Publié le
vendredi, 18 mars 2016 dans
Point de vue
Notre Dame des Landes, le 15 mars 2016
Monsieur le Président,
Réunis en assemblée générale samedi 12 mars dernier, les élu-e-s du CéDpa (Collectif des élus Doutant de la pertinence de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes) se sont longuement interrogés sur l’annonce que vous avez faite le 11 février, proposant un referendum local pour sortir de l’impasse de ce dossier.
Il y a juste un an, nous étions auditionnés par la commission spéciale présidée par Alain Richard et exprimions nos doutes sur l’opportunité d’une telle procédure dans des dossiers où visiblement le débat public a été biaisé. Il semble que nous n’ayons pas été entendus même si le sérieux de notre travail d’analyse a été salué par l’ensemble de la commission. Et nous le regrettons.
Cependant, si le gouvernement organise effectivement cette consultation, les élu-e-s membres de notre association sauront y prendre toute leur part, certains même le devront puisqu’ils sont maires…
Or, beaucoup de questions se posent, à la fois sur la solidité juridique d’une telle consultation, mais aussi sur les modalités pratiques qui l’encadreront.
En premier lieu, le choix du périmètre ne nous semble pas innocent. Nous nous permettons de vous rappeler qu’il s’agit là d’un projet d’État, dans lequel près de 130M€ seront engagés par le budget national. De plus, les régions Bretagne et Pays de la Loire sont elles aussi engagées financièrement dans le Syndicat Mixte aéroportuaire qui doit prêter plus de 115M€ au groupe Aéroports du Grand Ouest. Dès lors comment justifier que le périmètre soit circonscrit à la seule Loire-Atlantique ?
En second lieu, nous nous interrogeons sur les modalités pratiques de l’éventuel scrutin. Y aura-t-il une « campagne officielle » ? Les habitants recevront-ils des documents officiels présentant le dossier ? Qui sera garant de la fiabilité de ces documents alors que nous avons montré et dénoncé depuis des années l’opacité complète du dossier, voire les manipulations qui le fondent ? Quels seront les moyens matériels et financiers dont disposeront les deux parties en présence ?
Comment et par qui sera contrôlée la nécessaire équité de traitement des deux points de vue par les médias locaux et au-delà, puisque le sujet est désormais largement suivi par les médias nationaux ?
Comment cette nouvelle étape, que nous ne pouvons qualifier de démocratique pour l’instant, tant les questions qu’elle suscite nous inquiètent, s’articulera-elle avec les recours juridiques qui ne sont pas épuisés à ce jour ?
Monsieur le Président, vous n’avez jamais consenti à nous recevoir bien que nous soyons représentatifs d’une partie de la population. Nous espérons cependant que vous prendrez le temps de répondre à ces questions de bon sens que nous avons rapidement exposées.
Notre confiance dans les procédures et dans les décisions prises étant déjà très ébranlée, vous comprendrez que les élu-e-s que nous sommes attendent de vous des garanties sur la loyauté, la transparence et l’honnêteté de ce nouveau moment du débat public.
Dans cet espoir, nous vous prions de croire en nos salutations distinguées,
Les coprésidents du CéDpa : Françoise Verchère, Jean Paul Naud, Philippe Trotté
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