Va-t-en-guerre, par Sébastien BUDGEN. Tribune libre
Il est peut-être temps de prendre suffisamment de recul pour admirer le génie de la stratégie antiterroriste occidentale, évidemment marquée par sa grande cohérence stratégique et tactique.
1) Combattre les assassinats aveugles et les tirs contre des civils par des assassinats aveugles et des tirs contre des civils ;
2) Combattre les atteintes aux droits démocratiques et aux libertés publiques par des atteintes aux droits démocratiques et aux libertés publiques ;
3) Combattre les tentatives des djihadistes de promouvoir une vision de deux camps opposés et irréconciliables – l’Islam, d’un côté, et l’Occident, de l’autre – en faisant la promotion d’une vision qui présente deux camps opposés et irréconciliables – en l’occurrence l’Islam et l’Occident ;
4) Combattre le discours des djihadistes sur l’islamophobie maladive de l’Occident en nourrissant l’islamophobie maladive en Occident ;
Attentats: « De quelle guerre s’agit-il ? », par Étienne BALIBAR (tribune libre)
Nous sommes en guerre. Ou plutôt nous sommes tous désormais dans la guerre. Nous portons des coups, nous en recevons. Après d’autres, avant d’autres, hélas, prévisibles, nous en payons le prix et nous en portons le deuil. Car chaque mort est irremplaçable. Mais de quelle guerre s’agit-il?
Il n’est pas simple de la définir, car elle est faite de plusieurs types, accumulés avec le temps, et qui paraissent inextricables. Guerres d’État à État (voire à pseudo-État, comme Daech). Guerres civiles nationales et transnationales. Guerre de «civilisations», ou du moins se pensant comme telle. Guerre d’intérêts et de clientèles impérialistes. Guerre de religions et de sectes ou justifiées comme telles.
C’est la grande stasis [1] du XXIe siècle, qu’on comparera plus tard – si on en sort – à ses lointains modèles: la guerre du Péloponnèse, la guerre de Trente Ans, ou la «guerre civile européenne» de 1914-1945…
Guerre. Éditorial de la revue Contretemps
Nous appartenons à une génération qui n’a pas connu la guerre.
Du moins nous ne l’avons pas faite, on ne nous a pas collé un uniforme sur le dos et une arme entre les mains. Pas même le temps d’un service militaire, bien souvent.
Alors nous avons forcément été sensibles, même malgré nous, au mythe de la fin de l’histoire – fin de la guerre froide, fin de la guerre tout court. Comme dans le Golfe en 1991, la guerre ne pouvait plus exister que comme une anomalie, le résultat toujours évitable des agissements d’un fou.
Comme avec la chute du Mur en 1989 ou le Traité de Maastricht en 1992, l’histoire se faisait désormais dans l’union et la paix, nous disait-on.
Et pourtant, cette même génération a aussi été celle qui avait 20 ans le 11 septembre 2001. (Le 21 avril 2002 aussi, d’ailleurs, mais c’est une autre histoire).
Le plus fort, dans ces événements, est qu’ils paraissaient presque inimaginables, dans beaucoup des lieux et milieux d’où nous venions. Pour les comprendre vraiment, il fallait découvrir à quel point beaucoup d’entre nous avions été à l’abri, à quel point nous avions ignoré la guerre au-delà de nos murs protecteurs. Car il n’y a que la guerre (militaire, sociale, économique) pour produire de telles atrocités, à l’autre bout du monde ou au coin de la rue.
Vous avez aimé MACRON 1? Vous adorerez MACRON 2 ! ! ! par Thomas Clerget (Regards)
Opinion 11-1 « Autopsie d’une présidentielle » Tribune Libre Michel COSTADAU
Quand on dit qu’ils ne pensent qu’à ça c’est un euphémisme car c’est en fait la seule chose qu’ils savent faire. La présidentielle de 2017 est leur horizon, leur Juliette et leur drogue, parce que toute la vie politique est basée sur cette échéance. Ces « ils » ce n’est ni vous ni moi bien sûr, c’est la classe politique et d’abord les candidats passés, présents, futurs et à venir de cette présidentielle. Comme vous êtes, je le suppose, assez perplexe devant cette psychose je vais essayer d’analyser avec vous les choses assez simplement.
