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« Le projet autogestionnaire » des Alternatifs

Publié le lundi, 15 août 2011 dans Autogestion, Notre Projet
 
     Lors de leur Conférence nationale des 18 et 19 juin 2011, Les Alternatifs ont     adopté ce texte sur le projet autogestionnaire.
 
 
 
 
Nous le publions ici, dans la perspective de poursuivre le débat sur la transformation autogestionnaire de la société.
 
 
Une des prochaines étapes de ce débat, sera la venue du maire de MARINALEDA dans le Tarn, le samedi 17 septembre 2011, – à LISLE sur TARN,  l’invitation de diverses associations, parmi lesquelles CONFLUENCES 81 et L’ALTERMONDIALISTE

 

 
 
 
 
 
Le projet autogestionnaire
 
 
 
I Présentation du projet
1.1 L’autogestion comme but, moyen et chemin
1.1.1 Définition
 
En tant que projet politique, l’autogestion est à la fois un but et un chemin.
 
En tant que but, l’autogestion constitue la forme d’organisation et le mode de fonctionnement d’une société fondée, au niveau des principes et des pratiques, sur la participation de toutes et de tous à l’ensemble des décisions dans les champs économique, social et politique, à tous les niveaux de la sphère collective en vue de l’émancipation de chacun et de chacune.
En tant que moyen, l’autogestion est aussi une pratique immédiate, y compris dans le cadre de la société capitaliste, même si l’autogestion généralisée est impossible dans le cadre du capitalisme. Comme pratique immédiate, l’autogestion est nécessaire pour accumuler des forces, faire la démonstration que les dominations et les hiérarchies ne sont pas fatales, et qu’une autre société, alternative au capitalisme, est possible ; comme chemin, l’autogestion prépare et conditionne les ruptures avec le capitalisme.

Enfin, au-delà des pratiques et des objectifs, l’autogestion implique une stratégie transitoire pour le changement de société, faite de ruptures et de sauts qualitatifs, favorisant l’émergence d’un double pouvoir débouchant sur la transition autogestionnaire et ouvrant la voie vers l’autogestion généralisée..
L’autogestion comporte deux orientations fondamentales :
– contribuer à la mise en place d’un nouveau système de production; de consommation et de répartition de la richesse aux différentes échelles, satisfaisant aux exigences écologiques et sociales ;
– construire une société permettant de « démocratiser radicalement la démocratie » politique et économique.
1.1.2 La démocratie politique
 
Pour les autogestionnaires, la démocratie politique exige de combiner une refonte radicale des   institutions à différentes échelles, et la construction [par le bas] d’une démocratie active.
La construction d’une démocratie active repose d’une part sur la dynamique des forums citoyens ouverts à toutes et tous, généralistes et thématiques, lieux de rencontres, de confrontations, d’élaboration et de contrôle, d’autre part sur l’installation des conseils citoyens, tirés au sort ou élus par toute la population âgée d’au moins 16 ans, quelle soit la nationalité après débat politique pluraliste. Ces conseils seront associés aux décisions des institutions locales, régionales, nationales et européennes, en recourant notamment au budget participatif. Dans une société autogérée, démocraties économique, sociale et politique sont indissociables.
1.1.3 Les piliers de l’économie autogestionnaire
 
Parce que l’autogestion promeut la participation de toutes et de tous à l’ensemble des décisions dans le champ économique, l’autogestion s’appuie sur la propriété collective des moyens de production. Cette appropriation collective, très largement dominante, des moyens de production permettra l’extension du champ de la gratuité dans l’économie, ainsi qu’une relative liberté dans le mode d’établissement des prix, ceux-ci devenant essentiellement un choix politique. Cette appropriation se fera sous forme publique et sociale. Dans cette seconde forme, le capital est mis à la disposition des unités de façon inaliénable par la collectivité grâce à un système monétaire et financier chargé de la mise en œuvre des choix économiques collectifs.
L’ensemble de la population définira, au niveau le plus adéquat possible et selon les règles de la subsidiarité, ses grandes priorités économiques tant en termes de consommation que d’investissement. Les unités de production et de service seront dirigées par les travailleur-ses de celles-ci. Les usagers et citoyen-es définiront, en coordination avec les travailleur-ses, les objectifs de chaque unité.
La propriété collective des moyens de production implique la fin des revenus du capital. L’extension de la gratuité (c’est-à-dire la socialisation des coûts et la gratuité d’usage) est un vecteur d’égalité sociale. Les revenus monétaires seront distribués sur une clé de répartition résultant d’un débat démocratique et dans une fourchette réduisant fortement la hiérarchie des revenus.
1.1.4 La transition autogestionnaire
 
