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14 juin à PARIS . . .Témoignage « au ras du pavé. . .au parfum de lacrymo ! »

Publié le vendredi, 17 juin 2016 dans Libertés, Non classé
Un de nos sympathisants, Claude G, était monté manifester à PARIS depuis son coin du Massif Central
Nous publions son témoignage  (écrit le 15 au matin) ainsi que les précisions qu’il nous a envoyées depuis. 
Pour lutter contre la désinformation ambiante, la manipulation, les tentatives de diffamer les manifestants
Retrait de la loi-travail !
Qu’ils dégagent tous : et les droites qui nous gouvernent et la peste brune-marine qui aspire à le faire et les oligarques qui les manœuvrent ! !
Alternatives et Autogestion                                                                                le 17 juin 2016

libérons la paroleBonjour,

Avec mon épouse ( 60 ans, moi 72 ans ) nous sommes arrivés à 12h45 place d’Italie. Nous avons fait le tour de la place, puis nous nous sommes assis sur un banc à gauche de la mairie du 13ème en la regardant.

C… est allé acheter des sandwichs que nous avons mangé … Atmosphère classique bon enfant …

Puis, vers 13h30, comme nous espérions retrouver des camarades, nous sommes partis en tète de manif, dans l’avenue qui descend à gauche de la mairie du 13ème … N’étant pas parisien, je ne connais pas les noms des lieux, hormis ceux que j’ai repéré .

Et là, premier étonnement : en tête du cortège CGT, pas de carré de tête, pas de service d’ordre. Et en plus, devant il y avait un grand espace rempli de manifestants, sans aucun agencement …

 On s’est dit alors que le début de la manif c’était plus loin, et on a marché, on a beaucoup marché, jusqu’en bas de cette avenue. Et là, deuxième découverte : des barrages de CRS bouclaient les avenues, sauf une qui remontait et on a remonté cette direction jusqu’à arriver à un autre cortège. Troisième énorme surprise, ce cortège était très grand. Je dirais entre 3000 et 4000 personnes. Ce cortège était très fortement structuré , très compact, avec quelques drapeaux noirs flottant au dessus avec un sigle que je ne connaissais pas.

99% des personnes qui le composaient étaient habillées de noir de la tête au pied, avec des masques contre les lacrymos ou des foulards sur le nez. Devant ce cortège, un gros cordon de CRS …

On s’est alors dit qu’on était au début de la manif. On s’est assis sur un banc pour voir passer la manif et si possible retrouver les camarades.

On a du rester ainsi une petite demi-heure, à discuter avec lesjournaux 1autres personnes assises sur ce banc qui disaient que devant nous c’étaient les casseurs, etc.

On n’a rien dit, ignorants que nous étions de la réalité parisienne …

Et puis, devant nous, un jeune homme est monté à un pylône en haut duquel il y avait une caméra de surveillance et, avec un bout de bois, il a fait tomber cette caméra …

2096630259Aussitôt, les CRS sont entrés en action. Ceux du cordon devant la manif, et une escouade  de 20 robocops environ, surgie d’une rue d’en face. . .

Tout ça à coup de lacrymos, – des grenades d’un seul tenant et d’autres qui se partagent en de nombreuses rondelles à l’impact au sol, (rondelles qui rebondissent en l’air sur une douzaine de mètres et qui diffusent du lacrymo) – et aussi des trucs qui explosent au sol et font un gros bruit.  Ce sont ces trucs là qui blessent quand vous êtes tout près d’un impact.  Je l’ai vu sur l’espace devant la tour de Montparnasse, plus tard …

Donc, mouvements de foules très violents … On nous a dit plusieurs fois de ne pas rester sur notre banc. Voyant les CRS en train de charger arriver vers nous, on s’est sauvé comme tout le monde, vers le haut de cette avenue qui montait .

Les CRS occupent l’avenue là où se tenait le cortège, s’immobilisent avec, sur l’avenue, une escouade assez petite.

