Lisle sur Tarn aux couleurs de l’Andalousie
Dans la dernière livraison du « Lot en action », cet article que nous reproduisons ci-dessous. . .
Merci à l’équipe de ce journal alternatif voisin !
Lisle sur Tarn aux couleurs de l’Andalousie
Par Bluboux
Nous vous l’avons annoncé avec tambours et trompettes dans notre dernier numéro : le samedi 17 septembre, la petite ville de Lisle sur Tarn recevait, à l’initiative d’un collectif d’associations militantes (1), le maire de Marinaleda, Juan Manuel Gordillo.
L’information a vraiment circulé dans les réseaux, puisque près de 500 personnes se sont déplacées pour venir voir les films présentés, mais surtout assister et participer au débat avec Juan Manuel.
Et 500 personnes, sur la place d’un village, ça fait vraiment beaucoup de monde, au point d’effacer la « petite » manifestation organisée au même moment avec Madame de Fontenay, venue présider l’élection d’une miss locale. De voir cette dame d’un âge fort… respectable, très élégamment habillée et chapeautée, au milieu de militants venus rencontrer le maire de la seule ville autogérée d’Europe avait un parfum singulier !…
Aucune publicité donc pour cette journée.
L’information a simplement circulé dans les réseaux, par mail, téléphone, courrier.
Pourtant les citoyens sont venus de partout.
Nous étions nombreux du Lot, mais avons également rencontré des personnes qui venaient du Gard, de l’Hérault, du Gers, de la côte basque !
Une belle réussite donc. Nous avons pu également interviewer Juan Manuel Gordillo, et nous publierons, dans un prochain numéro, une synthèse de cet entretien.
Pour ceux qui ne connaissent pas l’histoire de Marinaleda, nous vous conseillons de lire les deux derniers numéros du journal (n°38 et 39 que vous pouvez nous demander par mail, gratuitement, en version pdf), ou bien encore de vous reporter sur les adresses de sites internet ci-dessous.
Rappelons simplement qu’au moment de la disparition de Franco, l’Andalousie est une région extrêmement pauvre. Les gens n’ont pas de travail, vivent dans des conditions très difficiles (souvent trois générations sous le même toit), ne mangent pas à leur faim.
Beaucoup n’ont pas d’autre choix que de partir pour espérer trouver du travail ailleurs. Ceux qui arrivent à travailler sur place sont majoritairement des journaliers, qui triment aux champs.
C’est alors que les gens décident de se battre et de récupérer les terres sur lesquelles ils sont exploités, qui appartiennent à un aristocrate, ami personnel du Roi d’Espagne.
La terre à ceux qui l’exploitent.
Vont suivre douze années de luttes, âpres, mais aux termes desquelles la petite ville de Marinaleda va récupérer 1.200 hectares de terre.
12 années de luttes durant lesquelles les habitants restent mobilisés et n’hésitent pas à aller occuper les bâtiments officiels jusqu’à Séville !
Leur combat est légitime.
Pour exploiter ces terres ils ont créé une coopérative, autogérée, dont l’objectif n’est pas de faire des bénéfices, mais de créer de l’emploi.
Aujourd’hui la ville compte près de 3.000 habitants et connait le plein emploi ! La fourchette des salaires va de 1 à… 2 ! La municipalité met à la disposition des habitants des terrains, payent les matériaux et les maçons, et les habitants participent à la construction de leurs maisons. Ils ne versent ensuite que 15 euros par mois par avoir un toit, une maison qui offre tout le confort moderne.
La ville a des équipements à faire pâlir nombre de municipalités espagnoles plus importantes : plusieurs piscines dont une couverte, garderie pour 12 euros pas mois, équipements sportifs…
La ville est gérée par une assemblée, qui se réunit une cinquantaine de fois par an et où les décisions sont prises à main levée (budget, travaux, urbanisme, social).
Juan Manuel est régulièrement réélu depuis plus de trente ans !
Il y a bien sûr des difficultés, tout de même, à Marinaleda et tout n’est pas idyllique.
Cette extraordinaire aventure pose également des questions, notamment face à la crise, aux développements, aux choix (se convertir au bio, quel type de production, etc.).
Mais force est de constater qu’au moment où le système économique, le capitalisme, s’épuise et nous entraîne dans sa chute ; nous n’avons d’autre choix que celui d’inventer, de créer.
L’expérience des habitants de Marinaleda est une alternative.
Un bel espoir.
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