La société autogestionnaire n’est pas un état qui surgit comme par enchantement au lendemain de la révolution. C’est un processus d’autodétermination sociale, économique, culturelle, politique et institutionnelle. La perspective d’un double pouvoir basé sur la construction d’un pouvoir citoyen et autogestionnaire « d’en bas », transitoire en en confrontation avec l’appareil d’Etat (le pouvoir « d’en haut »), précédera et rendra possible la destruction de l’appareil d’Etat bourgeois. Un tel processus pourra préfigurer et préparer la société d’autogestion généralisée, une fois cet appareil d’Etat mis hors d’état de nuire. La destruction de l’appareil d’Etat bourgeois ne peut être le préalable à l’instauration du socialisme autogestionnaire. Une phase transitoire est donc nécessaire.
Les pratiques et les formes autogestionnaires conditionnent la construction et l’appropriation de l’autogestion par de larges secteurs de la population. L’élaboration d’un programme de transition, combinant des revendications et des exigences immédiates doit ouvrir des perspectives. Ce programme doit permettre la mobilisation et inciter à la radicalisation pour construire une culture autogestionnaire qui irrigue la conscience collective.
  La culture autogestionnaire resurgit depuis le début du siècle en Amérique latino-indienne et dans une moindre mesure en Europe, en lien avec la nouvelle culture politique née de l’altermondialisme, dont le mouvement des « Indignados » est aujourd’hui l’une des expressions.
La transition autogestionnaire suppose d’autres rapports de propriété et d’autres institutions politiques, ce qui implique une stratégie d’affrontement avec le système capitaliste.. Elle sera faite de ruptures successives et de sauts qualitatifs. Il s’agit d’engager l’action et la lutte sur au moins cinq terrains : la démocratie institutionnelle, les services publics, la production, la solidarité internationale et l’écologie, pour ouvrir d’autres possibilités de convergence et pour parvenir à une dualité du pouvoir. Il convient également d’analyser les luttes d’autodétermination mais aussi les nouvelles contradictions du capitalisme car elles engendrent de nouvelles formes de contestation et appellent à de nouvelles réponses
Les autogestionnaires assument la dimension conflictuelle, dans une phase de transition, des différentes instances d’un double pouvoir, pouvoir d’en haut et pouvoir d’en bas, et privilégient la dynamique du pouvoir d’en bas dans l’optique de la société autogérée comprise comme autogestion généralisée.
1.1.5 Autogestion, Europe et mondialisation
 
Le projet autogestionnaire ne vise ni une unité mondiale ni une globalisation politique organisées sur les mêmes règles imposées à tous. Il est par essence respectueux des peuples et de leur culture dans le cadre d’un monde coopératif, exempt de toute forme d’impérialisme d’Etat ou de Firmes multinationales.
L’organisation internationale reposera sur :
• Le respect des droits universels des personnes et des peuples ;
• La paix et le règlement pacifique des conflits ;
• La construction de relations égalitaires entre les individus et entre les peuples, en alternative à toute forme de domination, de hiérarchie et de mise en concurrence,
• La protection des biens communs et de la biodiversité.
L’ensemble de ses règles de fonctionnement est fondé sur la prééminence des droits humains et environnementaux.
Les relations entre les pays sont régies par un organisme intergouvernemental unique, représentation démocratique des peuples. Son organisation devrait reposer sur une séparation des trois pouvoirs, décisionnaire, exécutif (agences en charge de sujets spécifiques) et judiciaire, s’appuyant sur des forces de coercition et placé sous contrôle de la communauté des peuples.
Les fondements de la société autogestionnaire, impliquent que les échanges s’inscrivent dans une économie qui vise le bien-être des peuples et l’instauration d’une solidarité entre eux. Ils seront limités, privilégieront les énergies renouvelables et préserveront les biens communs mondiaux et reposeront sur des prix justes prenant en compte un référentiel de droits économiques et sociaux et de protection environnementale. Le système monétaire et financier sera fondé sur une monnaie commune définie par un panier de biens et de services représentatif des productions des différents pays.
1.1.6 Autogestion et éducation

L’Education, dans une perspective autogestionnaire, vise à l’émancipation individuelle et collective. Elle a pour objectif de former des personnes libres et responsables, susceptibles de transformer radicalement les institutions et la société actuelles et de jouer un rôle actif dans une société où l’instance politique faite de débats citoyens et de décisions collectivement partagées dominera. Ici et maintenant la démarche autogestionnaire en matière éducative est tout à la fois un outil de contestation du capitalisme, du productivisme et de toutes les aliénations ainsi qu’une arme pour l’émancipation et l’épanouissement individuels et collectifs.

L’éducation, en famille comme à l’école, doit à conduire à une société exempte de préjugés liés au genre et au type de sexualité. Hommes et femmes doivent partager les tâches liés à l’éducation et aux soins apportés aux enfants et réaliser ainsi une répartition égalitaire des tâches à l’intérieur de la famille.

Une démocratie en actes vécue collectivement au quotidien, la coopération et l’association, le partage des informations, des connaissances et des savoirs constituent le chemin d’une éducation émancipatrice autogestionnaire qui transforme les façons de penser et de vivre.

Notre projet autogestionnaire pour l’Ecole et l’Education s’appuie sur les luttes menées, démocratiques, sociales, féministes et écologistes et intègrent les expériences alternatives concrètes déjà en cours ou celles à promouvoir, notamment, mais pas exclusivement, au sein de l’institution scolaire.

1.2 Ecologie et autogestion

 

1.21 Les liens entre autogestion et écologie
 
Le but du capitalisme c’est l’accroissement du taux de profit obtenu par la pression exercée sur le salariat mais aussi par la recherche insatiable de nouveaux marchés. L’accumulation du capital pousse le PIB perpétuellement à la hausse. Il apparaît, de plus en plus, que ce dernier, à partir d’un certain niveau par habitant, ne conduit pas à l’amélioration du bien-être mais est synonyme de pollutions de plus en plus graves menaçant la vie des générations futures. Les récents exemples le montrent (marchés de permis d’émission, grenelle de l’environnement…), la prise en compte de l’écologie par des régulations du marché est incapable de répondre aux défis contemporains. Ceci signifie que les questions « que et comment produire ? » ne peuvent plus relever de l’addition des comportements individuels mais doivent résulter d’un débat démocratique dans lequel toutes et tous sont parties prenantes : seule l’autogestion généralisée de la société sera en mesure de garantir une vie décente aux générations futures.
1.22 Type de développement : objection de croissance et alterdéveloppement
 