Je remarque alors des petits groupes de CRS (une dizaine par groupe) qui se faufilent le long des bâtiments bordant l’avenue …

Du coup, les manifestants se regroupent, et ils s’organisent.  radio 1D’abord, supporter les lacrymos … Les pingouins, qui – comme nous – sont venus les mains vides,  souffrent du gaz lacrymo.

Les jeunes nous donnent des petites bouteilles en plastique. On enlève le bouchon et on se verse le liquide dans les yeux et ça soulage immédiatement.

Ils nous proposent aussi un mélange liquide pour imprégner un tissu à mettre devant le nez et la bouche pour empêcher le lacrymo de faire tousser ou de vomir. Mon épouse peut utiliser ce produit avec son foulard. Moi, je suis en chemisette et pantalon d’été. Donc pas possible. . .

Ils s’organisent pour contre attaquer. Au début ça sent l’improvisation totale. Ce sont des bouteilles d’eau, de coca, etc, qui servent de projectiles contre les CRS.

Dès ce moment là, j’ai pu voir les petits groupes de CRS à l’œuvre. Ils foncent dans les manifestants pour attraper quelqu’un. . Quand ils ont attrapé quelqu’un, ils le jettent à terre, le bousillent à coups de matraques, de pieds, de bouclier. . .

Les plus salauds, ce sont les flics en civil ( les volontaires des bacs m’a t’on dit ):

– qui tordent les bras,

– qui cognent avec une matraque beaucoup plus fine, – en métal -, qui doit blesser directement,

– qui montent sur la personne à terre et sautent à pieds joints dessus …

Tout cela, je l’ai vu au moins 20 fois entre le lieu où nous étions sur le banc et la tour Montparnasse …

J’ai vu les rares équipes médicales des jeunes prendre en charge les blessés :

– ceux qui avaient le dessus de la tête ouverte par coup de matraque,

– ceux qui avaient été piétinés par les mouvements de fuite très rapides,

– ceux qui vomissaient tripes et boyaux, ayant eu la malchance d’avoir été gazé de très près …

Tout cela je peux en témoigner, car je me suis approché souvent pour voir exactement ce qui se passait …

 Lorsque nous avons quitté le banc sur lequel nous étions assis, il était 14h – 14h15.  Nous sommes arrivés à la tour Montparnasse vers 18h. Donc les affrontements ont duré près de 4h sur une distance qui doit faire un petit kilomètre …

Bien sur je dois dire aussi que si, au début, j’étais un spectateur étonné, la violence des interventions policières, l’arrogance des salauds de la bac, et la sauvagerie des CRS ont fait que, très vite,  nous avons pris fait et cause pour les jeunes qui se battaient .

Ces derniers d’ailleurs ont évolué dans leur organisation … En haut de l’avenue, ils dépavaient là où il restait des pavés, (certaines entrées de porches, de grilles d’entrées privées).  Ils arrivaient à morceler des plaques épaisses de goudron posées dans les cercles autours des arbres. D’autres cassaient systématiquement les vitrines de banque. Une agence de la Banque Populaire pas loin de la tour Montparnasse qui a été entièrement dévastée …

[La Banque Populaire, c’est mon ancienne banque que j’ai quittée il y a à peu près 5 ans, quand j’ai appris qu’elle disposait de 70 sociétés financières dans les places offshore, et que donc elle participait pleinement aux spéculations financières qui détruisent et nos revenus et notre vie au profit d’une poignée de très très riches qui en veulent toujours plus …]

Autant vous dire que la destruction de cette agence m’a donné beaucoup plus de satisfaction que les scènettes, jouées par les militants d’Attac, qui font semblant mais qui surtout ne cassent rien . Aller faire le tour de la B C E à Francfort bien gentiment pour dénoncer sa toute puissance ?… ? ! Quelle blague ridicule ...