En termes de candidats il y a deux candidats et demi auxquels s’ajoutent trois ou quatre pseudo- candidats ainsi que plusieurs petits non-candidats.
Les deux candidats sont Hollande et Sarkozy, le demi-candidat est Le Pen, les pseudo- candidats sont, Juppé, Fillon, Duflot, peut être Bayrou, Lagarde, les petits non-candidats sont tous les autres du style Mélenchon, Poudou, de Villiers et autres Eva.
Donc, la situation se simplifie déjà pas mal, puisque comme il n’y a que deux candidats, ce sera l’un d’eux le président. Lequel, c’est ce qu’on va essayer de déterminer.
Contrepèterie d’Actualité (Tarnaise) par Gerbas
Israël – Palestine : l’intifada des couteaux, par Michel Warshawski
Le couteau de cuisine – l’arme du désespoir
« Troisième Intifada »? s’interrogent les éditorialistes. La question me semble sans grande importance: ce qui est certain par contre, c’est que nous sommes témoins de la fin d’une longue période de calme relatif en Cisjordanie occupée, en particulier a Jérusalem et dans sa grande banlieue. Un calme relatif lie a l’attente d’un éventuel débouché des initiatives diplomatiques menées par Mahmoud Abbas sous les conseils-pressions des Etats-Unis et des pays de l’Union Européenne.
Tout semble indiquer que le long sursis donne au Président palestinien par sa propre population touche a sa fin. Abou Mazen n’a rien obtenu, ne serait-ce que dans le domaine du symbolique. Au contraire, il s’est attrapé des gifles humiliantes de la part d’un gouvernement israélien qui se refuse même a faire semblant de jouer dans la pièce tragico-grotesque que l’on nomme « processus de paix ».
Les dernières provocations israéliennes se sont passées sur l’Esplanade des Mosquées, le site le plus sensible pour les Palestiniens (et pour un milliard et demi de musulmans a travers le monde) sous la forme de parades musclées de la part de plusieurs ministres et députés de la droite au pouvoir, et la profanation d’el Aqsa par les forces de police israéliennes.
Si l’on s’obstine a appeler les événements actuels « Intifada », il est vraisemblable qu’on la nommera l' »Intifada des couteaux », c’est-à-dire une longue série d’initiatives individuelles ou des hommes et des femmes, jeunes pour la plupart, s’en prennent a des soldats ou a des civils israéliens avec un couteau, un cutter ou même un tournevis. Ils savent qu’ils risquent leur vie, d’autant que Netanyahou et ses sbires ont appelé la population à s’armer et à tirer sur ceux qui attaquent des Juifs, « tirer pour tuer » ont-ils insisté. (suite…)
Syrie : après l’intervention russe…, par Annouk N.
L’intervention russe en Syrie qui a débuté fin septembre entame une nouvelle phase de la répression contre-révolutionnaire en Syrie, clarifiant la stratégie impérialiste russe et sa volonté de négocier et de s’imposer face aux tenants de l’impérialisme occidental.
L’impérialisme russe comme plus respectable ?
Le 30 septembre dernier, la Russie a lancé ses premières frappes sur la Syrie. Des bombardements d’une grande violence, intervenus la plupart du temps sans laisser le temps aux populations civiles de s’abriter. Ils interviennent avec un soutien tacite de l’Allemagne et de la France, complices d’autres frappes meurtrières aux Yémen. Ces attaques dont l’objectif affiché est de combattre Daech et son expansion visent en réalité en premier lieu à conforter au pouvoir le dictateur Bachar al-Asad. Ainsi, les frappes ont touché la ville libérée d’Inkhil et sa population, dans le gouvernorat de Deraa alors qu’elle se situe en dehors des zones gouvernées par Daech. Si Daech n’a pas trop à s’inquiéter de frappes russes c’est probablement parce que la lutte contre son expansion n’a jamais fait partie des priorités du régime syrien pour qui l’organisation représente un alibi parfait dans une stratégie de polarisation du champs politique afin de fédérer autour de la personne de Bachar al-Asad.
L’alternative politique serait ainsi Bachar ou Daech, soit la barbarie ou la barbarie…