Les suites du séisme du 11 mars 2011 au Japon et la catastrophe majeure de Fukushima marquent une rupture. Elles ont mis à nu la fragilité des sociétés les plus « développées ». Elles confirment à quel point la sécurité des populations « civiles » — jugées superflues dès lors qu’elles ne sont plus solvables ou corvéables à merci — pèse désormais peu, même en supposé temps de paix, face aux intérêts privés d’une petite oligarchie de « décideurs ».
Le cynisme du capitalisme du désastre est fondé sur la reconstruction de ce qu’il a contribué à détruire et se heurte aux relatives limites posées par le péril radioactif. Il s’appuie sur une logique consumériste, productiviste et sécuritaire pour maintenir ou pour améliorer le taux de profit. Cette logique conduit, dans un certain nombre de cas, à l’adoption de technologies incompatibles avec l’autogestion et avec la sauvegarde de la planète comme le nucléaire, les OGM ou les nanotechnologies ; dans d’autres cas, elle conduit à des choix scientifiques et techniques socialement orientés et écologiquement néfastes. Ces derniers doivent être abandonnés ou réorientés selon les cas, après une véritable appropriation citoyenne et autogestionnaire. L’abandon de certaines technologies ou leur réorientation contribue à réduire l’empreinte écologique, notamment dans les pays du Nord.
La critique du développement, prolongée aujourd’hui par le mouvement de la décroissance, avance un certain nombre de thèmes, peu portés par les mouvements d’émancipation antérieurs et qui doivent être pleinement intégrés à la critique alternative et autogestionnaire du capitalisme : remise en cause de l’exploitation néocoloniale liée aux tentatives de développement paternaliste du Sud par le Nord, critique de la tendance croissante à l’occidentalisation du monde par déculturation forcée des sociétés et du caractère progressiste de tout progrès technique (hyper-technicisation). Ce mouvement porte aussi des préoccupations écologistes radicales que nous partageons : accent mis sur l’urgence et sur l’irréversibilité de certains processus de destruction déjà commencés (le réchauffement climatique en est l’emblème), sur la finitude de la planète, sur les limites de l’exploitation féroce des ressources naturelles, sur la nécessité de réduire l’empreinte écologique et celle d’une société énergétiquement sobre. Enfin, ce mouvement met l’accent, à juste titre, sur l’illusion du développement durable, aménagement vert du capitalisme, qui, à coup de voitures électriques, d’agrocarburants, de filtres à eau et de puces de diagnostic, ne fait qu’aménager l’ordre existant en laissant intacts les rapports sociaux de domination.
Pour autant les Alternatifs n’acceptent pas la diabolisation tous azimuts de la notion même de progrès ni l’amalgame entre progrès social et progrès technique.
Les Alternatifs sont convaincu-e-s du caractère destructeur de certaines productions. Mais s’ils considèrent que la croissance en soi est une impasse – et c’est en ce sens qu’ils revendiquent l’objection de croissance – ils ne font pas de la décroissance un objectif en soi. Ils mettent l’accent sur la dimension qualitative de la production sociale et sur sa compatibilité avec la nécessité de réduire la ponction sur les ressources naturelles.
Ils font le choix de l’alterdéveloppement en mettant l’accent sur trois questions :
– que produire ?
– comment le produire ?
– pour quelle répartition des richesses ?
Dans ce cadre, il s’agit de subordonner les activités économiques à des choix politiques concernant la société et l’environnement :
– pour une production économe et solidaire mettant en priorité la satisfaction des besoins fondamentaux : alimentation, santé, formation et autres équipements ou services publics tout particulièrement dans le sud ;
– pour une production fondée sur une réduction drastique de la consommation des sources d’énergies non renouvelables, le respect des milieux naturels, de la biodiversité, des ressources en eau et des équilibres climatiques ;
– pour un fonctionnement politique permettant la participation de toutes et tous aux différentes échelles.
Sur ces bases, les Alternatifs déclinent quelques orientations. Notre préférence va :
– à la qualité du lien social plutôt qu’au quantitatif et à l’accumulation de biens,
– à la relocalisation de l’économie : suppression des intermédiaires, production et vente au plus près des habitant-e-s pour réduire les coûts environnementaux des transports.
– au choix de technologies maîtrisées par les utilisateurs plutôt qu’aux technologies sophistiquée ou hautement performantes au service d’une minorité,
– à de nouvelles pratiques sociales et solidaires (engagement en matière de commerce équitable, au Nord et au Sud, opposition au pillage des matières première du Sud ; lutte contre les OGM et le nucléaire; lutte contre le modèle de surconsommation).
1.23 Quel type de production ? Que et comment produire ? Quelle articulation avec les citoyens et les consommateurs ?
 
Publicité et ses multiples supports, surarmement, bétonnages massifs, OGM, agrochimie,    automobiles… la majorité des réalisations modernes sont nuisibles aux humains ou, au mieux, superflues. Il faut démanteler les trusts qu’elles engraissent. Il est nécessaire d’organiser un contrôle citoyen et autogestionnaire sur les choix scientifiques et techniques et de créer des organismes indépendants qui informent la population et permettent la prise de décision. Il faut retrouver les savoir-faire garants d’autonomie dont on tente de nous dépouiller, élargir le champ des valeurs d’usage contre la tyrannie de la valeur d’échange qui transforme en aliénation la production, le travail humain et la consommation ; il faut cesser de confondre travail et emploi, travail et salariat, mais aussi cesser de cliver producteurs et consommateurs, travail et « loisirs », manuels et intellectuels, jeunes et vieux, hommes et femmes, conception et exécution…
Pour s’affranchir du diktat des multinationales, il faut redistribuer les terres et les lieux habitables, il faut définir des zones d’activités relocalisées de consommation, de production et de transformation. Ces zones doivent être gérées de manière participative (comme pour le budget participatif) à partir des échelons les plus locaux pour permettre à la population de faire les choix nécessaires et de les mettre en œuvre.
En matière d’alimentation, il faut veiller à laisser la place à l’installation de paysans et rechercher les ressources les plus proches en élargissant progressivement les zones d’approvisionnement pour ce qui ne peut être produit sur place. Il faut favoriser toutes les organisations autogestionnaires à tous les niveaux et réduire au maximum l’obligation de déplacements.
 L’organisation autogestionnaire de la société doit :
– rompre avec le consumérisme et el mythe du droit à consommer et permettre à chacun-e de satisfaire ses besoins vitaux : logements nourriture, santé éducation, loisirs.
– en transition, nationaliser ou renationaliser tout ce qui relève des grands réseaux (communications, transports, énergie, grande distribution…)
– exprimer des valeurs de solidarité.
Par ailleurs, raisonner exclusivement en termes de production et de consommation occulte l’enjeu écologique, social et politique central : celui des « déchets ». Cet enjeu porte sur leur définition, leur nécessaire réduction drastique, mais aussi la manière d’envisager les contraintes liées à la gestion concrète et équitable des pollutions durables, toxiques et radioactives qui nous ont déjà été irrémédiablement léguées.
Cette problématique des déchets, effluents et rejets ne peut plus être « externalisée », déléguée à un lumpenprolétariat local ou étranger. Elle doit être placée d’urgence au cœur de toute réflexion sur ce que pourrait être une alternative autogestionnaire au totalitarisme bienveillant des « gouvernances mondiales ».
1.3 Féminisme et autogestion
 
