Procès contre Kokopelli
Paru dans le numero 72 de Confluences.
Intenté par la société Baumaux contre l’association Kokopelli : Aux semences citoyens !
Sur le site de Kokopelli on relève : « Les verdicts sont tombés : l’association Kokopelli est lourdement condamnée :
– 12 000 € pour le grainetier Baumaux
– 23 000 € pour l’état et la fédération des industriels de la semence (FNPSPF)»
«Il faut être réaliste : les semences que défend l’association Kokopelli, étant maintenues dans l’illégalité par une volonté politique, nous ne pouvions pas gagner ces procès.»
De quoi l’association Kokopelli est-elle coupable ? Quelques extraits des attendus relevés sur le site de Baumaux :
«- Qu’elle vend à partir de catalogue et sur son site Internet www.kokopelli.asso.fr/adhesion.html de très nombreuses variétés (1) qui n’apparaissent pas au catalogue officiel…»
«- Qu’en effet, il n’est pas difficile de se démarquer de la concurrence en faisant valoir l’exclusivité de la vente de certains produits lorsque ceux-ci sont interdits à la commercialisation…»
«- Qu’en effet pour être proposé à la vente dans l’Union Européenne, une variété potagère doit être inscrite sur le catalogue commun des variétés des espèces de légumes…»
«- Qu’il existe le catalogue français des espèces et variétés …»
Extraits de la déclaration du GNIS (2) le11-02-08 : « Le Catalogue a été crée par l’Etat en 1932 à la demande des agriculteurs. Il répertorie les variétés, ce qui permet d’éviter que des variétés différentes soient vendues sous le même nom, ou qu’une même variété ait des appellations différentes…»
« L’Etat s’est largement reposé sur les semenciers et l’Inra et n’a jamais mis les moyens nécessaires dans la conservation et la caractérisation des ressources génétiques.»
Dans une interview de sept. 03, sur univers-nature.com Dominique Guillet (président de Kokopelli) précisait que depuis 1961, les multinationales ont accaparé ou acheté un bon millier de semenciers. Une dizaine de multinationales contrôlent 50% de la semence planétaire. Quand on analyse les catalogues des grainetiers depuis 1941, on s’aperçoit qu’il existe avant tout des hybrides F1. Un hybride F1, par définition, est une variété qui génère un marché captif, puisque stérile.
Suite de quelques attendus :
«- Qu’en effet même si d’anciennes variétés potagères ne sont plus proposées à la vente car la demande par la clientèle professionnelle ou amateur est inexistante, ces variétés n’en sont pas pour autant menacées de disparition mais précieusement conservées dans des centres de ressources génétiques.
«- Qu’elles peuvent se révéler essentielles dans les années à venir en matière d’alimentation, de santé et servir à l’obtention de nouvelles variétés avec des qualités bien spécifiques…»
Pourquoi enfermer ces graines dans des bunkers du thermafrost qui, opportunément, fond comme une merdique omelette Norvégienne ? Quelles graines ? Toutes ? Quelles qualités bien spécifiques ? Financements publics ou privés ? Domaine public ou brevets agro-industriels ? Enjeu humanitaire ou capitaliste ?… Alors que «l’association Kokopelli propose aux jardiniers, aux paysans d’être autonomes et responsables face au vivant…»
Extrait du compte rendu de l’audience fait par Kokopelli : «La plaidoirie a également permis de démonter par l’exemple que Baumaux fait exactement ce qu’elle reproche à Kokopelli, en proposant dans son catalogue des semences non inscrites au catalogue national, comme d’ailleurs d’autres maisons de semences…»
Extraits de la pétition lancée par Kokopelli : www.univers-nature.com/signez : «Les lobbys, aidés par l’Etat, pour obtenir le monopole de ce qui appartient à tous, veulent supprimer le droit inaliénable de chacun de ressemer sa récolte. Les sélections de terroir garantissent des plantes saines et savoureuses. La semence industrielle est malade, elle ne peut vivre sans pesticides, engrais chimiques ou manipulations génétiques. Polluante pour l’environnement, elle est le point de départ de la mal-bouffe. »
«Je revendique le droit de me procurer et de consommer librement la nourriture issue du produit des semences de population, de pays, de famille, dites anciennes : toutes, graines de vie.»
Un dernier mot, celui de Raoul Jacquin : «Il est intéressant de noter la similitude des actions et de la répression envers les faucheurs volontaires, les amis de l’ortie, les défenseurs de l’herboristerie et Kokopelli : chacun cherche à sa façon, à protéger et promouvoir la vie et la continuité des savoirs. Pour notre gouvernement, tout cela est devenu répréhensible !»
Les 11 et 12 mai (Pentecôte) vous retrouverez le stand Kokopelli à Biocybèle au parc Foucaud à Gaillac.
Claude Coqblin
(1) variété : …unité plus petite que l’espèce, dont les individus présentent un trait commun qui les différencie des autres variétés de la même espèce. «L’avocat de la SAS Baumaux a fait une savoureuse tambouille entre espèce et variété, incompétence ou intoxication ?»
(2) il représente l’ensemble des professionnels de la filière semence : sélection, production, agriculteurs, points de vente.
Soyez le premier à poster un commentaire.