Publié le
mercredi, 10 août 2016 dans
Construire des alternatives
Peinture de KALIE
D’entrée de jeu, il convient de dire que la notion d’alternative se distingue radicalement de celle d’alternance.
Il s’agit de sortir du jeu, privilégié par la démocratie représentative, aboutissant à ce que des pouvoirs, proches quant à leur mode d’exercice et quant à leur fond, se succèdent sans provoquer aucun changement majeur et occupent l’essentiel de l’espace dit « politique ». On en a un exemple flagrant avec la situation actuelle.
L’alternative apporte une rupture sur les deux aspects, qui sont d’ailleurs très liés.
Rupture quant au mode d’exercice du pouvoir politique. Afin de retrouver ce qu’il y a d’essentiel dans l’idéal de démocratie, l’alternative vise à privilégier le pouvoir du peuple, par lui-même et pour lui-même.
Concrètement, chaque fois que possible, les décisions sont prises,
Peinture de KALIE
qu’elles soient « petites » ou stratégiques, avec l’ensemble des individus concernés. Si cela n’est pas matériellement possible, nous disposons de nos jours d’outils d’échange à distance, en réseau, qui peuvent remplir une fonction identique, pourvu qu’ils soient utilisés dans le même état d’esprit et selon les mêmes règles qu’une AG. En particulier la règle de l’égalité : toute voix et toute expression vaut autant qu’une autre. Ce n’est pas simplement un problème de « libre circulation », selon une vision libérale des échanges. Il faut qu’un processus de prise décision soit explicitement engagé, avec toutes les conséquences pratiques qui en découlent. Donc : promouvoir une alternative à « simple gestion parlementaire » (qui n’est qu’une gestion alternée de l’existant). Ce qui est vrai à l’échelle politique l’est aussi à l’échelle d’une organisation
Rupture aussi et surtout quant au fond : l’alternative concerne le système économique et social lui-même. En clair : viser à sortir du capitalisme, à abandonner cette « vieille carapace ». Et d’abord remplacer la recherche de la rentabilité du capital et les stratégies de mise en concurrence par l’expression et la satisfaction de ce que Marx appelait : « les besoins fondamentaux ». Les besoins inhérents à la vie matérielle, bien sûr, mais aussi les besoins de coopération et de libre disposition de soi, de liberté, tant de l’expression que du mouvement. Bref : dépasser les différentes formes d’emprisonnement et de censure. Et promouvoir le développement subjectif et culturel des individus associés, autant que leur bien être matériel.
Ceci nous fait rejoindre la question écologique : il s’agit non pas de consommer autre chose ou autrement, mais de rompre avec l’idée même de consommation (donc de destruction des composants naturels de la vie). Non pas « consommer, même autrement », mais viser à bénéficier des apports, positifs pour soi et pour la vie, de ce que la nature peut nous offrir et privilégier les développements de la culture et de l’esprit. Cette positivité, il importe de l’expérimenter et d’apprendre à la connaitre.
C’est pourquoi l’alternative ne peut pas se construire et s’imposer en un jour. Elle suppose un processus d’apprentissage, dont on ne peut pas déterminer à l’avance la durée.
C’est là où l’on retrouve la lutte de classes : il va de soi que la promotion de l’alternative rencontrera (et rencontre déjà) résistances et oppositions fortes. Elle se fait dans des luttes. Mais il convient à mon avis de toujours voir les deux aspects : lutter, mais en même temps construire et solidifier le positif, se renforcer en permanence sur ce plan.
De ce point de vue, il n’existe pas de « petites luttes ».
Toutes les luttes sont importantes. Et il faut faire se rencontrer explicitement leurs apports. Pas de lutte sans apprentissage de sa positivité.
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