La perspective autogestionnaire et écologique doit s’accompagner d’une lutte résolue contre les   inégalités et pour une nouvelle répartition des richesses. La structure inégalitaire de la société a des conséquences graves comme la perte des compétences d’une très large partie de la population et des contraintes sur des individus, hommes et femmes, qui ne peuvent trouver leur juste place.
La parité dans tous les domaines est un choix provisoire comme moyen pour atteindre une véritable organisation autogestionnaire, féministe et démocratique de la société.
Les Alternatifs luttent pour une société qui refuse les inégalités, les violences, le racisme et la répression comme mode de gouvernement.
Ils luttent pour une société autogestionnaire qui permet l’autodétermination et l’égalité des droits, dans laquelle les personnes sont libres et décident ensemble sans domination d’un groupe sur un autre qu’elle soit sexuelle, raciste ou économique.
Les femmes y ont nécessairement une place égale à celle des hommes, la société autogestionnaire est donc une société féministe.
Le féminisme se réclame de l’autogestion dans l’organisation de ses luttes et dans ses projets, l’autogestion est nécessairement féministe en remettant en cause toutes les oppressions. La lutte pour avancer vers une société féministe et autogestionnaire passe par :
• une meilleure répartition du temps de travail et sa réduction ;
• une réorganisation écologique et autogestionnaire de la production ;
• une éducation basée sur le respect et l’égalité de tous et toutes sans discrimination ni stéréotypes sexistes ;
• la parité stricte dans les institutions et la vie politique.
Pour les Alternatifs, féminisme et autogestion sont incompatibles avec le capitalisme.
Mais le féminisme et l’autogestion n’attendent pas la rupture avec celui-ci et la révolution : les pratiques féministes et autogestionnaires existent déjà. Développons-les partout, c’est ainsi que nous construisons le projet alternatif et que nous préparons les ruptures nécessaires.
1.4 Antiracisme et Autogestion.
 
Tout comme autogestion et sexisme sont incompatibles, autogestion et racisme ne peuvent cohabiter. Pour les Alternatifs, aucun secteur de la société ne pourra être démocratisé s’il n’est libéré des discriminations racistes. C’est pourquoi les Alternatifs combattent toutes les formes de racismes (de nationalité, d’origine, de couleur, de genre, de sexualité, de religion) sans hiérarchie.
Les Alternatifs sont particulièrement sensibles à la montée d’un discours raciste décomplexé envers les noirs et les arabes en France.
II Nos orientations et leur articulation au projet

 

2.1 Enclencher des dynamiques autogestionnaires pour la reconversion économique, écologique et sociale
 
Face à l’aggravation des problèmes écologiques et la montée du niveau de risques (Fukushima) au cœur d’un capitalisme en crise, l’urgence de la reconversion constitue une priorité politique pour toutes les forces alternatives. Nous visons un « alterdéveloppement » dans un projet autogestionnaire. Cela implique le remplacement du capitalisme dans une démarche fondée sur des pratiques et des organisations autogestionnaires associant le maximum de citoyenNEs tout au long de la reconversion. Cette reconversion doit donc être fondamentalement sociale, c’est à dire répondre aux besoins fondamentaux.
Mais comment enclencher le remplacement du capitalisme ?
Malgré la profondeur de sa crise et sa remise en cause sous des formes diverses, le capitalisme ne se laisse et ne se laissera pas facilement abattre au nom de la sauvegarde de la planète et du « bien-vivre » de l’humanité.

 

Au contraire il passe à l’offensive (agrocarburants, accaparement des terres, …) et promet un « capitalisme vert », base d’un éventuel compromis. Aux forces alternatives, à nous, d’imposer la réduction sensible de la production et de la consommation des pays riches, l’amélioration de la situation des pays « émergents » et pauvres, le changement des modes de production et de consommation pour tous, en vue de satisfaire les besoins de l’humanité et de protéger la planète.

