Synthèse du rapport de la Commission pour la vérité sur la dette grecque Publié le 22 juin 2015 par Collectif pour un audit citoyen
Synthèse du rapport de la Commission pour la vérité sur la dette grecque
Publié le 22 juin 2015 par Collectif pour un audit citoyen
Note : Le rapport préliminaire de la Commission pour la vérité sur la dette publique grecque est disponible en version anglaise (cliquer ici).
En juin 2015, la Grèce se trouve à un carrefour. Elle doit choisir entre la poursuite des programmes d’ajustement macroéconomiques imposés par ses créanciers ou briser les chaînes de sa dette. Cinq ans après le début des programmes d’ajustement, le pays reste plongé dans une grave crise économique, sociale, démocratique et écologique. La boîte noire de la dette n’a pas été ouverte. À ce jour, aucune autorité, grecque ou internationale, n’a cherché à faire la lumière sur les causes et les modalités d’assujettissement de la Grèce au régime de laTroïka. La dette, au nom de laquelle rien n’a été épargné à la population, reste le dogme au nom duquel est imposé un programme d’ajustement néolibéral qui s’accompagne de la plus profonde et la plus longue récession jamais connue en Europe en temps de paix.
Prendre à bras-le-corps un ensemble de problèmes sociaux et économiques est une impérieuse nécessité autant qu’une responsabilité sociale. Prenant acte de cela, le Parlement Hellénique a mis en place en avril 2015 la Commission pour la Vérité sur la Dette publique grecque. Il lui a donné mandat pour mener des investigations sur l’origine et l’augmentation de la dette publique, la façon dont cette dette a été contractée et les raisons qui y ont amené, enfin sur ces l’impact qu’ont eu sur l’économie et la population les conditionnalités attachées à ces contrats. La Commission pour la Vérité a pour mission d’amener à une prise de conscience sur les questions relatives à la dette grecque, tant sur le plan interne qu’au niveau international, de formuler des arguments et de proposer des scénarios relatifs à l’annulation de la dette.
Crise grecque : le poison français, par Philippe Marlière
« Le gouvernement grec se prépare au défaut de paiement » par Athanase Contargyris
Le gouvernement d’Alexis Tsipras se prépare au défaut de paiement sur sa dette publique, annonce l’économiste grec Athanase Contargyris. Pour lui, l’échec des négociations et les prochaines échéances ne laissent aucune autre hypothèse de sortie de crise.
Membre de la commission pour la vérité sur la dette publique mise en place par le Parlement grec, qui doit rendre son rapport préliminaire dans quelques jours, l’économiste Athanase Contargyris explique les raisons qui poussent le gouvernement d’Alexis Tsipras à envisager dans les prochaines semaines le défaut de paiement sur sa dette publique.
Les négociations sur les mesures d’économies exigées de la Grèce en contrepartie du versement d’une tranche de prêt de 7,2 milliards d’euros ont encore échoué. A-t-on envisagé le défaut de paiement en Grèce ?
Athanase Contargyris : Oui la Grèce va très probablement faire défaut sur sa dette publique le 30 juin : plus exactement elle ne paiera pas le Fonds monétaire international (FMI) le 30 juin et aura 30 jours pour rembourser le FMI avant d’être déclarée en défaut. En revanche, elle pourrait faire défaut le 20 juillet pour ce qui concerne les remboursements à la Banque centrale européenne (BCE), dans le cas d’un échec des négociations avant cette échéance.
La Grèce, une chance pour l’Europe – Appel à signer
L’audit de la dette grecque, une idée qui a fini par percer, par Amélie Poinssot (Médiapart)
L’idée a mis du temps à faire son chemin au sein de Syriza. Elle a finalement été portée par la présidente du parlement, Zoi Konstantopoulou : pour négocier une restructuration de la dette grecque avec les créanciers, il faut d’abord déterminer dans quelles proportions elle est légale, légitime, et soutenable. Début avril, une « commission pour la vérité sur la dette grecque » a été mise sur pied ; elle commence ses travaux en ce début mai.
Athènes, de notre envoyée spéciale.- Quand il rencontre pour la première fois les responsables économiques de Syriza, en 2010, pour leur parler audit de la dette, l’accueil est plutôt froid. Yorgos Mitralias, militant depuis toujours, membre grec du CADTM (« Comité pour l’annulation de la dette du tiers-monde ») se trouve alors à Berlin, pour la préparation du forum social européen. Cet ancien journaliste économique en est convaincu : la totalité de la dette grecque n’est pas légitime, et elle est insoutenable à long terme. Yannis Dragasakis – aujourd’hui n° 2 du gouvernement – et Gabriel Sakellaridis – porte-parole de l’exécutif – l’écoutent poliment. Sa proposition ne sera pas retenue par le parti, qui siège alors à Athènes sur les bancs de l’opposition.
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Grèce, l’heure des choix, par Alexis Cukier et Pierre Khalfa
Alexis Tsipras « doit faire atterrir ses troupes et que Syriza redescende sur terre ». Ainsi s’exprime le ministre des Finances et des Comptes publics Michel Sapin . Cette phrase est un condensé politique. Elle combine le mépris à l’égard de la Grèce et de Syriza. Mépris, quand le peuple grec est comparé à des militaires aux ordres d’un chef. Incapable donc de réfléchir par lui-même, il faut le faire « atterrir ». Renoncement à tout projet de transformation sociale avec l’injonction faite à Syriza de « redescendre sur terre ». Pour ceux qui avaient l’illusion que le gouvernement français pouvait avoir une attitude bienveillante envers le gouvernement grec, cette déclaration, après l’attitude hypocrite de la France lors des réunions de l’Eurogroupe, sonne la fin des illusions. La Grèce est dramatiquement seule.
