A lire et à voir

Paru dans le numéro 73 de Confluences.

Amers citrons.

A voir à tout prix s’il est encore programmé dans un bon cinéma : Les citronniers d’Eran Riklis, cinéaste israélien, qui montre toute l’absurdité du conflit israélo-palestinien : pauvre champ de citronniers, propriété ancestrale de Selma, la palestinienne, qui par malheur se trouve sur la frontière et de ce fait, trop près de la demeure du ministre de la défense israélienne ! On ne sait jamais, des terroristes pourraient s’y dissimuler ! Mais c’est aux femmes qu’Eran Riklis fait la part belle : Selma bien sûr (superbement interprétée par Hiam Abbas : La fiancée syrienne, Satin rouge…) mais aussi la femme du ministre et la journaliste israélienne. Ce sont elles qui possèdent le vrai courage, capables d’escalader les murs et peut-être un jour de les faire tomber.u

Lectures d’été

Je me suis replongée avec délices dans l’œuvre de Naguib Mahfouz, écrivain égyptien (1911-2006), prix Nobel de littérature en1988.

Ses romans réalistes ont pour la plupart comme cadre, le Caire contemporain, celui des quartiers aux ruelles sinueuses et étroites, quartiers populaires dont l’auteur est issu et qu’il connaît donc parfaitement bien. On rentre ainsi dans l’intimité des familles, en terre d’islam et on s’y sent bien, même si on y vit l’oppression des femmes, l’autorité idiote des hommes mais aussi le bonheur des enfants ; on entend toujours en sourdine la voix critique mais aussi pleine de tendresse de Naguib Mahfouz. Sa peinture du petit peuple cairote (soumis à une religion qu’il ne remet jamais en cause et aux soubresauts politiques du XXème siècle qui ont secoué le monde arabe), est sans concession ; ce n’est pas pour rien que Naguib Mahfouz a été victime en 1994 d’une tentative d’assassinat par les islamistes.

Pour bien commencer avec cet auteur et pour passer un bon été, à l’abri du soleil dans les ruelles du Caire, je conseillerais la trilogie : Impasse des deux palais, Le Palais du désir, Le Jardin du passé.

Allez… plus de 1500 pages de pur bonheur.

Danièle MARC