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Université d’été de BEAULIEU. Intervention de Jean Louis LE BOUHRIS sur la Réduction du Temps de Travail (RTT)

Publié le samedi, 7 septembre 2013 dans Ecologie, Les Alters dans les luttes, Non classé, Notre Projet, Social, TRAVAIL

IMG_6289Je remplace Stéphanie TREILLET qui intervient aux Estivales du Front de Gauche à Grenoble en ce même moment.

Cela n’aidera pas pour la parité! Mais, au sein du Front de Gauche, elle est l’une des rares, en dehors de nous, à accorder de l’intérêt à la Réduction du Temps de Travail. Peut être est il préférable qu’elle soit à Grenoble?

Enfin pour ceux qui ont de la mémoire, désolé, on va se répéter*.

La RTT, une revendication fondamentale du « mouvement ouvrier »

Pour commencer je voudrais partir de 1908 , enfin. . .  autour de cette année là : une partie de la CGT prépare la grève générale pour les 8 h / jour, qui va les mener au pouvoir.

Les 8h/ jour  sont ils un prétexte ?

NON,  car la bataille pour la réduction du temps de travail est fondamentale,  essentielle.

 Le temps de travail est une expression de l’affrontement  entre classes : il suffit de voir l’Accord Compétitivité Emploi qui supprime toute référence à un temps de travail légal, vieille revendication du patronat.

– La réduction du temps de travail (RTT) est une bataille pour ne pas « être que des travailleurs »: dans les années 1830 les ouvriers anglais se disaient esclaves parce que, bossant énormément, ils ne pouvaient être citoyens.

J’insisterai plus sur cet aspect de la RTT contre l’aliénation, car les marxistes ont souvent eu une   vision hémiplégique: seule l’exploitation, dans sa volonté de compenser la spoliation de la force de travail du salarié, est mise en avant  dans une logique uniquement redistributive  (cf Bruno Trentin :  La Cité du travail  Fayard 2012).

Comme l’autogestion, la RTT aurait elle disparu? 

Suite aux Lois AUBRY une frilosité s’est installée jusqu’à ne plus parler de RTT, frilosité qui n’a pas lieu d’être.  Car il n’y a pas à avoir honte.

Même si elle n’a pas réduit très fortement  le chômage durant la période 1997 2002 sur les 2 000 000 emplois créés 500 000 sont dus à la RTT d’après les estimations de Michel Husson.

Il faut tirer les conclusions de ce rendez vous raté des Lois AUBRY.

Car oui, les Lois AUBRY n’ont pas été à la hauteur.

D’abord, parce que le mouvement populaire – et surtout le mouvement syndical – a été passif, n’a pas poussé.

Cela a favorisé les concessions. En premier lieu, le choix de la négociation sur la loi.

Mais aussi le  blocage des salaires; l’absence du moindre pas vers l’éradication du temps partiel et le réalisme qui a permis la hausse de l’intensité du travail pour assurer les 35h00.

C’est là  un point clé : il ne faut pas céder aux sirènes du réalisme et de l’économisme et BAISSER FORTEMENT  LE TEMPS DE TRABAIL AINSI QUE LA PRODUCTIVITE.

Il s’agit d’assumer que nous cherchons la CRISE,  c’est à dire, à travers une forte baisse obliger à repenser l’organisation du travail et à sa suite le management et, c’est plus compliqué, les techniques de production.

C’est là un moyen pour redonner aux salariés la possibilité de contester les choix  patronaux .

La RTT n’est pas LA solution mais un outil à combiner avec d’autres pour porter une autre société. 

Il faut la penser, avec le revenu*, comme instrument fort de déconnexion du triptyque PRODUCTION =TRAVAIL=RICHESSE.

Si une loi est nécessaire elle ne doit fixer qu’un temps de travail  maximum car pour les entreprises en reconversion il y aura sans doute besoin de moins de temps de travail encore.

Enfin la RTT est porteuse d’autogestion en permettant avec une forte baisse de remettre les salariés en état de contester le pouvoir patronal. Mais les potentialités autogestionnaires n’existeront que si nous prenons en compte le travail réel. Je citerais  ces quelques  lignes du topo qu’avait prévu Stéphanie TREILLET:  » La possibilité de s’émanciper du travail ne peut pas etre dissociée de la possibilité de faire reculer l’exploitation dans le travail contraint ». C’est le sens de la phrase de Simone WEIL: « Nul n’accepterait d’être esclave deux heures ; l’esclavage pour être accepté, doit durer assez chaque jour pour briser quelque chose dans l ‘homme » .

Jean Louis LE  BOURHIS

BEAULIEU, le 24 septembre 2013

  http://alternatifs81.fr/?p=2692

http://alternatifs81.fr/?p=1872

* * Il s’agit du « Revenu Universel Socialisé »

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