DEBAT LANGUES REGIONALES ET MINORITAIRES
DEBAT LANGUES REGIONALES ET MINORITAIRES
Le Parti de Gauche a fait connaître sa position sur les langues régionales et minoritaires.
Voici l’apport de l’Exécutif des Alternatifs au débat , il s’appuie pour l’essentiel sur une contribution de notre camarade Gilbert Dalgalian.
Cher-e-s camarades du Parti de Gauche,
Nous avons eu connaissance de votre motion « A propos des langues régionales et minoritaires ».
Avant d’entrer dans le fond de cette question, permettez-nous d’exprimer notre étonnement sur le principe et le moment choisis pour cette motion. Si la promotion des langues régionales n’avait pas pour votre parti l’importance que nous les Alternatifs lui accordons, quelle était l’urgence d’une telle motion clivante ? Au risque évident de placer une pomme de discorde entre le PG/FdG et les Alternatifs dont la position ancienne sur le sujet est bien connue de vous …
Voyons maintenant ce qui dans ce texte fait problème.
Car il contient un grand nombre d’erreurs.
> 1. Il n’y a pas d’atteinte à l’égalité républicaine dans la promotion des langues régionales à l’école : chacun a le droit de choisir une éducation bilingue pour son enfant. Donc ce n’est pas l’exigence d’un « droit particulier pour des groupes particuliers ».
C’est le refus de ce droit éducatif pour tous qui est une entrave à l’égalité des droits.
Dire le contraire relève de l’idéologie.
2. Personne, aucun système scolaire en France ne propose ni ne pratique l’immersion « pendant toute la scolarité » comme l’affirme votre motion : l’immersion chez Diwan ou dans les Ikastolas et les Calendretas prépare un cursus bilingue qui donne au français toute sa place dès le milieu du primaire. Il s’agit donc là d’une contre-vérité pure et simple.
3. Rappelons ici que l’école de Jules Ferry a pratiqué bien avant tout le monde l’immersion … en français : c’est même comme cela qu’ont été éradiquées les langues de France.
Mais l’immersion chez Diwan n’est pas éradicatrice, elle, et ce n’est pas son but : le français est omniprésent dans la vie familiale, sociale et scolaire de l’élève. Evaluations de l’Education nationale à l’appui !
4. La langue commune de tous est partout le français et tous les élèves de France l’apprennent et la pratiquent : vous ne pourrez en aucun cas prétendre le contraire.
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5. Que signifie « langue de référence » dans le texte de la motion ?
Il y a déjà l’Abibac (bac français-allemand), le bac français-italien (en Vallée d’Aoste, avec le soutien du Quai d’Orsay), des cursus bilingues (Lycées internationaux de St Germain-en-Laye, de Lyon, de Strasbourg, de Grenoble et de Valbonne-Sophia Antipolis), hélas trop élitistes mais néanmoins publics et ouverts à tous. Il existe un bac breton pour les élèves qui en feraient le choix (sauf pour les épreuves de français) : le PG veut-il le remettre en question ?
Ce serait une bataille d’arrière-garde …
6. Ce serait faire preuve de myopie culturelle et politique de mettre sur le même plan les langues mortes, les langues internationales et les langues régionales ! Outre un aveuglement sur l’histoire et sur le patrimoine ! Ainsi que sur la présence de beaux restes, de nombreux locuteurs envers et contre tout.
Oui, les langues de France sont une catégorie à part et la motion du PG est de ce point de vue en retard sur la loi de reconnaissance des langues de France dans la Constitution.
7. Dans ces conditions la réaffirmation par le PG d’une « valorisation de tout patrimoine culturel » prend la dimension d’un habillage cosmétique d’un centralisme culturel d’un autre temps.
8. Le soutien apporté par votre motion à un enseignement optionnel des langues régionales est ambigu : en effet, le cursus bilingue français-breton est d’ores et déjà un libre choix des familles.
