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En attendant l’Alternative de gauche

Publié le lundi, 1 septembre 2008 dans Articles, Confluences 81

Paru dans le numéro 74 de Confluences.

Les questions posées à l’Université d’été des Alternatifs lors du débat de politique générale m’amènent à réfléchir, à partir d’exemple vécus, sur l’importance pour l’avenir de la gauche des échéances électorales passées.

A Toulouse, les élections municipales ont vu surgir deux listes à gauche de la liste PS-PC-Verts. L’une LCR ouverte, « Debout ! », l’autre alternative, impulsée et soutenue par l’Alternative en Midi-Pyrénées, « l’autre liste ». Dans la confusion des alliances qui durent depuis la Présidentielle 2007, les Alternatifs de la Haute Garonne ont rallié la liste « Debout ! », alors que les fédérations des Alternatifs du Gers, Tarn et Tarn & Garonne soutenaient « l’autre liste ». Cette dernière, sans le soutien d’aucun des partis de gauche de la Haute Garonne, a réalisé 5,4 % (pour mémoire, « Debout » obtient 5,1 % des suffrages).

Nous passerons sur les débats internes des Alternatifs au niveau régional qui sont la richesse de notre organisation. Les fédérations départementales étant autonomes quant à leurs alliances, chacune a campé sur ses positions. La bataille électorale finie, nous avons pu tirer un bilan en commun.

Tirer un bilan et continuer à faire avancer le regroupement à gauche, c’est encore une de nos richesses. Quelques adhérents de l’Alternative en Midi-Pyrénées, dont F. Simon, tête de liste de « l’autre liste » à Toulouse, rejoignent le groupe des Alternatifs de la Haute Garonne, persuadés sans doute que la dimension nationale, les qualités d’ouverture et la capacité d’autonomie du mouvement des Alternatifs vont dans le sens d’une reconstruction à gauche du PS. Preuve aussi que des divergences politiques tactiques et ponctuelles sont aisément dépassées lorsque l’objectif à atteindre est clair pour les militants.

Si l’engagement local, aussi « à gauche » soit-il, ne rejoint pas un engagement de dimension nationale, il restera une pantalonnade, au mieux il assurera un contre-pouvoir, souvent improductif, compte tenu des rapports majorité/opposition dans les Conseils Municipaux.

Par ailleurs, beaucoup d’accommodements électoraux locaux n’ont été que l’héritage de vieilles pratiques en politique : je te montre ce que je suis au 1er tour, on s’arrange pour avoir des élus au 2ème tour, sur le dos des électeurs. Il est dommage que cela ait parfois tourné aux règlements de comptes personnels ou partidaires qui perdurent après l’échéance électorale et ralentissent un processus de regroupement. Surtout quand ces comportements collectifs se doublent de comportements individuels d’agressivité, de rancœur, voire de mépris pour le « pauvre » militant qui n’a rien compris, qui n’a pas voulu soutenir telle liste et qui mérite donc la mise en quarantaine politique ! Nous sommes là dans le localisme et non dans l’expérimentation d’une politique locale de gauche capable de mettre en place un projet démocratique et rassembleur.

Cela montre bien que l’état d’esprit de tous les militants politiques n’est pas encore dirigé vers cette reconstruction incontournable et pressante à la fois.

Il est à craindre que les Européennes et les Régionales ne génèrent les mêmes comportements avec des partis de gauche trop affaiblis pour relever seuls le défi et prêts à n’importe quelle alliance. Non pas pour réaliser une Europe des peuples avec une vraie constitution élaborée démocratiquement, mais simplement pour « exister » grâce à des élus au Parlement, avec les moyens financiers que cela apporte. Bien sûr, on va parler de démocratie, de social peut-être, d’écologie surtout, car le thème est porteur de voix potentielles. Mais derrière tout cela, il y a le fric. Le fric des partis, des professionnels de la politique, des médias et de leurs souteneurs… alors que Confluences 81 vit de la sympathie sans faille de ses abonné-e-s, du travail bénévole des militant-e-s et de quelques dons des Alternatifs ! Mais là, je m’égare !

La plupart d’entre nous est consciente que l’objectif n’est plus de battre la droite dans quelques mairies pour améliorer les statistiques nationales, mais de la virer des institutions pour transformer la société. Cela passera forcément par une reconstruction de la gauche, porteuse d’un projet de transformation sociale et s’appuyant sur un nouveau mouvement qui dépassera, en les remettant en question, les vieux partis de la gauche actuelle.

A bientôt ! Tiens, peut-être à Revel, cet automne ? Les Alternatifs et les Communistes unitaires y organisent un débat animé par Roger Martelli (PCF) et J-Jacques Boislaroussie (Les Alternatifs) sur toutes ces questions.

Yvette ROSSIGNOL

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