Il est aussi vrai que les jeunes ont cassé toutes les parois vitrées des abri bus sur le parcours …

Çà, je désapprouve .

Avant d’arriver à la tour Montparnasse il y a eu un épisode que je dois raconter .

Une fois de plus, un petit groupe de CRS fonce dans la manif et attrape un jeune. Je ne répète pas le scénario habituel. Ce groupe de CRS revient sur le bord, devant des bâtiments …

A ce moment les manifestants s’aperçoivent que ce groupe de CRS est loin des autres … Alors, aux cris de « Libérez nos camarades ! », les manifestants présents se regroupent, se rapprochent et je me retrouve dans un cordon de 3 personnes liées par le bras poussées par beaucoup d’autres pour empêcher les CRS d’avancer … Contact …

Les 2 CRS devant moi sont visiblement aussi surpris  que moi de ne plus pouvoir avancer … De notre côté, ça pousse fort, fort. . .

Et là, je prends conscience que je suis dans un groupe de syndicalistes CGT, Sud, etc. . .

Nous poussons tellement que les CRS, tout d’un coup, reculent de 10 mètres. Clameur dans nos rangs. Mais, ils avaient reculé pour pouvoir charger, et ils chargent …

Je prends 2 coups de matraque sur le visage ( mais vraiment pas fort car ça n’a fait que des bosses, mais ça m’a fait sauter mes lunettes … plus de lunettes ! ). Je suis entrainé dans une fuite violente qui me fait tomber. Un syndicaliste me tire et me remet debout. . . Je me retrouve tout étonné de ne pas avoir été pris par les CRS (visiblement, ils avaient assez de leur prisonnier). La suite bien sur, c’est lacrymos, lacrymos …

Il me faudra un certain temps pour récupérer de cet épisode .

Autre épisode indispensable à raconter : nous sommes assis, sur le mur qui fait le tour des Invalides, à l’endroit où l’avenue contourne les Invalides pour déboucher sur son entrée principale et la magnifique esplanade de verdure qui est devant. Au milieu de l’avenue, un carré de CRS qu’on peut contourner et par la droite et par la gauche pour aller plus loin vers l’esplanade … Pendant une demi heure, il ne se passe rien, hormis les cris « dégagez, cassez vous ! ».

Et puis, arrive une voiture de la CNT, et peu après le magnifique cortège CGT des dockers du Havre, bien agencé, casques oranges sur la tête avec fanfare, etc.

Et tout d’un coup d’autres CRS arrivent en fendant la foule et rebelote :  le bal des lacrymos recommence et, bien sur, quelques projectiles volent en direction des CRS …

La présence des CRS au milieu de cette avenue ne servait à rien, elle ne bloquait rien, elle n’obéissait à aucune logique si ce n’est à une présence provocatrice …

Vu la grandeur du nuage de lacrymo qui se développe, nous décidons avec mon épouse de partir, il est 18h45, nous rejoignons une station de métro ouverte et partons vers notre lieu de repli, de résidence .

Conclusion : pour mon épouse, ça a été une découverte totale qui a engendré chez elle au début la peur et ensuite la colère puis la rage .

Il me semble que pour bon nombre de manifestants c’est ce processus là qui marquera. Et cela, surtout parce que le lieu de dispersion fut marqué par la violence totalement inutile des CRS … Ils lançaient leurs lacrymos et actionnaient leurs matraques bien longtemps après que les participants du premier cortège se soient dispersés et aient disparu tout simplement en changeant leurs vêtements …

Çà aussi, je l’ai vu.  Et ça m’a bien amusé de voir ces jeunes passer à coté des CRS pour aller rejoindre une station de métro …

Ce matin, après une bonne nuit, mon épouse est très satisfaite d’avoir vécu tout ça .

