Les Ami(e)s de la Confédération paysanne cultivent la résistance et sèment des alternatives à l’agro-industrie.(Communiqué de presse)
Réunis à Peyrelevade sur le plateau de Millevaches (16-19 juillet) une centaine d’Ami-E-s de la Conf’ se sont retrouvés pour leurs Journées d’été.
Face à la standardisation de l’alimentation, à l’industrialisation de l’agriculture et à la disparition accélérée des paysans par l’ouverture des marchés (dérégulés), les Ami-E-s de la Confédération paysanne ont réaffirmé leur volonté d’avoir des éleveurs nombreux pour faire vivre les territoires et valoriser la production locale.
Dans le contexte particulièrement sensible de la crise de l’élevage, ils ont débattu de la construction d’alternatives à la financiarisation d’un monde niant les travailleurs et la démocratie. Il s’agit de protéger la production de qualité (paysanne/fermière) du laminage de la grande distribution par des prix rémunérateurs pour celles et ceux qui nous nourrissent et privilégier une agriculture nourricière à taille humaine qui dessine un avenir pour nos campagnes et notre société dans des territoires vivants.
Grèce : une analyse des événements récents et des leçons pour la gauche européenne, par Stathis Kouvelakis
Grèce : Le Parlement vote sous le chantage et la menace, par Zoé Ν. Konstantopoulou, Présidente du Parlement
À M. le Président de la République, M. Prokopis Pavlopoulos
À M. le Premier ministre, M. Alexis Tsipras
Du fait de mes devoirs institutionnels, je vous signale que les conditions dans lesquelles est introduit au débat le projet de loi « Mesures urgentes de mise en œuvre de la L. 4334/2015», composé du texte déposé dans la nuit du 20 au 21 juillet 2014, comportant 977 pages, incluant tous les textes que les parlementaires doivent étudier et prendre en considération afin de former un avis et de voter selon la procédure d’urgence dans la journée en cours, et qui contient : en 1 article (article premier) les 008 articles du Code de procédure civile et ceux de la loi d’introduction du Code de procédure civile, et en un article (article 2) les 130 articles relatifs à la transposition au droit grec d’une directive de l’UE [directive sur les banques et le bail-in, entre autres, NdT] ne garantissent pas que la Constitution soit respectée, que le fonctionnement démocratique soit protégé, que le pouvoir législatif du Parlement soit exercé ni que les parlementaires votent selon leur conscience.
Notre Dame des Landes : » Il est donc hors de question que démarrent les travaux ou qu’il y ait une intervention sur la Zad » – Entretien avec Marcel Thébault
Entretien. Sur le site de Notre-Dame-des-Landes, où se sont réunis environ 15 000 personnes le week-end dernier, nous avons rencontré Marcel Thébault. Avec sa femme, il est producteur de lait au Limimbout, un village qui serait détruit si le projet d’aéroport aboutissait. Menacé d’expropriation, il continue de vivre et travailler sur la Zad comme si le projet n’existait pas. Marcel est membre de la Confédération paysanne. C’est un « paysan résistant » comme il se définit lui-même, un historique du mouvement. Au printemps 2012, il était de celles et ceux qui avaient entamé une grève de la faim, grève qui avait imposé au gouvernement Ayrault de ne procéder à des expulsions avant la fin des recours juridiques.
Quel bilan tires-tu de ce nouveau rassemblement ?
L’affluence, l’ambiance sur ce rassemblement sont une très bonne nouvelle. C’était un pari car c’est un festival sans tête d’affiche, un festival militant. On a pris le risque d’être moins nombreux. On est donc très satisfaits de notre capacité à mobiliser, et que les gens soient toujours très réactifs sur le sujet, qu’ils viennent pour se retrouver et pour s’informer, assister aux forums… La mobilisation est intacte, et c’est un bon point à la veille du 17 juillet. Un très bon message en interne et en externe.
Comment les débats ont-ils évolué depuis les premiers rassemblements estivaux ?
Cette année, on n’a pas de star politique, mais on reste sur un rendez-vous très politique et c’est une bonne nouvelle. On concentre énormément de questions politiques, que ce soit sur l’organisation de la société, les échanges avec des gens qui apportent des idées nouvelles sur le rapport à la terre, à la nourriture…
Grèce : les conséquences de la capitulation, par Eric Toussaint (CADTM)
La capitulation du gouvernement et du parlement grecs face aux créanciers (Commission européenne, BCE, FMI,…) a été suivie de changements rapides dans le camp du gouvernement.
Alexis Tsipras a remplacé 6 ministres et vice-ministres (membres de la plate-forme de gauche au sein de Syriza) qui s’étaient prononcés contre l’accord du 13 juillet, par des membres de Syriza qui soutiennent la nouvelle orientation. Alexis Tsipras a également démissionné un des porte-paroles du groupe parlementaire. Il s’agit d’Athanasios Petrakos qui a également voté non et qui avait appelé avec 54 autres députés (au départ ils étaient 49, voir http://cadtm.org/49-deputes-de-SYRIZA-demandent-l) à la convocation d’une plénière du parlement pour débattre des conclusions préliminaires du rapport d’audit (présenté au parlement grec les 17 et 18 juin 2015). Si le changement de la composition du gouvernement est de la compétence du premier ministre, il n’en va pas de même de la désignation des porte-paroles du groupe parlementaire de Syriza. Seul, le groupe parlementaire pouvait prendre une telle décision.
A l’aide de nouvelles dettes qu’elle vient de contracter auprès des créanciers publics européens dans le cadre du nouvel accord, le 20 juillet, la Grèce a repris ses paiements au FMI et s’apprête à rembourser la BCE.
Il est probable qu’on aille vers d’autres changements négatifs.
