Mai 68 : la grève générale, « c’est extra ! »
Paru dans le numéro 72 de Confluences.
Ce fut une respiration énorme qui atteignit notre petite ville provinciale (à 45 kms de PARIS). Que faire ? sans moyens de transports, sans essence pour rejoindre son boulot habituel.
Nos deux usines locales (d’articles ménagers et de cosmétiques) étaient aussi en grève.
Pour la première fois on y discutait des conditions de travail, de la réduction de l’échelle des salaires, de syndicat…..
Le lycée, les écoles primaires suivaient le mouvement. Les élèves les plus âgés, qui s’informaient des événements à la radio, ne voulaient pas être à la traîne. Ils inaugurèrent les A.G., organisèrent des réunions invitant parents et professeurs pour débattre «de ce qui devait changer».
C’était une petite ville calme, il n’y avait pas de pavés à arracher, et nous, les parents (30/40 ans) n’avions eu que peu l’occasion de protester dans une association de parents d’élèves pour dénoncer la surcharge dans les classes du primaire.
La grève générale nous offrait le temps et l’envie de mieux nous connaître dans les quartiers. On rêvait de méthodes actives dans l’enseignement, méthodes pratiquées dans deux villages proches.
Mais ces Instits passaient, dans notre ville pour des «irréalistes» au regard des Instits chevronnés.
Nous poursuivions nos discussions chez l’un ou l’autre des voisins autour d’un café.
Les pères de familles, se trouvant disponibles pour s’occuper des enfants, leurs épouses pouvaient se retrouver entre elles pour «souffler un peu». Les échanges sur nos vies nous faisaient entrevoir que certains «choix inévitables» comme d’abandonner un emploi pour rester auprès des enfants (pas de crèches) présentaient des inconvénients. Peut-être aurait-il fallu …..
Après ce grand chamboulement des esprits, la routine apparemment, reprit chacun.
«Mais si les feux se sont éteints , sous la cendre il reste des braises (je ne sais qui chantait cela)
Qu’allions nous faire de ces paroles en vrac ?
Cependant les désirs exprimés fugitivement ont petit à petit pris corps. Nous avons été plus nombreux à l’association des parents d’élèves pour exiger, entre autres, de notre municipalité qu’elle construise d’autres classes, plutôt que de partager une classe avec une cloison de contreplaqué !
Pour empêcher le goudronnage des routes de la forêt de Rambouillet, une association de Protection de l’environnement se créa.
Les subventions pour les MJC étaient en diminution. Nous sommes allés en groupe demander à notre Députée-Maire d’intervenir à l’Assemblée pour défendre ces aides (mais ce n’était pas sa priorité, disait-elle)
Ainsi il nous parut nécessaire d’acquérir des connaissances pour affronter les causeurs de problèmes et les Elus. C’est alors qu’on apprit qu’un GAM (groupe d’action municipale) pouvait nous proposer une petite formation.
MAI 1968 «C’était un sourire» a dit récemment Cohn Bendit
Les étudiants peignaient sur les murs «SOYEZ REALISTES : DEMANDEZ L’IMPOSSIBLE». Nous aussi, aujourd’hui : DEMANDONS… DEMANDONS…LE !
Michèle ROUX
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