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Hommage à Angelita. . . tribune d’Eric VERGNIOL

Publié le dimanche, 26 août 2018 dans No Pasaran !

        Dimanche j’étais heureux d’être Tarnais.

J’ai déposé ma voiture à Gaillac dans un parking du centre ville, au dessus du marché couvert et je suis passé devant un bel olivier et un panneau :

l’arbre de mémoire

Cet olivier, symbole de paix, marquera la reconnaissance de familles réfugiées dans le gaillacois et de leurs descendants. Il perpétue le souvenir de l’accueil et de la protection reçu durant l’occupation nazie de 1940 à 1944.

9 juillet 2006

A 500 m de là, à coté du camp de Brens (un des nombreux camps de concentration de l’État français dans le sud-ouest de la France, un des 3 installés dans le Tarn) qui « accueilli» beaucoup de femmes étrangères, résistantes, juives dont beaucoup partirent dans les camps d’extermination. Donc, à coté du camp de Brens on baptisait une rue : Angelita Bettini del Rio.

Angelita, morte l’an dernier, était une Résistante qui arrêtée par la police française a été internée dans 4 camps dont celui de Brens, avant de s’enfuir de Gurs …

Angelita, Résistante d’hier mais aussi Résistante d’aujourd’hui car pendant une trentaine d’années elle a témoigné auprès  des jeunes et des adultes de l’inhumanité de ce qui se vivait dans les camps et elle s’est engagée pour faire vivre la Mémoire en espérant que ça ne puisse se reproduire.

Belle cérémonie, beaux discours (cf en PJ l’article de la Dépêche) et belle interprétation par Sylviane Blanquart et la chorale Modus Vivendi de 3 chants : El Paso del Ebro, Bella ciao et le Chant des partisans.

Heureux qu’une centaine de personnes se soient déplacées, pour faire vivre ce combat d’une fille d’émigrés espagnols qui a épousé un fils d’immigrés italiens, et étonné de voir que nos députés et sénateurs tarnais qui tous ont voulu se faire représenter votent en même temps des lois (La loi pour une immigration maîtrisée, un droit d’asile effectif et une intégration réussie) qui bloquent l’arrivée de migrants en France et en Europe, et enferment.

     Ce que je retiens de cette journée : il y a 75 ans des familles tarnaises accueillaient et protégeaient des réfugiés ; aujourd’hui nous devons continuer ce combat d’accueil et de protection des migrants, et aussi pour être fidèle à la mémoire d’Angelita.

Ai-je dit que Angelita Bettini del Rio était française, comme le sont de très nombreux citoyens de ce pays descendants de migrants ?

Eric Vergniol

 

Article de La Dépêche du Midi, 222 août 2018 :

« Michel del Castillo écrivait d’elle qu’elle était «une femme superbe et entêtée». Ce refus de courber le dos a conduit Angelita Bettini del Rio très jeune dans la Résistance, puis dans les camps du Récébedou, Brens et Gurs (d’où elle s’est évadée).

Elle est allée jusqu’à l’affrontement avec les gardiens, pour s’opposer à la déportation des internées juives vers Auschwitz.

Le conseil municipal de Brens lui a rendu un hommage solennel en lui dédiant une rue, à deux pas du camp où elle fut détenue comme plus de mille autres.

Des discours poignants

Cette cérémonie a été marquée par une émotion très sensible, notamment dans les propos simples et magnifiques de Rémi Demonsant, au nom de l’association qui perpétue la mémoire des camps.

Des drapeaux d’anciens combattants, des élus de toutes tendances et générations, de Christophe Ramond (président du conseil départemental), Claire Fita, Charles Pistre, Michèle Rieux, à Philippe Bonnecarrère, Patrice Gausserand, Evelyne Bretagne et Thomas Domenech, tous ont écouté le discours de Michel Terral, le maire de Brens, évoquant cette femme indomptable qui présida pendant dix-neuf ans l’association pour la mémoire des internées de Brens et Rieucros.

Hommage unanime

Devant cette unanimité républicaine, on pensait au poème d’Aragon (La Rose et le Réséda) : «Quand le blé est sous la grêle, fou qui fait le délicat».

Rémi Demonsant a rappelé son premier acte de refus, des tracts jetés d’un toit, rue Alsace-Lorraine à Toulouse, sur le cortège de Pétain : «La jeunesse dit non au maréchal félon».

Parmi l’assistance, beaucoup de Gaillacois attachés à la mémoire de la République espagnole, la patrie des parents d’Angelita. La chorale albigeoise Modus Vivendi, avec Sylviane Blanquart à l’orgue de Barbarie, a conclu la cérémonie sur El Paso del Ebro, Bella Ciao et le Chant de Partisans, dont le murmure final, repris par tous les participants, montait vers ces femmes d’honneur et de courage.

JAL

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