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dimanche, 8 novembre 2015 dans
Point de vue
Quand on dit qu’ils ne pensent qu’à ça c’est un euphémisme car c’est en fait la seule chose qu’ils savent faire. La présidentielle de 2017 est leur horizon, leur Juliette et leur drogue, parce que toute la vie politique est basée sur cette échéance. Ces « ils » ce n’est ni vous ni moi bien sûr, c’est la classe politique et d’abord les candidats passés, présents, futurs et à venir de cette présidentielle. Comme vous êtes, je le suppose, assez perplexe devant cette psychose je vais essayer d’analyser avec vous les choses assez simplement.
En termes de candidats il y a deux candidats et demi auxquels s’ajoutent trois ou quatre pseudo- candidats ainsi que plusieurs petits non-candidats.
Les deux candidats sont Hollande et Sarkozy, le demi-candidat est Le Pen, les pseudo- candidats sont, Juppé, Fillon, Duflot, peut être Bayrou, Lagarde, les petits non-candidats sont tous les autres du style Mélenchon, Poudou, de Villiers et autres Eva.
Donc, la situation se simplifie déjà pas mal, puisque comme il n’y a que deux candidats, ce sera l’un d’eux le président. Lequel, c’est ce qu’on va essayer de déterminer.
Évidemment vous pouvez vous étonner qu’on retrouve les deux mêmes que le coup d’avant. Mais l’un est le candidat sortant et son camp n’a strictement personne à mettre à sa place. Pour l’autre on pourrait croire que Juppé, par exemple ferait un meilleur candidat, mais il faut que vous sachiez que ce n’est jamais la qualité du candidat qui compte mais seulement le poids du lobby qui le soutien.
Ah oui, le demi-candidat vous intrigue, mais Le Pen est à la fois un peu candidate, parce qu’elle cherche à faire un score et un peu non-candidate parce qu’elle voudrait éviter d’être au second tour.
Quand je dis que les autres sont des pseudo-candidats, je m’explique. Les pseudo-candidats sont chargés de récolter des voix pour les deux candidats. Ils ne sont pas là pour être élus, mais surtout pour faire provision de voix pour le second tour des deux candidats en offrant donc un pseudo-choix.
Quand aux petits non-candidats, ils ne sont pas là non plus pour être élus, car ils savent qu’ils n’ont aucune chance, non plus pour faire réservoir de voix pour les candidats parce qu’à ce moment-là personne ne voterait pour eux. Non, ils sont là simplement pour donner l’illusion de la démocratie. C’est le rôle que leur ont défini nos institutions et, hélas, ils jouent le jeu.
Ces petits non-candidats sont même le maillon faible de tous nos efforts pour essayer de changer la politique, car, par leur présence, ils ne font que légitimer l’élection d’un des candidats. C’en est même honteux. Parce que s’il vous plaît dites-moi ce que Sarkozy a fait des 18 % de Bayrou et des 10 % de Le Pen, ou ce que Hollande a fait des 17 % de Le Pen et des 11 % de Mélenchon. Eh bien ils n’en ont rien fait parce que ces pseudos et petits candidats sont les larbins du système électoral et que les larbins n’ont pas voix au chapitre.
Bien sûr je ne parle pas des 3 % de euh je ne sais même plus leurs noms. Je me souviens qu’il y avait des femmes, aussi des hommes, euh ben euh, c’est tout.
Continuons notre raisonnement.
Comme il n’y a que deux candidats, en théorie seuls ceux qui ont vraiment envie de voter pour eux devraient se déplacer. Tous les autres comme vous et moi devraient rester chez eux. En effet, à quoi ça sert de voter pour quelqu’un dont on ne souhaite pas qu’il soit élu. A rien bien sûr.
Hein qu’est-ce que vous dites ? Ah oui il y a les pseudo-candidats. Eh bien la situation est la suivante : à quoi ça sert de voter pour quelqu’un qui ne veut pas être élu. A rien bien sûr.
Il y a aussi les petits non-candidats qui n’ont, tout le monde le sait, aucune chance d’être élus. Mais alors, à quoi ça sert de voter pour quelqu’un qui n’a aucune chance d’être élu. A rien bien sûr.
Entrons maintenant dans le détail.
Comme vous le savez, seuls les deux gagnants du premier tour ont droit au second. Normalement, bien qu’elle fasse tout pour éviter cela, celle en tête du premier tour sera Le Pen, parce que la population a vraiment envie de protester. Pour le deuxième qualifié, nous avons Hollande ou Sarkozy.
Mais Le Pen en tête, ça veut plutôt dire qu’elle aura pris, surtout, des voix à Sarkozy. Donc, les deux qualifiés du premier tour seront Le Pen et Hollande. Mais il est envisageable que Le Pen ne soit pas en tête mais en deuxième position. Ca veut dire que le vote protestataire frontiste a un peu moins bien marché et donc que l’anti frontisme a un eu un petit sursaut, et c’est donc Hollande qui en profite et qui est en tête.
