu la vérité du nouvel ordre international instauré par la mondialisation capitaliste, comme en témoignent la multiplicité et l’universalité croissante des flux migratoires.
Les migrations ont une histoire. Dans la période précédente, nous vivions déjà une migration sans espoir, incarnée par cette institutrice philippine devenue domestique en Italie, précaire, clandestine. Nous vivons aujourd’hui à l’heure des migrations de survie. Les Européens n’en sont pas là, mais, signe des temps, dans des pays comme l’Espagne ou la Grèce de véritables mouvements migratoires sont à nouveau à l’œuvre tant l’avenir de la jeunesse est bouché. On n’avait pas vu cela depuis des décennies.
L’obscurantisme dans le viseur des féministes – Marche Mondiale des Femmes : étape marseillaise
La Marche mondiale des femmes a fait escale à Marseille ce week-end. Plusieurs centaines de militants, de tous genres, ont uni leurs voix contre les diverses formes d’extrémisme.
Moment fort samedi en début d’après-midi à la faculté Saint-Charles. Pour l’étape marseillaise de la 4e Marche mondiale des femmes, plusieurs centaines de personnes ont répondu présentes. Dans un amphithéâtre surchauffé, les débats ricochent entre religions, paix et sécurité. En point de mire, chaque thème interroge les droits des femmes confrontés à toutes les formes d’extrémisme.
A la tribune, la sociologue Chahla Chafiq évoque un retour des obscurantismes et des traditionalismes qui s’opère actuellement en Europe, et ailleurs dans le monde. « Daesh est spectaculaire, parce que sanglant », prévient l’universitaire. « Mais cela cache un tableau général. Il ne faut pas s’étonner du retour du voile dans les quartiers. Certains y travaillent… » à son tour, Lilian Halls-French, co-présidente de la plate-forme Initiative féministe euroméditerranéenne (IFE), dénonce « une vague sans précédent de discours réactionnaires et d’extrémismes religieux ». Islam et christianisme sont notamment pointés du doigt. Hélas, Latifa Ibn Ziaten, musulmane et mère d’une des victimes de Mohammed Merah en 2012 à Toulouse, n’est pas à la tribune pour apporter son point de vue*.
Grèce : l’analyse de Yanis Varoufakis
Alexis Tsipras a arraché une victoire retentissante après la défaite humiliante de Juillet devant la Troïka des créanciers de la Grèce. Défiant les partis d’opposition, les sondeurs d’opinion et les critiques dans ses rangs (y compris de moi-même), il a obtenu une majorité réduite mais réelle. La question est de savoir s’il peut à la fois rester à son poste et exercer le pouvoir.
Les plus grands perdants ont été les petits partis représentant les extrêmes du débat après le référendum. Unité Populaire n’est pas parvenu à exploiter la souffrance ressentie par une majorité des électeurs du « Non » après que Tsipras eut adopté un accord qui réduit la souveraineté nationale et accroît le niveau déjà terrible de l’austérité. Potami, un parti réformiste chéri de la Troïka, a également échoué à rallier le plus petit vote «Oui». Avec Tsipras conquérant d’un nouveau genre, maintenant fermement la barre du programme de la Troïka, les partis pro-Troïka n’avaient rien à offrir.
Le plus grand gagnant est la Troïka elle-même. Au cours des cinq dernières années, les projets de loi de la Troïka sont passés par le parlement avec des majorités ultra-minces, procurant des nuits blanches à leurs auteurs. Maintenant, les projets de loi nécessaires au troisième Mémorandum passent avec de confortables majorités, car Syriza s’y est engagé. Presque tous les députés de l’opposition (à l’exception des communistes du KKE et les nazis de l’Aube dorée) votent pour eux.