Le discours politique, même radical, ne suffira pas. Il doit s’inscrire dans un ensemble de propositions et d’actions visant :
– La satisfaction des besoins humains fondamentaux sous contraintes sociales et écologiques (faibles inégalités de revenu et de conditions de vie, économie des ressources non renouvelables …) par le renforcement des services publics ;
– Une profonde modification des types de production, des façons de produire et d’échanger ;
– Une mutation en matière d’organisation du travail et des modes de gestion, de répartition des tâches pénibles et des gains de productivité au service de la réduction du temps de travail;
– La solidarité avec les pays les plus touchés par la crise climatique et écologique et par les stratégies politiques et économiques néocoloniales ;
– La mise en place d’une politique de reconversion économique dans le cadre d’une planification écologique sectorielle, territoriale et globale.
– Une autre façon de vivre passant par une autre organisation des territoires, une transformation des pratiques culturelles, sportives, des loisirs et des façons de consommer.
Dans ce cadre des alternatives concrètes, individuelles et collectives, doivent remettre en cause le système. Il s’agit de démontrer massivement qu’un autre mode de production est possible tout en affaiblissant significativement l’actuel.
Il s’agit de donner force et sens aux réalisations dans des domaines où l’autonomie des producteurs et ou des consommateurs est relativement forte, comme dans une partie de l’agriculture et de l’alimentation avec le développement des circuits courts alimentaires dont la forme AMAP. Mais compte tenu des limites de ces formes alternatives, la tendance à en faire un modèle largement reproductible, est vaine. Il faut donc aussi construire des alternatives dans les secteurs où l’autonomie actuelle des travailleurs (automobile, énergie …) est faible alors que ces secteurs sont centraux dans les différentes composantes du système capitaliste.

Le niveau local doit aussi contribuer à l’émergence et à l’application du nouveau compromis à propos de la transition énergétique, de nouvelles pratiques … Pour cela, le mouvement des « villes ou territoires en transition » doit nécessairement associer les populations les plus défavorisées.

Un tel projet butte sur la solidité du capitalisme. A nous de contribuer à le subvertir de façon pertinente aux plans intellectuel et politique.
2.2 Développer des formes autogérées

 2.2.1 Dans l’entreprise

Dans l’entreprise capitaliste, la finalité du travail est la mise en valeur du capital : de ce point de vue, la direction de l’entreprise est nommée par les propriétaires de celle-ci et les travailleur-ses sont assujetti-es à cette direction. La finalité de l’unité de production autogérée n’étant plus la mise en valeur du capital mais la satisfaction des besoins de la population, les travailleur-ses sont logiquement appelé-es à reprendre le contrôle de leur activité productive. C’est ainsi que la direction de l’unité de production sera directement élue et révocable par l’assemblée des travailleur-ses, à l’image de ce qui existe actuellement dans les SCOP.
Pour autant, presque deux siècles d’expériences d’autogestion ouvrière nous montrent les difficultés de celles-ci dans le cadre d’une économie de marché : les sociétaires se doivent de trouver un marché solvable pour obtenir des rémunérations convenables et lorsque ce point est résolu, on constate fréquemment une dérive capitaliste des formes coopératives (cf. Mondragón au Pays basque). Divers éléments permettront d’engager la sortie des échanges économiques du cadre marchand :
– La présence d’une planification incitative et partielle qui agira sur le levier bancaire pour orienter les unités de production vers les besoins exprimés de la population ;
– La propriété sociale des moyens de production de l’entreprise garantie par le financement d’un secteur bancaire socialisé ;
– La possibilité pour les usagers et les collectivités publiques de s’organiser et d’élire dans chaque unité de production, un Conseil d’orientation chargé de conseiller et de s’assurer que la direction de l’entreprise agit dans le sens de l’intérêt général ;
– Une certaine garantie des rémunérations des travailleur-ses indépendamment des résultats de l’entreprise.
Si nous ne semblons pas être dans une époque d’appropriations collectives à grande échelle (comme en 1917 en Russie, en 1936 en Catalogne et en Aragon, en 1956 à Budapest … ), d’autres formes et modalités d’appropriation ont vu le jour ces dernières années : récupération d’entreprises en Argentine (220 en une décennie), de l’usine sidérurgique vénézuélienne SIDOR, de l’usine de pneumatiques Hulera Euzkadi S.A, à El Salto …
Ces expériences émanent, le plus souvent, d’équipes syndicales influencées par des marxistes révolutionnaires ou autogestionnaires mais cette condition n’est pas exclusive. Elles peuvent parfois résulter de démarches beaucoup plus pragmatiques en cas de crise grave.
En France et en Europe, malgré la destruction de plusieurs centaines de milliers d’emplois industriels (269 000 en France selon Alternatives économiques) et des luttes, parfois exemplaires en termes de combativité, la frilosité des équipes syndicales freinent toute velléité de reprise « sous contrôle ouvrier » (Hormis dans l’Etat espagnol où 40 entreprises ont été récupérées en deux ans).
2.2.2 Dans les services publics et pour la défense des biens communs
 
Dans une société autogestionnaire, les biens communs universels (eau, air, terre, sous-sol,   biodiversité, connaissances), les biens sociaux (enseignement, santé, protection sociale, recherche) et les biens publics (énergie, transports, télécommunications, emploi, justice, culture) doivent échapper à toute forme de marchandisation et être socialisés, ce qui n’implique pas nécessairement la nationalisation. Quels que soient les échelons de compétences (national, régional ou local), les citoyen-ne-s, les associations, les syndicats doivent être associés pleinement aux décisions et à la gestion des entreprises ou des régies publiques.
Assainissement et distribution de l’eau, collecte, traitement et réduction à la source des déchets, énergies renouvelables, accueil de la petite enfance ou des personnes âgées, etc., l’essentiel des services publics de proximité devra être géré par des régies publiques directes avec contrôle citoyen ou des sociétés coopératives d’intérêt collectif (SCIC). Face à la spéculation foncière et immobilière, les communes ont un rôle actif à jouer pour renforcer la socialisation des terres et des logements. Par ailleurs les citoyen-ne-s peuvent également créer des coopératives de logements, des crèches autogérées, etc.
La transformation sociale et politique de la société implique de rompre radicalement avec les pratiques actuelles consistant à déléguer la gestion aux intérêts privés et à confisquer le pouvoir de décision. Le discrédit de la démocratie représentative s’explique en partie par l’opacité de la gestion publique, le refus d’entendre les mobilisations populaires (tarif de l’eau, maintien des bureaux de poste, des classes et des services hospitaliers, etc.) et l’absence de concertation des usager-ère-s et des travailleur-se-s à tous les niveaux.
Pour les Alternatifs, un service public de l’information est nécessaire.
Libéré des pressions publicitaires et géré comme les autres services publics dans la concertation entre associations d’usagers, syndicats et Etat, il trouvera sa place à côté d’un tiers secteur associatif valorisé et un secteur privé aux ressources publicitaires drastiquement limitées, à la concentration maîtrisée et strictement indépendant des groupes industriels travaillant avec l’Etat.
2.2.3 Dans l’enseignement
 