En ce qui me concerne, la première chose que j’ai à dire c’est que Valls vient de faire une faute politique et sociale : le mélange entre les jeunes « anarchistes » ( anarchistes n’est pas correct je pense,  car de nombreux et nombreuses participant-e-s au premier cortège étaient là pour en découdre, pour s’affronter aux forces de répression de l’état bourgeois, sans plus ) et de nombreux syndicalistes s’est fait !

La preuve ?

Au début, le seul cortège en tête était le cortège en « noir ». Quand la bataille a commencé, un 2ème cortège juste derrière (où flottaient les drapeaux des Sud, de la CNT, et de nombreux drapeaux CGT) s’est formé. Tout ça n’a fait qu’un, très vite …

J’ai même dit à plusieurs reprises à des camarades que, tête nue, il ne fallait pas lancer des projectiles à cause des caméras actionnées par les CRS … Ne pas oublier que chaque rue qui débouchait sur cette avenue tant de la droite que de la gauche était fermée par un barrage de CRS et qu’à chacun de ces barrages il y avait une caméra qui marchait …

J’espère très fort qu’il n’y ait point d’interpellations postérieures consécutives aux enregistrements de ces foutues caméras !

Et puis quand nous avons tenté de « récupérer » le camarade qui s’était fait attrapé, il n’y avait là que des syndicalistes et des manifestants « ordinaires ». L’action fut spontanée, totalement improvisée.

C’est d’ailleurs à cause de cela qu’elle échoua …

Ensuite, le niveau de l’affrontement a été important entre la tour Montparnasse et les Invalides : ce sont des milliers de pierres, de pavés, qui étaient par terre une fois l’affaire terminée. Je suppose aussi que les dégâts vont représenter une somme importante  .

Voilà, je m’arrête là.

J’apporte un témoignage, notre témoignage, mon témoignageautocol-maj-degagent-reduit direct, brut de pomme … Je ne veux pas ici tirer une analyse, des analyses, avancer quelque prophétie que ce soit …  Je souhaite juste qu’on n’en reste pas là, que la loi Travail soit annulée, que Valls et Hollande dégagent, qu’on puisse avoir l’opportunité de reconstruire une société solidaire, juste, intelligente, loin des mirages et des violences du fric … Comment ? je n’ai pas ici la prétention de le dire …

Cordialement  cl g

 Ajout :

Bonjour,

télévision 1. . .  Je suis d’accord pour que mon compte rendu soit utilisé et circule, . . . , à la condition bien sur qu’il ne soit pas tronqué.
Et, je peux ajouter quelque chose ici : depuis mardi soir une campagne est menée pour faire croire que les « jeunes » ont attaqué l’hopital Necker. Je déclare ici que, pour avoir été présent sur les lieux, – mais attention une simple présence de manifestant parmi tous les autres, avec tous les flux et reflux dus aux nombreux nuages des lacrymos.
En plus devant Necker,  je n’étais pas dans les 1ers rangs car j’avais déjà perdu mes lunettes et j’étais bien secoué par la « bousculade » suite à l’affrontement direct avec les robocops.
Donc, quand même, je déclare que les « jeunes » ont caillassé les escouades de robocop qui étaient devant Necker, qui ont circulé devant Necker.
Mais, c’est une bêtise sans nom de dire qu’ils ont « attaqué » l’hopital Necker … Ils ont attaqué les robocops et, durant ces échanges de projectiles, il y a eu des impacts dans les vitres de Necker …
Si vous regardez attentivement les images, vous constaterez que tous les impacts sont, au plus haut, à hauteur de poitrine d’homme et que donc il s’agit de projectiles lancés sur des hommes, point barre …
S’ils avaient voulu attaquer Necker, il leur était facile de jeter leurs pavés plus haut, à 10M de hauteur et plus …
L’ignoble Pujadas a présenté des images montrant des camarades de la CGT en train de jeter des pierres … Cela est vrai. Mais il n’a jamais présenté les images montrant les salauds de la bac en train de s’acharner avec sadisme sur les jeunes à terre et déjà menottés … Pujadas ! …
 
Cordialement  cl g 

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