Jan 13
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mercredi, 13 janvier 2016 dans
International
Une fois de plus, Manuel Valls se livre à la pratique détestable et éminemment dangereuse de l’amalgame. Confusion générale entre dénonciation légitime de l’antisémitisme et soutien, à peine voilé, à la politique coloniale israélienne qu’il ménage de toutes ses forces.
Samedi, lors de la cérémonie d’hommage aux victimes de l’Hyper Cacher organisée par le CRIF, il a délibérément assimilé la critique de l’Etat d’Israël à l’antisémitisme. Il l’a fait en jouant sur les mots pour associer l’antisémitisme, qui est une réalité, avec ce qu’il a qualifié de « détestation compulsive de l’Etat d’Israël », ajoutant, au cas où le mouvement de solidarité avec la Palestine ne se serait pas senti visé, « comment accepter qu’il y ait des campagnes de boycott ? ».
Et dans un effet de manche propre à flatter son public rappelé qu’il combattait l’antisémitisme « qu’il vienne de l’extrême droite ou de l’extrême gauche… » Saisissant effet de mimétisme avec l’organisateur de la cérémonie, le CRIF, qui depuis des années semble avoir troqué sa vocation à représenter les institutions juives de France contre le rôle de défenseur inconditionnel de la politique israélienne, fût-elle celle du gouvernement le plus extrémiste et raciste qui ait été au pouvoir à Tel-Aviv.
A l’heure où la société française apparaît plus dangereusement fracturée que jamais, de tels propos sont davantage ceux d’un pompier pyromane que d’un responsable politique qui chercherait à répondre aux défis du terrorisme de Daech.
Nous ne cessons de le répéter : si l’on veut s’opposer de façon crédible par tous à toutes les formes de racisme, dont l’antisémitisme, il faut marquer que la critique de la politique d’un Etat ne saurait être confondue avec la mise en cause d’une communauté.
C’est ce que nous faisons en toute clarté en menant campagne pour le boycott, le désinvestissement, les sanctions à l’égard d’Israël tant que cet Etat ne se conformera pas au droit international.
Le Bureau national de l’Association France Palestine Solidarité
Déc 31
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jeudi, 31 décembre 2015 dans
International
L‘année 2015 avait commencé par des mesures de rétorsion israéliennes suite à la volonté palestinienne d’obtenir un vote du Conseil de sécurité pour la reconnaissance de l’État de Palestine. Elle s’achève, comme l’ONG israélienne « La Paix Maintenant » a réussi à l’obtenir, par la publication d’un plan de construction de plus 55.000 logements dans les colonies, dont plus de 8.300 dans la zone dite E1 au nord-est de Jérusalem.
C’est un chiffre énorme, sans commune mesure avec les annonces faites jusqu’alors à ce sujet. Elles se succédaient ces dernières années avec un ordre de grandeur tournant autour de quelques centaines de logements et provoquaient rituellement la réprobation, voire la condamnation verbale des chancelleries.
Ce fut le cas en juillet dernier quand, après avoir été contraint par la Cour suprême de détruire deux maisons en construction dans la colonie de Beit El, le gouvernement israélien répliqua par l’annonce de la construction immédiate de 300 logements dans cette même colonie et par « la planification » de plus de 500 logements à Jérusalem-Est. Cela lui valu une nouvelle condamnation verbale. Ou en novembre avec le lancement d’un peu plus de 450 logements dans deux colonies de Jérusalem, Ramat Shlomo et Ramot.
On est désormais passé à un tout autre stade, avec un message politique clair : rendre impossible l’établissement d’un Etat palestinien en séparant Jérusalem-Est de la Cisjordanie et en coupant la liaison Nord-Sud à l’intérieur même de la Cisjordanie.
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Oct 15
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jeudi, 15 octobre 2015 dans
International, Point de vue
Le couteau de cuisine – l’arme du désespoir
« Troisième Intifada »? s’interrogent les éditorialistes. La question me semble sans grande importance: ce qui est certain par contre, c’est que nous sommes témoins de la fin d’une longue période de calme relatif en Cisjordanie occupée, en particulier a Jérusalem et dans sa grande banlieue. Un calme relatif lie a l’attente d’un éventuel débouché des initiatives diplomatiques menées par Mahmoud Abbas sous les conseils-pressions des Etats-Unis et des pays de l’Union Européenne.
Tout semble indiquer que le long sursis donne au Président palestinien par sa propre population touche a sa fin. Abou Mazen n’a rien obtenu, ne serait-ce que dans le domaine du symbolique. Au contraire, il s’est attrapé des gifles humiliantes de la part d’un gouvernement israélien qui se refuse même a faire semblant de jouer dans la pièce tragico-grotesque que l’on nomme « processus de paix ».
Les dernières provocations israéliennes se sont passées sur l’Esplanade des Mosquées, le site le plus sensible pour les Palestiniens (et pour un milliard et demi de musulmans a travers le monde) sous la forme de parades musclées de la part de plusieurs ministres et députés de la droite au pouvoir, et la profanation d’el Aqsa par les forces de police israéliennes.
Si l’on s’obstine a appeler les événements actuels « Intifada », il est vraisemblable qu’on la nommera l' »Intifada des couteaux », c’est-à-dire une longue série d’initiatives individuelles ou des hommes et des femmes, jeunes pour la plupart, s’en prennent a des soldats ou a des civils israéliens avec un couteau, un cutter ou même un tournevis. Ils savent qu’ils risquent leur vie, d’autant que Netanyahou et ses sbires ont appelé la population à s’armer et à tirer sur ceux qui attaquent des Juifs, « tirer pour tuer » ont-ils insisté. (suite…)