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LETTRE OUVERTE à Jean Luc MELENCHON

Publié le dimanche, 18 septembre 2011 dans Non classé

         Cette lettre a été envoyée à POLITIS par 3 citoyens militant pour une Alternative à cette société.

         Elle porte sur le rapport à la candidature Melenchon) , mais porte aussi sur le fond du projet du Front de Gauche.

 Notre lettre ouverte, comme son nom l’indique, tente d’éviter les a priori et jugements définitifs sur l’homme ou les idées qu’il défend, sans faux semblants dans nos critiques et nos interrogations.

Tout d’abord, nous nous adressons à un homme pour qui nous nourrissons  un profond respect dans la mesure où, par deux fois, il nous a surpris positivement.

     En premier lieu  en rompant avec le PS, ce que nous n’avions pas imaginé une seconde. Couper les ponts avec des camarades de 15 ou 20 ans, en prenant le risque de ne plus avoir de moyens et de charges pour militer, dénote un indéniable courage.

     En second lieu, lors de la création du PG, en s’ouvrant à une autre culture politique, – l’écologie -, que celle de son courant d’origine, a ajouté au courage l’intelligence politique.

Ces actes forts nous amènent à débattre avec vous, à vous exposer ce qui nous      interroge, ce que nous ressentons comme des faiblesses, ce qui  nous retient dans l’adhésion.

Comme pour  l’ensemble de la « gauche de gauche » nous notons une sous estimation grave des ravages du chômage et de la précarité.

Vous avez certes affirmé une priorité à la lutte contre la précarité, et avez su accueillir des acteurs des luttes de chômeurs.  Nous attendons cependant une traduction plus concrète.  .Nous vous demandons beaucoup mais notre grande exigence vise à renforcer la cohérence d’une de vos propositions..

En effet vous revendiquez le Revenu Maximum Admissible et avez établi une fourchette des inégalités insupportables en termes de rémunérations.

Tout d’abord, même s’il faut prendre aux riches pour réduire les inégalités sociales cela ne peut se limiter à titiller la fibre : « faire rendre gorge aux patrons ». Plus encore la passion de l’égalité, la réduction des inégalités doit avoir une ambition plus grande que de « reprendre les 20%/10% perdus par les salariés au profit du patronat ».

En effet cette conception de la richesse élude les ravages du productivisme, le culte de la croissance et  ne répond rien à: que produire, comment  et pour qui?

Questionnement fondamental  pour un autre type de développement, à nos yeux indispensable.

Levés ces préalables, la précision de la  revendication (  le RMA ) soulève une question  : comment peut on fixer un revenu maximum ,un niveau d’inégalités indépassable  sans préciser ce qu’est le niveau plancher?.

Ne  pas s’interroger c’est risquer des impasses.

Nous en voyons deux possibles:

          -Soit considérer que le niveau de base est le Salaire minimum ce qui exclut  tous ceux qui sont sans emploi, notamment les chômeurs et les jeunes.

          -Soit partir de la réalité mais, sauf à la transformer rapidement, risquer de tirer les rémunérations vers le bas : quel serait l’intérêt d’un Revenu Maximum, si l’évolution de la précarité continuait avec son lot de travailleurs à quelques heures, sa pression à la baisse sur les salaires et en particulier le SMIC?  Nous appauvririons le pays sans sortir les plus démunis de la survie.

       Nous ne sommes pas sans remèdes contre la précarité.

      Ainsi une forte réduction du temps de travail pourrait permettre de créer des emplois.

Mais nous pensons que cela ne suffit pas.

Pour rendre crédible le Revenu Maximum et y compris lui donner pleinement sa dimension écologique  il est nécessaire d’élaborer une réflexion sur un revenu permettant de vivre décemment.

 Nous savons qu’il  existe de multiples conceptions dont certaines dessinent la société de l’après capitalisme. .

Nous ne sommes les tenants d’aucune théorie inscrite dans le marbre.

Nous pensons par contre que combiner une forte réduction du temps de travail avec la création d’un revenu décent ouvrirait une voie de rupture, de transformation sociale, un chemin vers une société écosociale, de sobriété heureuse,  ne serait ce qu’en cassant la chaine d’équivalence production/ richesse/ salaire.

Nous sommes conscients qu’un tel projet nécessite une délibération dans toute la société, des formes nouvelles de démocratie, au moment où les institutions démocratiques sont  vidées de leur substance.

A cet égard  votre « révolution par les urnes » nous laisse perplexes, d’autant plus quand un dirigeant du PG dans un même discours dit à la fois que les institutions démocratiques sont sapées à la base mais qu’en arrivant au pouvoir elles seront rétablies. Il y a là un miracle du volontarisme peu crédible.

Certes, le pouvoir politique peut enclencher une dynamique : sauf que les mouvements sociaux ont leur propre logique et ne peuvent être assignés à être des supporters du gouvernement.

La Constituante que vous évoquez  ne peut se contenter d’en finir avec le régime     de    la Ve République.

Des droits d’intervention : référendum d’initiative populaire, budget participatif, possibilité de révoquer  les élus… , sont indispensables aux citoyens pour qu’ils interviennent et transforment la société.

Sans nier les différences, les organisations politiques doivent chercher à construire un bloc politico social, chacun pouvant intervenir sur le champ de l’autre.

Cela suppose à nos yeux des règles suffisamment souples:

          – se garder du règne de  la  majorité.

          – respecter les minorités en l’absence de consensus et, à vrai dire, initier une nouvelle culture politique.

Sans en faire un modèle,  le mouvement altermondialiste,  les Indignés      espagnols      ont montré que l’acceptation de visions différentes, de la diversité, n’était  synonyme ni de paralysie, ni de  réduction au plus petit dénominateur commun.

Nous  aspirons à plus d’audace et de cohérence, permettant  de nous inscrire dans une dynamique de campagne dépassant un regroupement d’organisations politiques, entrainant l’engagement de militants des mouvements sociaux, des militants écologiques et des pratiques alternatives.

Nous espérons par cette lettre ouvrir un débat et, – qui sait ?-, des perspectives.

 

Jean Louis LE BOURHIS (92)

Pierre NOEL (65)

Jean FAUCHE (81)

Peintures de KALIE

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