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La Troïka dynamite le casino … et le peuple chypriote, par ATTAC

Publié le mardi, 26 mars 2013 dans Gauche de combat, International, Notre Economie et la leur

propositionLe nouveau plan de « sauvetage » de Chypre dépasse en brutalité tout ce que l’Union avait déjà imposé aux pays du Sud européen. Certes, le gouvernement chypriote et la Troïka ont renoncé à taxer les petits déposants, et le sort réservé aux gros clients des banques chypriotes – qui perdront une bonne part de leurs avoirs financiers – ne mérite pas de larmes. Mais le plan, imposé par un ultimatum sans précédent de la BCE, épargne les banques européennes, en particulier la BCE, qui ont pourtant accompagné Chypre et ses banques dans l’édification d’un paradis offshore en zone euro.

Le nouveau plan de l’Eurogroupe, visant à restructurer les deux principales banques, permet à la Troïka de se dispenser du vote du Parlement chypriote. Et ce sera la population chypriote qui paiera le plus lourd tribut à l’effondrement programmé de son économie.

Pour la première fois de l’histoire de la zone euro, la Banque centrale européenne a imposé ses vues à un pays souverain en le menaçant explicitement de l’expulser de la zone euro. Ce précédent est d’une extrême gravité.


Le 19 mars le Parlement chypriote avait refusé le plan concocté par son gouvernement conservateur et la Troïka. Dans un communiqué du 21 mars la BCE adressait un ultimatum au Parlement de Chypre : si vous n’acceptez pas notre plan avant le lundi 25 mars nous coupons la ligne de crédits d’urgence qui maintient à flot vos banques. La faillite des banques et l’interruption des prêts aurait conduit l’État chypriote à devoir les recapitaliser par ses propres moyens, probablement en sortant de l’euro pour recréer une monnaie nationale.

Bien sûr, le système bancaire chypriote était un refuge pour des oligarques, pas seulement russes, à la recherche d’une fiscalité complaisante. Mais l’Union européenne n’avait jamais vraiment trouvé à y redire, au nom de la concurrence (fiscale) libre et non faussée. La taxation des dépôts supérieurs à 100 000 euros, en soi plutôt une bonne idée, va provoquer une fuite des capitaux et un effondrement de l’économie chypriote, trop dépendante de ses banques. Cette mesure va aussi accélérer la fuite des capitaux qui a déjà commencé depuis les autres pays du Sud européen vers l’Allemagne, la Suisse, le Luxembourg…

La crise va s’aggraver, et la sortie de Chypre de la zone euro pourrait n’être que retardée de quelques mois. Quand le commissaire aux Affaires économiques, Olli Rehn, déclare qu’il « fera tout son possible pour alléger les conséquences sociales » de ce plan, il se moque ouvertement du monde. La Commission ne fait rigoureusement rien pour aider les peuples des pays en difficulté, bien au contraire, puisqu’elle continue à leur imposer des programmes d’austérité sans fin destinés à satisfaire les marchés financiers.

A Chypre comme ailleurs en Europe, il faudrait pourtant de toute urgence des financements massifs appuyés par la Banque centrale européenne pour enclencher la transition énergétique et créer des emplois. Avec une annulation de la dette et une socialisation des banques, il serait ainsi possible de refonder la zone euro et lui redonner un avenir… Tout à l’inverse des diktats de la Troïka, qui au-delà de Chypre, visent clairement à décourager tout velléité des peuples grecs, portugais ou espagnols de relever la tête.

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  1. admin dit :

    Deux réactions sur les listes de discussion des Alternatifs
    Celle de Philippe Z (Paris)

    Dans cette réaction d’ATTAC, avec laquelle je suis d’accord dans son ensemble, il y a une phrase avec laquelle je suis franchement en désaccord, à savoir :”la taxation des dépôts supérieurs à 100 000 euros, en soi, est plutôt une bonne idée”, d’autant plus qu’il a été dit que cette “bonne idée” pourrait être utilisée pour tout autre pays. Ces dépôts sont, en partie, de l’épargne et cette bonne idée risque de créer une vaste crise de confiance à l’égard des dépôts bancaires, non seulement à Chypres, mais en Europe, y compris de la part des simples particuliers qui sont largement majoritaires pour ce genre de dépôts. 100 000 euros n’est pas une grosse somme, lorsqu’elle représente l’épargne de toute une vie, pour, par exemple, améliorer sa retraite ou acheter un appartement. Peu importe d’ailleurs le montant “couperet”: c’est le principe qui est en cause. Prenons le cas français : cela veut dire que tout particulier, qui dépose régulièrement de l’argent sur un compte d’assurance vie, pourra se dire : on pourra décider, à tout moment, de me prendre une bonne partie de ce dépôt patiemment constitué. Appelons un chat un chat : c’est du vol pur et simple. Mais où déposer son épargne, sinon dans une banque ? Va-t-on revenir au bas de laine ou aux lingots d’or sous le matelas? Et cela peut avoir des effets considérables pour le financement de l’économie du pays. Rien de pire qu’une crise de confiance.
    Je ne comprends pas ce propos d’ATTAC.
    D’ailleurs, cette “solution” risque de provoquer, dès maintenant, une grave crise et les économistes s’en inquiètent. IL n’y aura pas que les chypriote à vouloir retirer leurs économies des banques de dépôts…
    Philippe Z

    Et cette réaction de Michael de la fédération de l’Ardèche
    Bonsoir à tout-e-s
    Je n’y connais rien en économie chypriote, mais je me pose quelques questions.
     Quelle est la politique fiscale de Chypre ? Chypre est-elle un des pays qui nous pourrissent la vie en instaurant un taux d’imposition trop bas ? Ces pays – dont l’Irlande – servent de prétexte aux politiques libérales de désengagement de l’état pour permettre les baisses d’impôts aux hauts revenus. Ils sont aussi donnés en exemple par Depardieu, Pinault et consorts. Si c’est le cas, le prélèvement au-delà de 100 000 € ne serait qu’un impôt prélevé a posteriori.
     La crise de Chypre est-elle une crise des banques ayant favorisé la spéculation immobilière à outrance ? Il suffit d’aller en Crète pour constater les km d’hôtels vides bétonnant la côte nord. Si c’est le cas, refinancer les banques cypriotes en prélevant une part des dépôts est plus équitable que de les faire financer par l’ensemble de la population au moyen d’augmentation d’impôt. On peut aussi se demander, dans une société rurale, quelle est la part de la population n’ayant pas de comptes bancaires.
     Chypre est-elle une place financière favorisant le recyclage d’argent sale des oligarques et mafias russes. Si oui, contraindre le système bancaire à se réformer et fermer la banque la plus compromise n’est-il pas une solution plus juste que le refinancement des banques européenne sans contrepartie de contrôle et de meilleure gouvernance ?
     Les injures de Mélenchon n’empêchent-elles pas de se demander si les choix imposés par Bruxelles à Chypre ne marquent pas un changement radical de politique par le constat que les politiques d’austérité entrainent une spirale de crise sans fin et provoquent une colère des peuples incontrôlable ?
     Après ces questions, l’analyse d’ATTAC que « la taxation des dépôts supérieurs à 100 000€ est plutôt une bonne idée » est-elle acceptable ?

    Amitiés
    Michaël 07

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