Les Alternatifs s’instruisent des expériences alternatives en place ou en projet qui permettent aux enfants de devenir sujets de leur formation, de construire leur savoir à travers leurs activités, de développer la coopération et l’association, et les appuient. Ces pratiques existent, fonctionnent dans la durée, réussissent. Elles sont à développer. Il s’agit le plus souvent de fonctionnement coopératif, de la pratique de conseils ; ceux-ci sont liés à une organisation de la classe et à des apprentissages fondés sur des activités rattachées au vécu et à des projets réels des enfants ou ados, et de ce fait dotés de sens ; ils sont liés également à l’existence effective, reconnue, prise en compte, d’une libre expression, et d’échanges constructeurs. Ces pratiques pédagogiques favorisent aussi une réelle démocratisation scolaire.
Il est nécessaire de lier ces expériences et les espaces institutionnalisés ou non de contestation de l’école capitaliste, dans une perspective de transformation globale du système éducatif et de la société toute entière.
Les Alternatifs soutiennent les mouvements pédagogiques visant à changer l’école et sont favorables à l’établissement de liens institutionnels entre équipes enseignantes-mouvements pédagogiques- recherches pédagogiques portant notamment sur les processus d’apprentissage effectuées par les chercheurs/chercheuses en Sciences de l’Education.
Les Alternatifs sont partisans d’une organisation autogestionnaire du service public d’Education dans lequel les partenaires éducatifs (jeunes, parents d’élèves, salarié-e-s de l’Education, organisations et associations dont les usagers et les personnels se sont dotés, mouvements et associations pédagogiques, collectivités territoriales elles même autogérées) décideront ensemble des transformations de parcours, de filières.
Les établissements scolaires seront réorganisés pour permettre :
– la mise en place de structures d’autogestion en leur sein
– les réponses pédagogiques appropriées à l’échelon local dans le cadre d’objectifs nationaux
Ces structures librement instituées rendent possibles l’objectif d’une culture commune acquise selon des modalités qui peuvent varier et qui facilitera l’émancipation individuelle et la construction d’une citoyenneté autogestionnaire.
2.2.4 Dans le secteur bancaire et financier
 
L’argent doit cesser d’être un moyen de pouvoir dans l’économie.   
Celui-ci est géré par des banques dont une grande partie est détenue par des actionnaires,   leur   unique motivation étant le retour sur investissement. Ce faisant, ces dernières ont développé des activités de marché peu en rapport avec le financement de l’économie réelle.
L’autogestion suppose le contrôle citoyen sur l’activité bancaire. Ce contrôle suppose l’appropriation collective des banques privées, leur transformation en banque nationale ou coopératives. Dans les banques nationalisées, les Alternatifs soutiennent l’intervention effective des travailleur-ses et usagers dans la gestion. Dans les banques coopératives déjà existantes, les Alternatifs soutiennent la participation des travailleur-ses à la gestion de l’entreprise ainsi qu’une réactivation de la démocratie interne lorsque cela est nécessaire.
La banque centrale doit cesser d’être une officine indépendante dont l’unique objectif est le contrôle de l’inflation mais un outil d’orientation des crédits dont l’objectif est de mettre en œuvre les décisions politiques de la population relatives aux investissements de l’économie.
Les Alternatifs soutiennent les initiatives de création et d’expansion de banques éthiques et coopératives.
Les Alternatifs estiment que l’argent ne doit plus être rémunéré en termes réels (hors inflation)
 
2.3 La solidarité internationale
 
Altermondialistes, les Alternatifs soutiennent les peuples en lutte pour leur autodétermination et leur indépendance notamment les peuples sans Etat (palestiniens, sahraouis..) ainsi que les peuples victimes du colonialisme et de régimes dictatoriaux. Ils manifesteront leur solidarité chaque fois que possible et participeront à la mise en place de projets de solidarité avec ces peuples.
III Nos tâches dans la période
 
3.1 La socialisation des moyens de production
 
La socialisation des moyens de production s’inscrit dans notre projet global de transformation sociale et d’émancipation. Dans ce cadre, les Alternatifs considèrent que le contrôle « ouvrier » envisagé comme étape transitoire et les contre-plans alternatifs ou plans de reconversion écologiques comme objectifs sont des instruments de remobilisation des travailleurs pour passer de la préservation de l’emploi et des acquis à la remise en cause de la propriété tout en interrogeant l’utilité sociale et écologique de la production.
Que produire ? Pour quoi faire ? Comment produire ?
Ces questions dépassent inévitablement le cadre stricto sensu de l’entreprise pour intégrer celui de la branche et au-delà, celui de la société, dans le but de définir l’usage des produits avec les utilisateurs, les usagers et les consommateurs. Pour cela, les luttes des travailleurs ne doivent pas restées isolées. Les Alternatifs s’évertueront à développer des solidarités mais également des collaborations avec les travailleur-se-s et leurs organisations syndicales et les usager-ère-s.
– Ils soutiendront tactiquement les expériences de contrôle « ouvrier » comme une étape transitoire car elles enclenchent un processus dynamique vers la gestion ouvrière. Il s’agira de placer ces luttes partielles pour le contrôle ouvrier dans la perspective de l’autogestion, tout en étant conscient que la réussite de l’autogestion implique évidemment son extension à des branches entières de l’activité.
– Ils s’impliqueront dans l’élaboration de contre plans alternatifs et plans de reconversion écologique en vue de la défense et la préservation des postes de travail en vue de définir :
– le développement et la faisabilité technologique des produits ;
– l’impact écologique pour fabriquer ces produits ;
– la recherche de l’innovation en fonction d’une plus grande utilité sociale des produits ;
– la redéfinition des rapports sociaux dans l’entreprise et la branche ;
– la transformation de l’organisation du travail, le transfert des « savoir-faire ».
 
