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RTT : UNE REDUCTION MASSIVE POUR EN FINIR AVEC LE TRAVAIL ALIENANT

Publié le lundi, 6 juin 2011 dans Les Alters dans les luttes, Notre Projet

Un nouveau texte de la Commission Sociale des Alternatifs, en écho à l’atelier « Travailler moins pour travailler tous ! « de la rencontre d’AUCH du 28 mai dernier. . .

RTT : UNE REDUCTION MASSIVE 

            POUR  EN FINIR AVEC LE TRAVAIL ALIENANT

Le rendez vous raté des  35 heures en 1999 a échaudé bien des tenants de la réduction du temps de travail, en particulier le  mouvement syndical. Pourtant elle demeure un outil pour enrayer et réduire le chomage et un levier indispensable de la transformation sociale et écologique.

La volonté de réduire le temps de travail est au coeur des aspirations ouvriéres depuis toujours. La bataille pour les 8 heures par jour c’est à la fois l’assassinat de militants sydicaux à Chicago, à l’origine de la fète du 1er mai, et la revendication susceptible de renverser l’Histoire en 1919-1920 pour les plus révolutionnaires des syndicalistes.  Cette revendication exprime deux aspirations différentes:

se libérer de l’emprise du travail et de l’enfermement dans sa condition d’ouvrier

– permettre à tous de travailler.Avec l’apparition depuis une trentaine d’années du chomage de masse cela s’est traduit dans le slogan : »TRAVAILLER MOINS POUR TRAVAILLER TOU-TE-S ».

1/ « TRAVAILLER TOU-TE- S »

Il n’y a pas de vases communiquants entre réduction du temps de travail et créations d’emplois. Pour autant il serait mensonger de laisser croire que son impact sur l’emploi puisse etre nul ou presque.Le début des années 2000 a été la dernière période de créations d’emplois massives et cette période coincide avec la mise en place des  35 haures sous le gouvernement Jospin. En effet les chiffres de la DARES sont éloquents :entre 1997 et 2002  350000 emplois ont été créés avec une durée annuelle effective en baisse de 6,8%  quand entre 2002 et 2006 seulement 160 000 emplois ont été créés pour une durée annuelle effective en trés légére hausse. Si ce processus s’est arrété et n’a en rien enrayé le chomage de masse sur la durée la raison en est surement que le gouvernement Jospin comme le mouvement syndical ne se sont pas engagés à changer le travail.

Qu’est ce que cela veut dire?

En l’occurence la réduction du temps de travail à 35h 00 n’était pas suffisamment forte pour réinterroger les organisations de travail  et ainsi  obliger le patronat à d’autres solutions que la hausse de la productivité. Malgré  la réduction du temps de travail la  productivité horaire de l’ouvrier français était de 16,5% supérieure à la moyenne de l’Europe des 15  en 2004 contre 11%en 1996. Les 35 heures restent un outil majeur pour « travailler tou-te-s » dans une période de chomage de masse mais nous commettrions un contresens terrible si nous laissions croire qu’il faut partager le travail parce qu’il y en a pas assez.

Le discours sur la « fin du travail » est à combattre. D’abord parce qu’il ne correspond pas à la réalité. Le travail salarié  est en hausse ces dernières années. L’emploi augmente mais ces emplois sont de plus en plus des « bouts d’emplois » : temps partiels, travail intermittent, horaires  atypiques , au détriment des emplois à plein temps. Ensuite parce que cette situation ne fait pas du temps libre un temps libéré du travail mais un temps hanté par le travail ainsi que le figurait H Arendt en 1958: « Ce que nous avons devant nous c’est la perspective d’une société sans travail , c’est à dire privés de la seule activité qu’il leur reste (aux hommes). On ne peut rien imaginer de pire ». C’est dire que le combat pour la réduction du temps de travail  doit etre mené de pair avec la  lutte pour l’abolition des temps partiels subis , des jobs atypiques, de la précarité en général. C’est affirmer aussi qu’elle ne peut entrainer de pertes de salaires ou de revenus.

2/ « TRAVAILLER MOINS »

La réduction du temps de travail doit etre très significative pour obliger à sortir des schémas habituels, entres autres l’augmentation de l’intensité du travail (voir ci dessus) Cela est pour nous  essentiel dans la mesure où  elle permet dés lors aux salariés une possibilité  d’intervention. Les bases d’une démocratie économique réelle peuvent dés lors en etre jetées.

Pour cela encore faut il lever le tabou de la productivité et affirmer que si la productivité baisse ce n’est pas un drame, bien au contraire. La productivité horaire de l’ouvrier  français ( vr ci dessus ) trés forte se combine avec des salaires bas et des infrastructures bien développées.Cela constitue une autre sorte de  » modéle social français » particulièrement prisé par les entreprises étrangéres qui en profitent puis s’en vont (délocalisations).  Le mouvement syndical et les courants issus du mouvement ouvrier restent imprégnés par une idéologie du travail  qui vante les bienfaits d’ une forte productivté.. Pourtant  les fabrications en série , gigantesques, s’opposent aux tentatives de réappropriation de l’entreprise par les travailleurs :cf LU à Evry, et favorisent la surconsommation .

 

Or la réduction du temps de travail est  aussi un enjeu écologique.

Ainsi, au delà de la nécéssaire refonte de la conception du travail , elle est un élément indispensable pour parvenir à reconvertir progressivement l’économie en commençant par des industries comme l’industrie automobile. Dans cet objectif, si la réduction du temps de travail s’applique à tous les secteurs de la vie économique  certains  peuvent avoir un temps de travail  plus réduit que d’autres.

UN OUTIL DE TRANSFORMATION  SOCIALE ET ECOLOGIQUE QUI RECLAME D’ AUTRES INITIATIVES.

La réduction du temps de travail est une clé indispensable pour changer le travail mais elle s’intègre dans une boite à outils plus large. Ainsi  elle initie une nouvelle vision de la richesse : elle casse la chaine des équivalences travail/production/ richesse, qui suppose cependant un  continuum de mesures comme une  sécurité sociale professionnelle radicale soit une garantie des revenus et des droits sociaux précédents pendant les périodes d’inactivité entre 2 emplois, une élaboration sur le revenu , à la fois sur le revenu inconditionel ou garanti (1)  et le revenu maximum (imposer une limite aux inégalités de traitements : par exemple un éventail des salaires de 1 à 5 le reste étant trés fortement taxé) parmi les revendications les plus immédiates à mette en oeuvre.

Si tout ne peut pas survenir en meme temps il serait dangereux de ne compter que sur la réduction du temps travaillé pour transformer le travail et la société.

(1) Nous n’optons pour aucune des élaborations sur le revenu en l’état actuel. Un tel choix ne pourra  intervenir qu’aprés des débats  et une élaboration trés approfondie.

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