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Conseil municipal de Castres du 23 mai 2006

Publié le samedi, 1 juillet 2006 dans Articles, Confluences 81

Paru dans le numero 61 de Confluences.

La routiiiiiine !

Candida ROUET

Tout le monde s’en souvient : 1) Tous les hommes sont mortels ; 2) or Socrate est un homme ; 3) donc Socrate est mortel

Les biscuits pour la presse et les élu-e-s, un compte administratif distribué sur place, quatre camemberts explicatifs projetés à droite du buste de Marianne, la traditionnelle partie de ping-pong Guérineau-Bugis, j’en ai déjà suffisamment parlé dans mes précédents comptes rendus pour n’y point revenir. Les thèmes forts ayant suscité débat au fil des délibérations : les cadeaux au privé (CORAC et commerçants du centre ville, collège et lycée Barral, foire économique), les subventions aux associations des quartiers en stagnation et celles à l’éducation dans le public en baisse, le déséquilibre entre le centre et les quartiers périphériques. Pas de quoi s’enthousiasmer, même avec des formules comme « vous voulez rallumer la guerre scolaire ? »

Pas de bio dans les cantines scolaires

« Pourquoi ne pas se lancer dans la filière bio ? » regrette la Verte Brigitte Desveaux. Madame Galissard (Maire adjoint à l’éducation) apporte la réponse que d’autres conseillers municipaux murmuraient à mi-voix : « le bio est beaucoup trop cher ! ». Le Maire est plus nuancé : « Nous n’y sommes pas fermés pour l’avenir ». Pour le présent, c’est M. Fabre, décidément en verve ce soir-là, qui apporte la proposition écologique du jour : « pour les surgelés, il faut éviter d’acheter des poissons en voie de disparition ».

Combien de bons points pour une image ?

Si Philippe Guérineau (PS) pose des questions sur la méthode et la transparence (un peu irrité le Maire, mais pas en colère !) dans la discussion sur la création d’emplois saisonniers, Bernard Raynaud (PRG), plus modéré, se contente d’appeler à la prudence dans l’analyse des données chiffrées et appelle même la majorité municipale à « travailler ensemble ». Message reçu 5/5 : lors de la distribution finale, cela lui vaudra un bon point du maire qui ajoute : « je n’irai pas jusque là pour les autres ! » (il s’agissait des conseillers municipaux d’opposition, vous l’avez compris !)

Syllogisme

Mes maîtres de philosophie m’ont enseigné les syllogismes1. En voici un : l’exactitude est la politesse des rois ; or le conseil municipal a commencé (j’étais juste en train de m’asseoir) avec un quart d’heure de retard ; donc ce conseil municipal n’est pas une monarchie. Accessoirement, vu mon retard, on peut en conclure aussi que je ne suis pas une reine.

Vive la république !

D’ailleurs, il est des conseillers municipaux de la majorité ardents défenseurs de la République et de l’école républicaine. M. Fabre, par exemple, a raconté sa journée du 5 avril dernier : l’invasion de son cours à l’IUT par une « cinquantaine » d’étudiants en grève. Faisant appel à la révolution de 1789 (et à sa volonté de donner le droit à l’enseignement), invoquant le grand républicain Jean Jaurès (M. Fabre montre du doigt le grand portrait du tribun qui orne la salle du conseil) et sa célèbre phrase : « le droit à l’instruction est la seule richesse du pauvre », il a donc tenté d’expliquer à ces perturbateurs que leur mouvement était illégal et antirépublicain. Las, il n’a pas été assez convaincant, car ces «irresponsables» se sont « opposés à ce qui se fait depuis 200 ans dans ce pays » : ils ont fini par lock-outer (=fermer dehors, dixit le pédagogue) l’IUT, faisant ainsi peu de cas du droit à l’instruction qui date pourtant de « bien avant le droit de grève ». A vous de déduire la conclusion du raisonnement sous-entendu !

Plus républicain…

Vous l’avez deviné, l’illégalité de la manœuvre des étudiants a hérissé le poil de notre pédagogue qui martèle : « je suis aux ordres de la République ». Ah, suis-je distraite ! Savez-vous ce qui a provoqué cette diatribe ? Une remarque de l’opposition de gauche (à propos du compte administratif) concernant les subventions en hausse aux établissements privés. Oui, oui ! Le rapport ? Il suffisait d’écouter le début du discours de M. Fabre : « Il y a eu des perturbations phénoménales entre les vacances de février et celles de Pâques » qui font que les retards accumulés dans le public année après année (car ce n’est pas la 1ère fois) ne sont pas rattrapables…

Devoirs de vacances

Etant donné que vous allez avoir plein de temps devant vous, vous êtres prié-e-s de m’envoyer au journal, le-s syllogisme-s que l’on peut bâtir à partir de cette dernière remarque… Ce ne sera pas noté et il n’y aura pas de bon point !

Syllogisme encore !

Pour faire bonne mesure et à titre d’exemple pédagogique, je vous livre le dernier raisonnement que j’ai cru percevoir : 1) « les hommes de gauche ont frétillé de plaisir pendant tout le mois de mars ; 2) or, le mois de mars a été très antirépublicain ; 3) donc les hommes de gauche ne sont pas républicains.

Dernières remarques

Brigitte Desveaux, excédée, est sortie de ses gonds et a pris la porte, momentanément. M. Fabre s’excusera de sa véhémence dans le ton, mais ne retirera rien de ses propos. Notre premier magistrat est un grand démocrate, il laisse chacun (rappelez-vous M. Buffet contre le MRAP) s’exprimer librement, même quand les propos sont complètement hors sujet. Mais le sont-ils autant qu’ils le paraissent ?

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