3.2 Défense, développement et démocratisation des services publics et des fonctions de l’État
 
Les Alternatifs œuvreront pour que la préservation des biens communs universels et l’accès de toutes et tous à ces biens soient garantis par la Constitution et que des politiques adéquates soient mises en oeuvre dans ce sens.
A l’échelon national, ils se mobiliseront pour une reconquête publique de l’enseignement, de la santé, de la protection sociale, de la recherche et pour celle des secteurs publics privatisés ou en cours de privatisation (énergie, transports, poste, télécommunications). Ils se prononcent pour une transformation autogestionnaire de ces services publics avec la participation à la gestion des salarié-es et citoyen-nes usager -es dont une partie sera tirée au sort.
A l’échelon local, les Alternatifs agiront pour que les services publics de proximité (eau, assainissement, déchets, énergies renouvelables, petite enfance, personnes âgées, etc.) soient gérés par des régies publiques directes avec contrôle citoyen ou des sociétés coopératives d’intérêt collectif (SCIC). Ils interpelleront les collectivités locales pour qu’elles acquièrent ou protègent des terres afin de préserver et de réimplanter l’agriculture et permettre le développement de l’emploi agricole. Ils impulseront des projets d’habitat collectif intergénérationnels. Ils soutiendront les initiatives citoyennes pour développer des coopératives de logements, des crèches autogérées, etc.
Pour cela :

– Les Alternatifs renforceront leur présence dans les collectifs locaux et nationaux de défense et de développement des services publics, dans la Coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et des maternités de proximité, les associations d’usagers de l’eau et des transports publics, etc ;

– Ils participeront au Forum alternatif mondial de l’eau (FAME) à Marseille en mars 2012 et s’investiront dans sa préparation ;
– Au niveau local, ils participeront ou impulseront la création de collectifs citoyens pour exercer un contrôle dans la gestion des services publics de proximité ou, en cas de carence des collectivités, les prendre en charge.
 
3.3 Reconversion sociale et écologique

 

En cohérence avec les fondements et les axes stratégiques de leur projet, les Alternatifs participent à faire avancer la reconversion écologique de l’économie et de la société dans une perspective anticapitaliste et autogestionnaire. Dans la période actuelle nos tâches se développent dans trois directions complémentaires :
– prendre en compte, à toute échelle, les conséquences sociales (niveaux de pollution et de risque, pertes d’emploi, de pouvoir d’achat, conflits pour l’appropriation des matières premières …) des dérèglements écologiques et élaborer démocratiquement des alternatives qui répondent       effectivement à ces inégalités. Il s’agit ainsi de contribuer à associer une majorité de travailleurs, de consommateurs, de citoyens, ici et dans un grand nombre de pays, à la construction d’un projet écologique et solidaire, fondement d’une stratégie anticapitaliste et antiproductiviste.
– dénoncer par nos positions et par nos luttes la poursuite des pratiques capitalistes dans la production, les échanges et les discours. y compris dans la perspective d’un capitalisme vert avec maintien des mêmes objectifs de profit, du technicisme des indicateurs et des propositions, sans remise en cause du modèle de production : agrocarburants, nucléaire au lieu d’une alternative énergétique …Cette poursuite du système capitaliste conduit à l’aggravation de la crise écologique tout particulièrement aux dépens des pays et des groupes les plus menacés, à l’échec des négociations internationales (Kyoto, TNP, Copenhague…), aux trois ans de reculades dans l’application des propositions du Grenelle.
– mener des luttes et participer à des alternatives combinant ces deux orientations avec la recherche de mises en place de formes autogérées dans les débats et dans les organisations de production et d’échange. De telles formes doivent favoriser le dynamisme et l’innovation des forces populaires dans leur démarche anticapitaliste à court terme. Les initiatives relativement aisées dans des secteurs où l’autonomie des producteurs et des consommateurs vis-à-vis des forces capitalistes est forte (circuits court alimentaires, fonctionnement urbain …) doivent être confortées par des initiatives dans des secteurs directement dominés par les formes capitalistes de la production et de la finance, aidées par les technostructures (automobile, énergie …). Il faut aussi que chaque groupe, y compris le nôtre, traduise dans ses choix concrets le refus des modèles et comportements dominants (consumérisme, gaspillages). Ces initiatives concrètes doivent être des vecteurs de mobilisation des forces alternatives et d’affaiblissement du système.
Cela implique un projet politique émergeant au sein d’un front politique et syndical large et porté par lui dans les luttes et au plan plus politique par une gauche de transformation sociale et écologique. Au sein de l’ensemble de cette gauche et du courant de la gauche alternative, les Alternatifs y contribuent dans les luttes (opposition au projet d’aéroport de Notre Dame des landes, au nucléaire, aux OGM, inscription dans des projets alternatifs, …) et dans une réflexion militante sur la question de la conversion écologique.
3.4 Nouvelle répartition des richesses et justice
 
