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Pour la GRATUITE

Publié le dimanche, 18 décembre 2011 dans Gauche de combat, Notre Projet, Services Publics

                   

Notre camarade Pierre Yves PIRA, élu dans l’agglomération lilloise, nous livre ici un plaidoyer pour la gratuité

                    Dès que je mets un pied dehors, je profite gratuitement du confort appréciable d’une voirie. Mes déplacements pédestres, cyclistes ou d’automobiliste en sont grandement facilités. Certes, ce n’est pas tout à fait gratuit car je le paye par mes impôts.
Il n’en est pas de même lors que j’emprunte le bus, car je paye ce service deux fois.

En effet, il est d’usage de payer son titre de transport.

Quoi de plus naturel?

Les choses ayant un coût, on paye ce qu’on doit. Pourtant, les collectivités, percevant que bon nombre de budgets sont grevés par cette dépense quasi quotidienne, ont prévu des tarifications spécifiques selon que l’on soit scolaire, étudiant, chômeur, âgé ou encore bénéficiaire du RSA, affirmant ainsi une solidarité avec les moins favorisés. La loi prévoit également que certaines entreprises participent à l’abonnement de leurs salariés à hauteur de 50%.

Par mon impôt ou mes achats, je contribue donc au financement de l’entreprise de transport à hauteur de 70%.

Celle-ci, le plus souvent, dépend d’un fonds privé, bénéficie d’une délégation de service public et utilise le réseau routier que je paye déjà. Aux frais de fonctionnement, on y ajoute le prix de la billetterie et, celui, concomitant, de la chasse aux fraudeurs. On y ajoute également la rétribution de quelques actionnaires, tout ceci étant à mettre en rapport avec les 30% restant à financer.

Au total, le système actuel n’est pas très loin de la gratuité si l’on se débarrasse de quelques dépenses inutiles qui stigmatisent les disparités sociales et en ayant recours à une régie municipale ou communautaire.

Le système actuel interroge vraiment.

Une vision de la solidarité qui met sans arrêt en valeur ma condition de précarité ou d’exclusion.

Une utilisation des fonds collectifs au bénéfice d’entreprises privées.

Une vision des déplacements centrée uniquement sur le travail.

Une dépense quotidienne conséquente alors que je suis contraint de me déplacer: la ville est ainsi conçue que les logements sociaux ou les logements financièrement accessibles aux candidats propriétaires sont loin des centre-villes, des lieux de travail, de loisirs ou de commerce.

Il nous interroge également d’un point de vue écologique.

Depuis les années 60-70, nous avons déconstruit des réseaux collectifs au bénéfice du développement routier. Il en résulte accidents, bouchons, stress, pollution et forte émanation de gaz à effet de serre dont nous finançons et subissons toutes les conséquences.

Aujourd’hui, l’impératif de la lutte contre le réchauffement climatique devrait à lui seul nous pousser à adopter une politique volontariste favorisant les transports collectifs.

La gratuité y répond.

Si l’on mesure les services que je rends à la collectivité en utilisant les transports collectifs, et vu ce qu’ils me coûtent déjà, il est normal de considérer que cela soit gratuit.

Avec un nombre croissant de personnes et d’organisations, je soutiens que les transports collectifs, pour des raisons sociales, citoyennes et écologiques devraient être gratuits.

Les villes qui s’y sont essayées ne le regrettent pas.

Lien social, dignité, droit au déplacement, vivre-ensemble ont retrouvé un véritable sens.

Hasselt en Belgique, en accompagnant la gratuité par un investissement dans le réseau, a constaté que la fréquentation s’est accrue alors que le flux automobile s’est réduit. Double objectif que chaque ville devrait se donner.
A Aubagne, 100 000 habitants, le budget originel d’une dizaine de million s’est accru d’un peu plus d’un million pour financer la gratuité.

Depuis, les chauffeurs retrouvent le sourire: leur métier est redevenu celui de transporter les gens, les contrôleurs renseignent, aident les personnes handicapées, les citoyens se sont réapproprié la ville, les jeunes sortent de leurs quartiers, les association connaissent un regain d’intérêt car on vient de plus loin pour échanger, assister à un spectacle, etc…, les personnes agées ne perçoivent plus les jeunes comme des délinquants, ce ne sont plus des fraudeurs.

Le taux de remplissage des parkings permet de mesurer une baisse des déplacements automobiles. J

ean-louis Sagot-Duvaurous qui s’intéresse à la question de la gratuité nous explique que ce million investi dans les transports correspond en réalité à 10 millions dans la politique de la ville.

La gratuité est un véritable choix de société à envisager. Au bénéfice de tous.

Pierre-Yves Pira

Ps: L’expérience lilloise de production de biogaz à partir de bio-déchets (qui de toute façon auraient émis de fortes émanations de méthane dans l’athmosphère) est maintenant fonctionnelle: un ensemble de 300 000 personnes peut produire de quoi faire rouler une flotte de 70 à 80 bus grâce aux biodéchets.

Et cela est réalisé dans le cadre d’une collecte que l’usager paye déjà. Cela devrait être ainsi partout!

Précipitons-nous avant cela devienne un marché comme un autre aux mains du privé.

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