Réaffirmer un soutien ici (après toutes les réserves émises) prend plutôt le sens d’un appel à une option à petits horaires et de peu d’importance : est-ce cela le souhait du PG pour le breton ? Retour à la case ‘Habillage cosmétique’ …?
9. On comprend mieux dès lors le refus opposé par le PG à la Charte européenne des langues régionales : ce refus apparente la minorisation des langues de France à un communautarisme de monolingues francophones qui ne toléreraient pas les richesses culturelles des autres.
10. Sur un point nous ne pouvons qu’approuver la motion du PG : l’opposition à l’Europe libérale « qui vise à la mise en concurrence des territoires et à affaiblir le rôle régulateur des Etats ».
Mais la promotion des langues et la Charte européenne n’ont rien à voir avec ce libéralisme qui veut le basculement de toute l’éducation dans l’escarcelle du privé.
Ce n’est pas la même chose.
En revanche, les nombreuses ouvertures de classes bilingues publiques dans l’Education nationale prouvent la vitalité de la demande de bilinguisme (non d’éradication du français).
En conclusion :
1. Il nous apparaît que notre 6e République – exigence que nous partageons – ne sera pas fondée sur des valeurs ethniques , si elle respecte les langues et les cultures de tous.
La condition de son universalisme et de sa laïcité, c’est justement le rejet de toute barrière entre les citoyens.
Or les bilingues n’érigent pas des barrières, mais des ponts.
L’éducation bilingue avec le français et une langue régionale ou autre ne crée pas des clivages, mais des ouvertures. Ceux qui refusent ce droit à une éducation ouverte aux réalités patrimoniales et régionales, se profileraient en cas d’insistance maintenue comme des communautaristes qui s’ignorent, emportés par un monolinguisme idéologique.
2. En effet, la maîtrise d’une langue régionale ou minoritaire ne se fait pas au détriment du français. Le citoyen bi-ou plurilingue n’est pas un mauvais citoyen, dans dans bien des cas il est un citoyen plus ouvert à l’Autre.
3. Enfin, ne pas reconnaître ces réalités tourne le dos aux acquis de la psycholinguistique, mais aussi à toute construction politique autogestionnaire et même démocratique.
4. Nous voulons insister auprès de vous, chers camarades du PG, sur le fait que la question des langues en général ne relève pas du champ des opinions, mais des réalités mêmes des êtres vivants, des personnes et des citoyens dans leurs vies, dans leurs affects et leur intégration sociale.
C’est en ce sens qu’elle relève de nos conceptions démocratiques les plus profondes.
Dans un passé pas si lointain, c’est bien cette carence démocratique qui a permis le mépris colonial, l’arrogance des colonisateurs lancés tantôt dans des ethnocides (Amérindiens et Aborigènes d’Australie), tantôt dans de véritables génocides (Indiens d’Amérique du Nord, Africains, Malgaches).
Le combat pour la diversité linguistique dans le monde et la défense des langues partout est un combat INDIVISIBLE et que nous avons eu l’occasion de rappeler dans la contribution critique sur le Programme Populaire Partagé que nous avons récemment adressé à leur demande aux composantes du Front de Gauche
Nous attendrons avec intérêt vos réactions à ces commentaires et explications pour nous essentielles et nous vous en remercions d’avance.
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L’EXECUTIF DES ALTERNATIFS
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LA POSITION DU PARTI DE GAUCHE
A propos des langues régionales et minoritaires
Le Parti de Gauche est parfois interpellé sur la question des langues régionales et/ou minoritaires et leur enseignement. Nous voulons, avec cet argumentaire, affirmer et préciser notre position de principe sur ce thème.
La France s’est dotée, depuis les années cinquante, d’un cadre législatif protecteur pour les langues régionales.