Le cas où Le Pen arrive en troisième position, ce qui est son objectif, est-il envisageable ? Réponse non, essentiellement parce que Hollande et Sarkozy font tout pour qualifier Le Pen, dans le seul but d’être avec elle au second tour et, accessoirement, parce que personne ne veut une simple répétition de l’élection de 2012, qui de toutes façons, donnerait le même résultat.
Avant de passer au second tour, pouvons-nous envisager que l’un des pseudo-candidats se qualifie ? Voyons ça. Ce n’est même pas la peine de parler de Duflot, Bayrou et autres Hulot. Non, seuls peuvent être évoqués, pour le moment, Juppé ou Fillon. Ils sont du sérail. Ils ont montré leur aptitude à berner la population, on peut donc en parler.
Le cas à étudier serait donc Le Pen en tête et Juppé ou Fillon devant Sarkozy et Hollande. Devant Hollande, ce n’est pas possible, car Juppé c’est Chirac comme Hollande et Fillon est un peu faible en soutiens. Il y a aussi que tous les socialistes ont envie de garder leur place au soleil et vont donc éviter les éparpillements éventuels.
Devant Sarkozy, ça peut encore s’envisager à l’heure actuelle, mais ça deviendra de moins en moins possible au fur et à mesure des étapes de sa qualification. De toute façon, comme ils ne peuvent pas être devant Hollande le problème est résolu.
Bien sûr il y a d’autres résultats envisageables au premier tour. Mais par exemple Hollande Juppé ou Hollande Fillon sont strictement impossibles à moins que Le Pen et Sarkozy soient frappés par la foudre. Bien sûr je n’évoque même pas un Sarkozy Juppé ou un Sarkozy Fillon.
On en reste donc à un premier tour qualifiant Le Pen et Hollande dans l’ordre que vous voulez.
Nous pouvons donc passer au second tour. La situation n’est pas aussi simple qu’il y paraît, puisque l’histoire ne se répète jamais et que donc nous ne pouvons pas nous servir du cas antérieur Le Pen Chirac. Bien sur la victoire de Hollande ne fait aucun doute, puisque les pseudo-candidats Juppé, Fillon et autres verseront leurs voix à Hollande.
La toute petite inconnue, c’est le score de Le Pen. Score relatif bien entendu puisque beaucoup d’électeurs ne voteront pas ou voteront blanc, ce qui revient à donner des voix au vainqueur, en l’occurrence Hollande. Le cas 49/51 est totalement exclu mais cependant on pourrait s’approcher de 45/55 ce qui serait une énorme victoire de Le Pen. Bien sûr un 41/59 serait un tout petit peu moins glorieux, mais le fait est que Le Pen pourrait approcher ou dépasser les 40 %. Il va sans dire qu’un 35/65 serait une gifle pour Le Pen, et c’est exactement ce qu’elle veut éviter.
Petit moment de détente, il y a un cas que nous n’avons pas envisagé, c’est celui ou les deux candidats et demi sont dans un mouchoir de poche par exemple 15,82, 15,83 et 15,84. Dans ces conditions, ne qualifier que les deux premiers ôterait toute légitimité au scrutin. Il se pourrait alors que les politiques trouvent un moyen pour que le second tour se fasse avec trois candidats, et ce serait le seul cas ou Le Pen aurait une chance de l’emporter. Mais rassurez-vous ce cas ne se produira pas car ce n’est jamais ce que l’on a prévu qui a le plus de chance d’arriver.
Bien, ce qui ressort de tout ça, c’est que l’élection de 2017 est déjà morte et enterrée et que ça m’étonnerait que vous ayez encore envie d’aller voter. Vous avez bien raison et c’est ce que j’appelle l’abstention constructive.
INCONVENIENTS POTENTIELS DE L’ABSTENTION CONSTRUCTIVE
Regardons maintenant quelles sont les objections que peut soulever notre abstention constructive.
– Il y a bien sur ceux qui disent : si au second tour il y a Le Pen Sarkozy je n’irai sûrement pas voter ou alors blanc. J’attire votre attention sur le fait que la seule différence entre tous les candidats c’est les lobbies qui les financent. Ensuite, je confirme que c’est bien au premier tour que se joue la légitimité, car la participation est censée indiquer que toutes les sensibilités politiques sont représentées et que donc la démocratie fonctionne. Ceux qui ne retrouvent pas leur candidat au second tour sont alors enclins à ne pas se déplacer, c’est humain mais ça n’a aucune signification politique.
Je confirme aussi que le vote blanc ne sert strictement à rien puisque, d’une part, il fait partie des votes comptabilisés mais, d’autre part, il ne figure pas dans les suffrages exprimés. Si le vote blanc était un suffrage exprimé alors oui il serait possible de voter blanc, car il pourrait priver de majorité, même relative, les candidats.
