Lettre Ouverte à François HOLLANDE du 30 septembre 2013
Le 13 septembre, les présidents des 7 associations rassemblées dans leurs actions et leurs préoccupations pour un meilleur « vivre ensemble » ont rencontré le président de la République.
François Hollande a laissé entendre que la France devait être à la hauteur du « pacte de dignité » auquel elle est tenue à l’égard de tous, Français comme étrangers.
Les propos récents du ministre de l’Intérieur et d’autres responsables politiques à l’égard des personnes désignées comme « roms » sont insupportables. Ils sont irresponsables pour le danger que ce genre de propos fait courir à l’ensemble de la société. Stigmatisants, ils ciblent une population entière sur la seule base de son appartenance ethnique, réelle ou supposée.
La Cimade, Secours Catholique, CCFD, Emmaüs, FNARS, Médecins du Monde, ATD Quart-Monde ainsi que le collectif Romeurope ont adressé aujourd’hui une lettre ouverte au président de la République pour lui signifier que son expression publique est désormais indispensable.
Monsieur François Hollande
Président de la République
Palais de l’Elysée
Paris, le 30 septembre 2013
Monsieur le Président de la République,
C’est un appel à une parole forte de votre part sur les valeurs qui fondent notre République que nous vous adressons aujourd’hui.
Les propos récents du ministre de l’Intérieur à l’égard de personnes désignées comme « roms » sont insupportables.
Reconnaître les difficultés et les tensions qui peuvent naître dans un certain nombre de communes du fait des conditions de vie très précaires des familles qui vivent dans des bidonvilles est une chose. Mais cibler une population entière, sur la seule base de son appartenance ethnique, réelle ou supposée, comme étant non intégrable et devant être éloignée du territoire français est de toute autre nature !
Cette posture est contraire à toutes les valeurs que nous défendons. C’est non seulement le pacte républicain qui est ainsi remis en cause, ce sont les fondements mêmes d’une société démocratique respectueuse de chacune et chacun qui sont fragilisés.
Le 13 septembre, nous sommes venus vous dire que dans la période difficile que connaît la société française, inquiète et tentée par des réactions de rejet ou par le recours aux populismes, la parole du Président de la République était nécessaire et attendue. Les valeurs cardinales de la République, celles de justice, de cohésion sociale, de solidarité, de respect de la dignité de chacun doivent être rappelées.
Vous nous avez alors répondu, en nous donnant l’espoir d’une intervention de votre part, que la France devrait être à la hauteur du « pacte de dignité » auquel elle est tenue à l’égard de tous, français comme étrangers.
Qu’en est-il aujourd’hui quand, en stigmatisant une population entière et en la désignant comme indésirable, le ministre de l’Intérieur va à l’exact opposé de cette ambition ?
Monsieur le Président de la République, pour nos associations et le collectif Romeurope qui se joint à notre démarche, votre expression publique n’est plus seulement attendue. Elle est à présent indispensable.
Votre silence sur ces questions cruciales deviendrait rapidement incompréhensible, voire vaudrait approbation d’un discours et d’une dérive à laquelle au nom des valeurs qui nous rassemblent, nous nous sommes toujours opposés, et à laquelle, nous continuerons à nous opposer avec détermination.
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