L’apprentissage des langues régionales et minoritaires est possible dans l’enseignement public : basque, breton, catalan, occitan, corse, tahitien, ainsi que 4 langues mélanésiennes. Les langues régionales et minoritaires sont prises en compte pour l’obtention du bac.
Rien donc n’empêche dans les textes la pratique des langues régionales pour celles et ceux qui le souhaitent.
Ce débat a lieu dans un contexte général d’offensive libérale.
En particulier, la réforme des collectivités territoriales constitue l’un des dispositifs de ce projet de concentrations imposées, renforçant la concurrence et les inégalités entre les territoires et nourrissant les inégalités sociales. De plus, la question d’un acte III de la décentralisation est aujourd’hui ouverte dans le débat public. Cette contre-réforme et ces projets ne font qu’obéir aux directives européennes qui visent à transformer la France en une juxtaposition de provinces et de grandes métropoles en compétition les unes avec les autres dans le cadre du grand marché transnational de la concurrence libre et non faussée.
La droite mène cette offensive libérale, elle qui orchestre la grande braderie du service public de l’éducation nationale : suppressions de postes, marchandisation et mise en concurrence avec l’enseignement privé qui se voit accorder toujours plus de privilèges. Ainsi s’organise l’accès aux savoirs sous conditions de fortune, qui renforce les inégalités sociales devant l’accès au droit à l’éducation.
Les arguments qui sont avancés pour aller encore plus loin dans l’enseignement public des langues régionales ne sont pas recevables pour nous.
L’antagonisme entre les principes républicains et la prise en compte d’un patrimoine culturel et linguistique, avancé par certains, est factice : parce que nous sommes toutes et tous différents, tout en étant avant tout des semblables, nous avons besoin d’égalité. Revendiquer des droits particuliers à une catégorie de la population au nom des différences, est une atteinte à l’égalité républicaine.
Dispenser un enseignement public uniquement dans la langue de son choix, y compris en immersion, au détriment de l’apprentissage de la langue commune, le français, signifierait que des groupes entiers de locuteurs ne se verraient enseigner durant toute leur scolarité qu’une langue compréhensible uniquement par une fraction de la population de notre pays. Nous réaffirmons avec vigueur notre attachement au maintien d’une langue véhiculaire commune permettant à tous les citoyens de se comprendre. Le français doit être la langue de référence unique dans l’ensemble du service public d’éducation.
C’est aussi une erreur de faire des langues régionales une catégorie à part par rapport aux autres langues : par exemple les langues mortes et les autres langues étrangères dans leur diversité.
Nos principes et propositions :
Le PG réaffirme son attachement aux principes républicains qui sont évidemment compatibles avec la valorisation de tout patrimoine culturel.
Le PG s’oppose au projet libéral de l’Europe des régions qui vise à la mise en concurrence des territoires et affaiblir le rôle régulateur des états. Pour le PG, l’Etat devrait d’ailleurs être un rempart contre la dérégulation néolibérale qui détruit les solidarités et les services publics.
Le PG rappelle son attachement à l’attribution exclusive des fonds publics à l’enseignement public.
Le PG réaffirme son attachement à l’apprentissage par toutes et tous de la langue française dès le plus jeune âge comme garantie de la cohésion nationale et s’oppose à l’institution de droits particuliers pour des groupes particuliers. Nous réaffirmons l’unité et l’indivisibilité de la République par la préservation d’un langage commun.
Le PG n’est pas pour la ratification de la Charte européenne des langues régionales et minoritaires car elle impose d’introduire des droits particuliers pour une catégorie de citoyens.
Le PG est favorable à l’enseignement des langues minoritaires de manière optionnelle dans le cadre du service public d’éducation.
Le PG réaffirme que le français est la langue administrative et la langue véhiculaire commune.
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sur le lien suivant notre camarade Gilbert Dagalian parle de la pédagogie Diwan:
http://www.abp-tv.com/play.php?video_id=1612&play=go&start=diwan-nevez-logo.jpg&type=mp4