SYRIE : LE CLAIR /OBSCUR pae Patrick MIGNARD
Publié le lundi, 24 juin 2013 dans Point de vue
Souvenez-vous : 1936-37-38… l’Espagne
La pièce est d’un grand classique : unité de temps, unité de lieu, unité d’action
Sur la scène, deux camps irréductibles, une lutte à mort, deux conceptions totalement incompatibles entre un fascisme avoué et des principes républicains, entre les défenseurs de l’oligarchie terrienne et ceux qui voulaient un changement social radical. Une lutte atroce où tous les coups étaient permis ;
Dans la salle, en spectateurs, les puissances européennes et quelques autres : les unes, les Etats fascistes prenant ouvertement et concrètement partie pour les fascistes (logique direz-vous !), les autres, les soutiens des républicains qui, soit par lâcheté, compromission ou stratégie politique, les soutiennent plus ou moins. Ceux-ci sont divisés, voire en conflits les uns avec les autres. Certains d’entre eux, soutenus par les soviétiques, sont un danger potentiel pour certains Etats favorables aux républicains, mais aussi pour des factions de la République.
Bref, le carnage se déroule aux yeux de tous, avec la détermination farouche des uns, les hésitations et les craintes des autres. La suite, on la connait !……
Il est vrai qu’il n’y a pas deux situations identiques dans l’Histoire, mais il y a des logiques, des comportements, des dynamiques qui sont identiques. C’est au nom, et en vertu, de la similitude de ces logiques que l’on doit pouvoir tirer des leçons de l’Histoire, sinon, ce travail est impossible et le travail de mémoire, inutile.
Revenons maintenant à la « pièce » qui se joue actuellement en Syrie. Bien sûr l’époque est différente, les acteurs sont différents, les enjeux, diplomatiques, politiques mais pas éthiques, le sont aussi. Peut-on affirmer, qu’au nom de ces différences, les logiques ne se ressemblent pas ?
Il est clair qu’on laisse un assassin continuer à exterminer son peuple avec le soutien d’un autre assassin – le bourreau de la Tchétchénie – mais reconnu et respecté, lui !
Il est clair que, dans le pays, l’opposition à l’assassin est divisée, voire hétérogène et peut même représenter à certains égards un risque de dérive dangereuse.
Il est clair que le soutien du « bourreau » à son protégé est connu de tous et que lui-même le revendique, dénonçant au passage tout soutien au camp adverse, ce qui est le comble du cynisme
Il est, une fois encore, clair que rien ne sera fait pour arrêter le massacre.
On se gargarise officiellement d’Histoire et de devoir de mémoire,… mais, au juste, ça sert à quoi ?
23 juin 2013
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