Un mois après la rentrée scolaire, les dérives de la loi Peillon, à laquelle les Alternatifs se sont opposés, s’expriment déjà à travers la mise en place des nouveaux rythmes scolaires qui s’effectue dans une grande incohérence et désorganisation.
Focalisée sur le temps de l’enfant, la modification des horaires vise à diminuer sa journée scolaire en réintégrant la matinée du mercredi dans les emplois du temps mais rien ne change fondamentalement : les élèves ont une heure en moins dans la journée la plupart du temps mais la semaine sans coupure reste lourde et fatigante. Un mois après la rentrée, les différents temps (scolaire, péri scolaire et péri éducatif) dont l’ampleur peut varier d’une journée à l’autre ne sont pas toujours bien identifiés par les enfants. Les conditions de travail des professeur-e-s d’école s’aggravent : un jour de plus à l’école, réunion de concertation pour « harmoniser » les temps péri éducatifs et péri scolaire, beaucoup moins de possibilité de rester dans sa classe en fin d’après-midi pour y travailler.
La question des rythmes scolaires est un enjeu crucial dans la perspective émancipatrice d’une école qui s’adapterait enfin aux besoins de l’enfant. Il est en ce sens essentiel de remettre en cause la semaine de quatre jours décrétée par Chatel et de promouvoir une réforme alternative des rythmes de l’enfant pour son épanouissement. Pour autant cette prétendue réforme Peillon des rythmes scolaires est dangereuse et porte atteinte au service public et laïque d’éducation:
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Elle accentue les inégalités territoriales ; les communes les plus pauvres et les communes rurales sont mises dans l’incapacité de mettre en œuvre des projets avec du personnel qualifié.
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Elle prend le risque d’entraîner de nouveaux facteurs d’inégalités entre les enfants en introduisant des activités (linguistiques, culturelles, …) qui peuvent être très différentes d’un lieu à l’autre.
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4- Elle maintient la réduction du temps scolaire sur la semaine imposée par le précédent gouvernement avec la semaine de quatre jours. Ne faudrait-il pas plus de temps pour apprendre mieux et autrement ?
4- Elle remet en cause la gratuité de l’école puisque parfois certaines activités sont payantes.
5- Elle permet au privé d’entrer par la petite porte pour assurer ces activités post et péri scolaires. La plupart du temps, la mise en place des projets éducatifs territoriaux (PEDT) se fait sur des critères marchands et de rentabilité. Ici où là des associations privées éloignées des valeurs laïques sont sollicitées par des communes (fédération de sport, IFAC…)
Enfin aucune lutte contre l’échec scolaire n’est véritablement engagée : Sans aucune étude sérieuse sur son efficacité, la pseudo aide personnalisée est maintenue dans la continuité de la politique précédente menée sous Chatel.
L’aménagement du temps de l’enfant révèle les dérives de cette loi.
Cette loi n’est pas une simple pseudo-réforme : c’est bien une contre-réforme qui petit à petit met en place un système qui répond aux préconisations néolibérales de l’Union Européenne, de l’OCDE. En maintenant l’École du socle (école primaire et collège actuels) et en renforçant dans ce but la liaison École-Collège, Peillon poursuit le projet éducatif de ségrégation scolaire et sociale entamé par la droite.
Et des chantiers décisifs s’annoncent pour l’année scolaire à venir : l’Éducation prioritaire, la réforme du collège, la réforme des programmes, le statut et le métier des enseignant-e-s.
Soutenons et organisons toutes formes de résistance et de désobéissances à toutes mesures qui iraient dans le sens du clientélisme, de l’employabilité et de la sortie prématurée des jeunes du système éducatif.
Exigeons une véritable évaluation des dispositifs en direction des jeunes déscolarisés et des décrocheurs.
Exigeons des temps de réflexion, de concertation dans les établissements mais aussi avec les parents, les élèves et les élu-e-s pour évaluer les dispositifs mis en place y compris l’aide aux enfants handicapés (AVSI).
Faisons des temps de concertation sur les programmes des moments d’expression d’une critique radicale des dispositifs et mesures de la droite maintenus par Peillon en présentant nos contributions pour une autre école qui sache prendre en compte l’enfant dans sa globalité, en s’adaptant à ses spécificités, une école sans carcan ni formatage, une école basée sur la coopération et le travail en équipe comme alternatives à la concurrence et à la hiérarchie, et sur des contenus allant dans le sens de la lutte contre l’échec scolaire et de l’esprit critique, de l’émancipation et de l’autogestion.
Le 3 octobre 2013
Communiqué des Alternatifs
Nous mettons en ligne ce commentaire de Gilbert DALGALIAN
Globalement d’accord avec la réso sur l’éducation.
Sauf sur une divergence et un gros manque :
Primo, rien n’est dit sur l’absurdité de vouloir traiter les rythmes scolaires de la même façon à Bobigny, à Marseille, à Romorantin et dans mon hameau breton. Ni les contraintes, ni les possibilités ne sont les mêmes : il fallait préserver le droit à l’autogestion de cette question et attendre de voir les solutions qui émergent au fil des deux prochaines annnées.
Secundo, la question des activités linguistiques et culturelles (point 2) est trop vite expédiée : la question de l’égalité de traitement ne doit pas empêcher des progrès et des expérimentations ; l’égalité linguistisue et culturelle doit rester un combat, pas un obstacle à l’éducation. Surtout ne pas transformer en épouvantails certaines avancées possibles, ni favoriser des blocages artificiels. Question de crédibilité et de meilleure diffusion de nos mots d’ordre et messages …
Gilbert Dalgalian