Le chômage de masse, la précarité, ne seront pas combattus par des appels incantatoires à lcroissance. L’objectif des Alternatifs est une réduction massive du temps de travail, avec comme première étape une durée hebdomadaire de 30 heures. Cette réduction devra s’opérer sans perte de salaire. Une telle démarche implique un affrontement central avec le capital car elle nécessite un partage réduisant fortement sa rémunération et donnant la priorité à la RTT
La réduction du temps de travail permet aux hommes et aux femmes de libérer du temps pour la vie sociale, la vie personnelle, la possibilité de participer à la vie de la cité, la culture et de mieux partager les tâches ménagères et familiales. Elle permet ainsi d’assurer une véritable égalité des sexes dans les pratiques autogestionnaires liées au travail. C’est aussi un moyen pour permettre la diminution du travail contraint.
D’une façon plus générale, les Alternatifs se battent pour un meilleur partage de la valeur ajoutée en faveur des salaires dans la perspective de la transformation des entreprises de capitaux en unités de production autogérées.
Au niveau fiscal, les Alternatifs défendent une meilleure répartition qui passe par la baisse de la TVA et un impôt réellement progressif. Dans cette perspective, ils soutiennent toute initiative fiscale visant à taxer prioritairement le capital et instaurant un Revenu et un Patrimoine Maximum Admissible par exemple en étendant à l’ensemble des revenus la grille des salaires de la fonction publique dont l’ampleur est d’environ 1 à 6. Les Alternatifs sont enfin favorables à une revalorisation de l’ensemble des minima sociaux avec l’objectif de les aligner sur le montant du SMIC. Au total il s’agit de réduire le temps de travail contraint, de mettre fin à la précarité et de s’opposer à l’idéologie dominante qui fait du travail une valeur en soi et non une forme de contrainte qu’il faut réduire au maximum possible. Les droits fondamentaux au logement, à l’éducation, à la santé doivent être garants et un revenu assuré à toutes et tous.
Ces mesures visant à frapper le capital ne peuvent qu’être conjointes à des initiatives économiques visant à favoriser l’autogestion dans la sphère productive. En particulier, les Alternatifs soutiennent tout projet de reprise d’une entreprise par ses travailleur-ses (SCOP) et/ou usagers (SCIC). Afin de favoriser et de généraliser ces reprises, les Alternatifs se prononcent pour l’appropriation collective du système bancaire ou à défaut, soutiennent la formation d’un pôle public bancaire et de fonds publics d’investissements destinés à la reprise autogérée des entreprises
3.5 Démocratisation et transformation des institutions politiques

Première étape indispensable sur le chemin d’une démocratie autogestionnaire, la refonte radicale des institutions exige à la fois une rupture avec la constitution monarchique de la V° République et la suppression du fonctionnement présidentialiste de chacune des assemblées locales.

Les Alternatifs se prononcent pour la mise en route d’un processus constituant incluant l’élection d’une nouvelle Assemblée nationale élue au suffrage universel direct, par tous les habitants   vivant en France et ayant 16 ans révolus, et à la proportionnelle, et pour une nouvelle architecture institutionnelle avec une assemblée législative chargée d’élire le gouvernement, la suppression du sénat et son remplacement par une chambre représentative des organisations citoyennes, syndicales et associatives et des territoires. Cela implique la suppression de la fonction de président de la république, l’interdiction stricte de tout cumul des mandats, outil pour une réelle application de la parité et de leur renouvellement plus de deux fois consécutives, la révocabilité et la mise en place d’un statut de l’élu contraignant excluant le cumul entre une activité professionnelle et l’exercice d’un mandat électif national et européen. Il faut par ailleurs garantir le retour effectif à l’activité professionnelle précédemment exercée à la fin du mandat.
Les Alternatifs sont favorables à l’extension du champ du référendum d’initiative populaire, et aux référendums locaux.
Les Alternatifs se prononcent pour l’annulation de la contre-réforme territoriale décidée par la droite sarkozyste et pour la mise en place d’une véritable démocratie locale au niveau des communes, départements et régions. Cela passe par l’élection à la proportionnelle de chacune de ces assemblées, par la suppression des pouvoirs actuels dévolus aux maires et par l’élection de bureaux municipaux, départementaux et régionaux, élus et révocables par l’assemblée et respectant la parité hommes/femmes.
Les Alternatifs sont favorables dans l’immédiat à la création d’un département basque, à la réunification de la Bretagne et de manière plus générale à l’ouverture d’un processus de décolonisation des peuples des derniers « confetti de l’empire » et d’autodétermination des peuples minoritaires de l’hexagone. Pour les Alternatifs, l’optique est claire et ne doit souffrir d’aucune ambiguïté : il doit associer toute la « communauté de destin » qui le souhaite (selon le concept élaboré par les Kanaks du FLNKS), et non les populations selon leur origine (conception nationaliste « ethnique »). Les Alternatifs estiment qu’il appartient aux seules populations concernées de définir les périmètres de leurs assemblées locales et que la politique de chaque échelon local doit être obligatoirement conduite par une assemblée élue à ce niveau. C’est explicitement le cas pour l’intercommunalité.
La construction de l’Union européenne exige de rompre radicalement avec sa soumission au Capital et son fonctionnement institutionnel actuel, notamment avec le rôle dévolu à la Commission. Les Alternatifs sont favorables à la mise en place d’une organisation institutionnelle nouvelle articulant un Parlement européen, élu à la proportionnelle au niveau de l’union sur la base de listes respectueuses du poids démographique de chacun des Etats et des peuples et chargé d’élire l’exécutif européen, et une seconde chambre représentative des organisations citoyennes et des territoires.
L’ensemble des relations internationales doit être dans le double cadre d’une ONU totalement refondée et d’un Forum des peuples mis en place comme expression de la démocratie active et des réseaux de Forums citoyens.
Les Alternatifs se prononcent pour la mise en place, au niveau national, de l’union européenne et à l’échelle mondiale, de Cours de Justice élues pour cinq ans, non renouvelables et non révocables, par les secondes Chambres, permettant à chaque citoyen et à chaque communauté de contester les décisions législatives et de faire valoir ses droits.

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