La vague des forces sociales qui pousse Syriza repose sur la volonté d’un secteur de la classe laborieuse et sur la promesse, largement ressentie, de mettre fin à l’austérité. Je pense que la majeure partie des couches populaires nous reconnaissent parce que nous nous sommes engagés: à rétablir le salaire minimum à hauteur de 751 euros (niveau avant 2010), à réinstaurer la 13e allocation de retraite pour les retraité·e·s disposant de revenus très bas; à réintroduire le système des conventions collectives; à supprimer les impôts directs sur les revenus annuels inférieurs à 12’000 euros, ainsi que les impôts immobiliers (expropriatoires pour des chômeurs et des revenus dits modestes); il en va de même pour le fuel domestique dans cette période hivernale [la presse rapporte quotidiennement la situation de familles devant vivre sans eau chaude et sans chauffage].
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Grèce : vers un choc frontal
A l’extérieur, et plus particulièrement dans les milieux dirigeants, on soupesait chaque mot et surtout chaque mesure annoncée pour jauger de la détermination du premier ministre et de son gouvernement. La plupart s’attendaient à une inflexion significative, annonçant un retrait, qui faciliterait un «compromis» lors des sommets européens de cette semaine, en réalité une soumission de la Grèce aux diktats. Ceux-là ont certainement été déçus. Car Alexis Tsipras n’a en réalité fait aucune concession de fond. Certes, il a évité d’utiliser le terme «annulation de la dette». Mais il a fortement insisté sur son caractère non-viable, revendiqué sa «diminution» et sa «restructuration». Autre point: il n’a pas annoncé le rétablissement immédiat du SMIG (salaire minimum) à son niveau de 2009 (751 euros) mais il s’est engagé à le rétablir courant 2015.
Syriza : la bataille électorale et la question «d’un gouvernement de gauche», par Maria Bolari, SYRIZA
Grèce. SYRIZA face à des choix difficiles, par Dimitris Belladis
L’écroulement du gouvernement de coalition entre la Nouvelle Démocratie et le PASOK (Mouvement socialiste panhellénique) – malgré les efforts coordonnés du capital et des institutions de l’Eurozone pour étayer le gouvernement Samaras et malgré la propagande annonçant l’écroulement de l’économie grecque – la perspective des élections a ouvert une possibilité historique pour SYRIZA et pour l’ensemble de la gauche grecque et internationale.
“Un succès de Syriza en Grèce servirait de locomotive à la gauche radicale en Europe” -Entretien avec Stathis Kouvélakis
Le 25 janvier les Grecs seront appelés à voter lors d’élections législatives anticipées. La coalition de la gauche radicale Syriza menée par Alexis Tsipras pourrait les remporter. Décryptage avec le professeur de philosophie politique, membre de Syriza, Stathis Kouvélakis.
La coalition de la gauche radicale Syriza existe depuis 2004, mais on l’a connue en France lors de sa percée électorale aux européennes de 2012, où elle était arrivée deuxième suite à l’explosion du bipartisme traditionnel. Elle pourrait désormais remporter les législatives fin janvier 2015. Comment vous expliquez cette progression fulgurante ?
Stathis Kouvélakis – Trois facteurs entrent en ligne de compte. Le premier réside dans la violence de la crise économique et sociale en Grèce, et dans la tournure qu’elle a prise suite à la purge austéritaire qui lui a été infligée à partir de 2010 à travers les fameux mémorandum [accords signés par le gouvernement grec avec la Troïka pour parvenir à terme à un autofinancement du pays, ndlr].
Le deuxième facteur réside dans le fait que la Grèce – et maintenant l’Espagne – sont les seuls pays où cette crise économique et sociale s’est transformée en crise politique. L’ancien système politique qui reposait sur un bipartisme très stable s’est effondré. (suite…)
Austérité en Grèce, ça suffit ! Troïka dégage !, par Guillaume Flori
« Marinaleda, le village modèle communiste d’Espagne (The Observer) » pour « Le Grand Soir »
Il fut un temps où, dans une Andalousie déshéritée, Marinaleda, devait traverser de terribles épreuves. Sous la direction d’un maire charismatique, le village s’est auto-proclamé utopie communiste, et s’est emparé de terres arables, afin de subvenir aux besoins de chacun. Pourrait-il apporter la réponse à la faillite du capitalisme moderne ?
En 2004, en feuilletant un guide de voyage sur l’Andalousie, alors que je passais mes vacances à Séville, je tombai sur une brève allusion à un petit village perdu, appelé Marinaleda – une « utopie communiste » d’ouvriers agricoles révolutionnaires, tels étaient les termes employés. Ma fascination fut immédiate, (suite…)
« Pourquoi la gauche fait elle ça et pas une politique de gauche, favorables à ses électeurs ? » par Gérard Filoche, membre du bureau national du PS
D’abord j’approuve ce qui a été dit avant moi. Oui, il faut débattre dans le Parti socialiste, cela urge. Car le rôle du parti n’est pas d’entériner et défendre aveuglement la politique venue d’en haut, du gouvernement. Mais au contraire de faire remonter ce que nous voyons sur le terrain, ressentons, mesurons de l’état d’esprit de nos électeurs.
Or ca va mal, chacun peut s’en rendre compte quand il voyage, quand il milite, quand il distribue des tracts sur le marché. Nos électeurs sont déboussolés, mécontents, avec un mélange de colère découragée et de déception amère. Ils ne voient pas le changement, ils ne voient pas la rupture avec ceux qu’ils ont voulu chasser en mai juin 2012. Alors oui, discutons, l’idée d’un séminaire du Bureau national avec les membres du (suite…)