Grèce. « Pourquoi j’ai voté contre », par Yanis Varoufakis
J’ai décidé d’entrer en politique pour une raison : pour être aux côtés d’Alexis Tsipras dans la lutte contre la servitude de la dette. De son côté, Alexis Tsipras me fit honneur en me mobilisant pour une raison : une conception très précise de la crise fondée sur le rejet de la doctrine de Giórgos Papakonstantinou [1], selon laquelle entre la faillite désordonnée et les emprunts toxiques, l’emprunt toxique est toujours préférable.
Il s’agit d’une doctrine que je rejetais car elle faisait peser une menace constante dont le but était d’imposer, dans la panique, des politiques qui garantissent une faillite permanente et, en fin de compte, la servitude par la dette. Mercredi soir, au Parlement [dans la nuit du 15 au 16 juillet], j’ai été appelé à choisir entre (a) adopter la doctrine en question, en votant pour le texte que les «partenaires» avaient imposé à la manière d’un coup d’État et avec une brutalité inouïe à Alexis Tsipras lors du sommet européen, et (b) dire «non» à mon Premier ministre.
OSONS IMAGINER UNE AUTRE MANIÈRE DE PRODUIRE, DE TRAVAILLER, DE SE LOGER, …..DE VIVRE
Un texte en réaction à la situation en Grèce et surtout avec des perspectives, au niveau de l’économie distributive notamment.
Roger WINTERHALTER
Les financiers, les banquiers, en un mot les capitalistes, viennent de faire plier le gouvernement grec qui avait osé s’affronter aux puissances de l’argent.
Mais ils ont été vaincus et l’espoir que les Grecs ont fait naitre s’est éteint. Certes de nombreuses voix continuent à s’élever, à protester : elles dénoncent ce diktat, nous appellent une fois encore à manifester. Mais nous savons tous que cela ne servira à rien, ou au mieux à pas grand chose, si ce n’est qu’à mesurer notre degré d’impuissance.
En fait les gestionnaires du superflu, les conservateurs sont tout simplement restés fidèles à eux mêmes, alors que dans nos rangs il y avait des personnes qui croyaient que le rapport de force suscité par le gouvernement grec suffisait pour les faire changer d’avis, et force a été de constater que cela n’a pas été le cas.
Et pourtant à première vue les conditions étaient réunies pour les obliger à reculer : les élections avaient porté en Grèce un gouvernement atypique, porteur de valeurs de solidarité et de partage; un référendum populaire avait permis de manifester à une immense majorité de la population la volonté de dire NON à cette Europe là.
Des compromis avaient été faits, mais ce n’était pas suffisant, et les obsédés de la rentabilité économique, de la norme capitalistique ont obligé le premier ministre grec à aller au delà de ces compromis et à se compromettre. Et une fois encore les puissants animés par un appétit sans fin de gains n’ont pas été renversés de leur trônes, ils ont réussi à conserver leurs acquis et leurs richesses.
COMMUNIQUE DE LA JEUNESSE SYRIZA SUR L’ACCORD-MÉMORANDUM ET L’AVENIR DE SYRIZA
L’accord auquel ont abouti le 13 juillet les négociations, longues de plusieurs mois, menées par le gouvernement SYRIZA-ANEL, constitue sans aucun doute une défaite énorme des forces de la Gauche radicale en Grèce. Le coup d’état inédit mis en œuvre par les créanciers, n’était que le dernier épisode d’une série de chantages extrêmes ayant conduit le gouvernement à une impasse politique suffocante.
Il serait cependant bien elliptique d’interpréter le résultat des négociations comme uniquement déterminé par les choix des créanciers. Nous sommes obligés d’évaluer de manière négative la sous-estimation des rapports de force au sein de la zone euro, l’inébranlable conviction que des arguments rationnels pourraient persuader les « institutions » en la faveur d’un accord « mutuellement profitable », mais aussi que la menace d’un GREXIT pourrait jouer un rôle catalysant pour que notre proposition l’emporte. Tous ces points ont contribué de manière décisive à l’absence d’un plan alternatif de rupture qui aurait pu fonctionner aussi bien dans le cadre de la négociation, qu’en tant que choix pour le gouvernement ; tout cela a était facteur décisif pour notre séquestration politique.
Grèce : « La voie de la sagesse, c’est celle de la sortie de l’euro et du changement social », par Costas Lapavitsas
Ce texte est la transcription traduite de l’intervention de Costas Lapavitsas au colloque « Democracy Rising », tenu à Athènes le 17 juillet 2015. Les intertitres sont de notre responsabilité.
Costas Lapavitsas est député élu au Parlement grec, membre de la Plateforme de gauche de Syriza, et professeur d’économie à SOAS (School of Oriental and African Studies, Londres).
Une capitulation désastreuse
Le gouvernement Syriza vient de signer un nouvel accord de sauvetage. C’est un très mauvais accord, pour des raisons évidentes que je vais énumérer.
Tout d’abord, cet accord est récessif. Il va plonger l’économie grecque dans la récession. Parce que les seules augmentations d’impôts s’élèvent à 2% du PIB. Elles concernent surtout la TVA, impôt indirect prélevé sur des produits principalement consommés par les travailleurs. Mais elles concernent aussi les entreprises et vont d’abord frapper les petites et moyennes entreprises, qui demeurent la colonne vertébrale de l’économie grecque. L’agriculture est sans doute le secteur le plus durement touché par cette augmentation : l’impôt sur le revenu versé par les agriculteurs va doubler, et ils seront soumis à de nouvelles obligations. Ces mesures sont incontestablement récessives. Elles arrivent à un moment où l’économie grecque chancelle au bord du précipice. Il ne fait aucun doute qu’elles vont la faire basculer dans la récession.