– On pourrait aussi croire, que suite à la présidentielle, il serait possible d’avoir des députés qui représentent et défendent vraiment les citoyens et contrebalancent le pouvoir du Président. C’est d’ailleurs ce dont certain se vantent dans les petits partis et organisations militantes, mais force est de constater que ce genre d’élus, quand il y en a, est toujours complètement sans pouvoir, soit pour des raisons de minorité, soit parce qu’en gros on ne peut pas changer grand-chose par le haut dans notre système. C’est le cas de tous les élus des petits partis de droite, du centre ou de gauche. Les seuls qui secouent un peu le cocotier sont ceux du FN qui, comme on le sait, sont fort peu nombreux.
– Il y a en a aussi qui diront : mais est-ce qu’un petit candidat n’a vraiment aucune chance. On l’a dit, Bayrou, qui est pourtant un conservateur arriéré comme on n’en fait plus, a fait 17 % et donc avec 5 ou 6 points de plus, aurait pu être qualifié. Alors pourquoi est ce qu’en 2017 un nouveau petit candidat ne ferait pas le score. Réponse : pour le moment, la population n’a pas du tout envie qu’arrive quelqu’un avec des idées. Les idées c’est forcément progressiste et ça la population n’en veut pas ; elle préfère et de loin la protestation mais ne veut pas de changements. Elle en a déjà trop vus. C’est pour ça qu’un candidat intéressant n’a absolument aucune chance et que Le Pen fera un bon score. Par contre, les électeurs, par lassitude, peuvent aussi être sensibles à ne pas aller voter en passant du « tous pourris » au « débrouillez-vous », c’est-à-dire mettez qui vous voulez mais sans nous. Ca peut venir et je compte là- dessus.
– On doit aussi s’assurer qu’il est concrètement possible d’avoir moins de 50 % de participation au premier tour. En effet il y aura toujours des incorrigibles demeurés qui voudront absolument voter pour « leur » candidat. Pour Hollande, le noyau est de l’ordre de 12 %, pour Sarkozy, le noyau est de l’ordre de 15 % et pour Le Pen, le noyau est de l’ordre de 9 %. Ca fait donc moins de 40 %. Certes c’est un chiffre à discuter mais ça tend à démontrer que l’abstention constructive est possible.
– Il y a aussi ceux qui disent que ça leur fait plaisir de voter pour les petits candidats, sympathiques et presque dévoués pour certains, voire même pleins d’idées. Que, comme ça, ils donnent un coup de pied, virtuel, aux politiques.
Bon je n’ai rien contre se faire plaisir, mais à 4 millions de sans- emplois, à 0,5° C le réchauffement tous les 10 ans, et 30 000 morts annuels pour protéger le bastion européen, je ne sais pas s’il ne faut pas introduire un peu de raisonnement dans notre plaisir. Et le raisonnement c’est se demander à qui profite le crime. Si je vais voter est ce que je suis sûr que quelque chose va changer. Ben heu oui ça se discute, eh bien alors n’ayez pas peur de réfléchir un peu.
– Alors il y a ceux qui disent que les politiques s’en fichent pas mal d’avoir peu de voix du moment qu’ils sont élus. C’est tout à fait vrai aujourd’hui, mais ce que je dis c’est que leur pouvoir de nuisance est proportionnel au bon fonctionnement de nos institutions. Le pilier de nos institutions c’est l’élection du Président, ensuite tout est dit. Si donc nous privons le président de sa légitimité, certes il restera nuisible, mais notre dépendance à son égard aura fortement diminuée et ça c’est capital parce que c’est le changement de mentalité que nous attendons tous et qui seul rend les choses possibles. Vraiment il faut secouer notre dépendance et le non-vote est une affirmation claire que nous existons et que nous désavouons les pratiques politiques actuelles.
– Une autre objection peut être que la prise de conscience du non-vote risque de concerner surtout les électeurs déjà un peu éclairés, ce qui favoriserait les votes pour les deux candidats et demi. Pourquoi pas, mais est-ce grave ? Je vous rappelle que le but est d’arriver à moins de 50 % de votants au premier tour ce qui priverait de légitimité le Président quel qu’il soit.
– Il y a aussi ceux qui disent que ma critique de la caste politique est la même que celle que fait Le Pen et que j’ai donc le discours du FN. Quoique rapide c’est un peu vrai, mais je ne vois pas ce que l’on peut en conclure, à part que le FN ne dit pas toujours des bêtises.
J’ajoute et ça, par contre, ça en fait bondir plus d’un, que Le Pen n’est pas dangereuse et que les milices fascistes ce n’est pas avec Le Pen que vous les aurez c’est avec Hollande que vous les avez, Les Bonnets rouges, les manifs et les milices FNSEA, les commandos intégristes, la famille pour tous, j’en passe et des meilleures, ce n’est pas du futur c’est maintenant. Alors cessez de faire comme Hollande et Sarkozy qui utilisent le FN comme un simple repoussoir, dans le but d’être contre Le Pen au second tour en se disant que c’est la seule façon de gagner.
Suite à cette discussion, il devient maintenant clair que ne pas voter est la seule attitude possible pour essayer d’inverser la vapeur.
Et en plus je vous explique que c’est constructif
Michel Costadau
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