Le programme de Syriza et le premier accord avec l’Eurogroupe
La position du gouvernement grec dans les négociations en cours ne peut être comprise sans rappeler trois facteurs politiques déterminants : les dégâts économiques et sociaux causés par la « cure d’austérité » imposée par la Troïka, le programme de Syriza et le nouvel équilibre des forces politiques en Grèce après les élections du 25 janvier 2015.
Grèce : comment TSIPRAS a renversé la situation
En agissant avec prudence et détermination, Alexis TSIPRAS a su contourner la stratégie du « noeud coulant » des Européens. Désormais, la pression est de nouveau sur Angela Merkel.
Et si, désormais, la pression dans l’affaire grecque s’exerçait surtout sur les… Européens ? A mesure que l’on se rapproche de la date cruciale du 9 avril, où l’État grec devra débourser 458 millions d’euros au FMI, on assiste en effet à un remarquable retournement. Progressivement, le gouvernement grec, en ayant su ne pas céder sous la pression de ses créanciers, retrouve une position de force qui est celle, naturelle dans les négociations de ce type, du débiteur face à son créancier et où ce dernier doit accepter les conditions du premier ou risquer de tout perdre.
La stratégie européenne
Pourtant, voici encore dix jours, lorsqu’Alexis Tsipras se rend à Berlin pour rencontrer la chancelière, la situation d’Athènes semble désespérée. Et chacun pense que le nouveau premier ministre va céder. Les Européens continuent alors à appliquer leur stratégie du « nœud coulant ». L’idée est simple : le temps joue alors, croit-on à Bruxelles, pour les créanciers. Les dépôts des banques grecques se vident, la situation économique se dégrade, la BCE peut, à tout moment, faire imploser le système bancaire grec en coupant l’accès à la liquidité d’urgence.
Discours de la présidente du Parlement grec, Zoe KONSTANTOPOULOU, à la session inaugurale de la Commission de vérité de la dette publique
Messieurs et Mesdames, nous vous remercions de votre présence à l’événement d’aujourd’hui qui est d’importance historique et marque le début du remboursement d’une vraie dette : celle de dire la vérité et de rendre des comptes au peuple et à la société grecque sur comment a-t-elle été créée et gonflée, la dette qui est suspendue au-dessus des têtes des citoyens et des jeunes générations. La dette publique qui est utilisée comme instrument de chantage et d’asservissement, comme moyen de soumission, dans des conditions qui n’ont rien à voir avec l’objectif statutaire européen de prospérité des peuples et des sociétés, des conditions qui, au lieu de garantir, de servir les principes œcuméniques de démocratie, d’égalité, d’équité, de respect des droits de l’homme et des libertés ainsi que de progrès social, produisent le rétrécissement des espaces démocratiques, des discriminations, des exclusions, de la misère et la crise humanitaire.
La dette ne constitue pas un signe des temps. Elle est le résultat d’actes et d’omissions, de contrats d’emprunt aux conditions léonines et aux effarants taux d’intérêt, d’actes et de gestions financières, mais aussi de contrats marqués par la corruption, qui ont catapulté la dette et dont témoigne foule de dossiers se trouvant au Parlement et à la Justice
Retour sur la Loi Macron, par Henri Sterdyniak et Olivier Passet (Regards)
Deux économistes, Henri Sterdyniak et Olivier Passet, viennent de faire le bilan de la loi Macron. Instructif, alors qu’après son passage au Sénat, celle-ci fera bientôt retour à l’Assemblée nationale pour adoption définitive.
« C’est en nous battant jusqu’au dernier quart d’heure que nous gagnerons ! En 2017 on aura changé le pays », a déclaré Emmanuel Macron tenant meeting à Fresnes, quelques jours avant le premier tour des élections départementales. Le moins que l’on puisse dire est que la formule, inventée par le ministre socialiste résidant Robert Lacoste durant la guerre d’Algérie, a laissé un mauvais souvenir [1]. Le ministre de François Hollande l’a-t-il remise au gout du jour par provocation, par ignorance, ou par lapsus ? En tout cas il ne l’a pas fait par hasard. Alors que la défaite du PS aux élections départementales devrait, logiquement, rouvrir le débat sur la politique du gouvernement, Emmanuel Macron s’affiche par avance en chef de file de ceux qui ne se contentent pas de refuser un changement de trajectoire à gauche, mais réclament au contraire une nouvelle accentuation des réformes libérales.
CADTIM GRECE : Lancement de la commission d’audit de la dette
La présidente du Parlement grec, Zoé Konstantopoulou, a annoncé ce mardi 17 mars 2015 lors d’une conférence de presse la constitution d’une commission d’audit de la dette publique grecque. Cette commission sera coordonnée sur le plan scientifique par Éric Toussaint, porte parole du CADTM International et ex membre de la commission d’audit de la dette équatorienne en 2007-2008.
« L’objectif est de déterminer l’éventuel caractère odieux, illégal ou illégitime des dettes publiques contractées par le gouvernement grec », le peuple « a le droit de demander que la partie de la dette qui est illégale – si cela est avéré à l’issue de la commission – soit effacée », a déclaré la présidente du parlement grec. Sofia Sakorafa, députée européenne Syriza, qui a pris la parole à la conférence de presse aux côtés de Zoé Konstantopoulou et d’Eric Toussaint, a accepté de faire le lien avec le Parlement européen. (suite…)