ob_9c2537_manif-fnseaEn octobre 2015, l’évêque de Vannes dans la très catholique Bretagne, célébrait une messe à Sainte-Anne-d’Auray devant 600 croix blanches témoignant de suicides par centaines de paysans en France. Quelques mois plus tard, le Salon de l’agriculture accueille le président de la République sous les huées de paysans médusés, à cran et à bout, ulcérés de voir déambuler leur ministre avec le président de la FNSEA, Xavier Beulin, censé aplanir leur colère.

Tout a été dit sur cet industriel proche de Sarkozy représentant d’une profession acculée au pire à cause de ses recommandations, d’autant que sa propre position d’acteur économique, à travers sa société Avril, le place directement en porte-à-faux avec des agriculteurs, dès lors qu’il s’agit de transformer une matière première alimentaire en produits (biodiésel) à haute valeur ajoutée. Cette situation ubuesque a le mérite de souligner comment des «industriels» et des «distributeurs» considèrent par exemple le lait comme une vulgaire matière première, sans valeur en soi, destinée à des opérations de «craquage» visant à extraire des produits plus rentables (caséine, phosphate de calcium, immunoglobulines) revendus à d’autres secteurs industriels (pharmaceutique, cosmétique, polymères, etc.). Que Xavier Beulin cesse de se draper derrière le paravent des «paysans» alors qu’il défend des intérêts industriels. En définitive, la politique suicidaire qu’il défend fait le jeu des acteurs de la chimie industrielle (intrants et semenciers) et des distributeurs. Et les paysans dépossédés depuis des décennies de leur savoir-faire, inféodés aux recommandations «techniques» d’une agriculture intensive longtemps portée au pinacle par l’Inra.

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