Au cœur du projet de loi
La ministre du Travail affirme que l’objectif essentiel de son projet de loi est de faciliter la négociation entre les syndicats et le patronat. C’est faux ! Absolument rien ne s’oppose, dans le droit du travail actuel, à ce qu’une négociation puisse se tenir et aboutir, dans une branche d’activité comme dans une entreprise. L’enjeu du projet de loi El Khomri est d’une toute autre nature.
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Avec le Code du travail actuel
Lorsqu’un accord d’entreprise est signé, il trouve deux limites à sa validité.
D’abord, il ne peut s’appliquer que si les règles qu’il fixe sont plus favorables aux salariés que l’accord de branche. C’est la ceinture de sécurité.
Ensuite, en cas d’absence ou de silence d’un accord de branche, il ne peut s’appliquer que si les règles qu’il fixe sont plus favorables aux salariés que la loi. C’est l’airbag.
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Avec le projet de loi El Khomri, la ceinture de sécurité et l’airbag disparaissent
Les accords de branche perdent leur caractère protecteur. Ils ne peuvent s’appliquer que lorsqu’un accord d’entreprise ne fixe pas la règle, même si elle est plus défavorable aux salariés que celle de l’accord de branche. La ceinture de sécurité disparaît.
Les règles protectrices définies légalement sont réduites à leur plus simple expression dans le projet de loi. L’ordre public social, fruit de multiples luttes sociales et politiques pendant plus d’un siècle, cesse de protéger le plus faible. L’airbag part en fumée.
- L’accord d’entreprise devient la principale source du droit du travail
Alors que l’entreprise est le lieu où les salariés sont les plus fragiles, les plus vulnérables au chantage à l’emploi.
C’est, bien sûr, pour cette raison que le MEDEF soutient le projet de loi. Il veut négocier avec des salariés sans protection, là où le rapport de forces leur est le plus défavorable.
- Les « aménagements » annoncés par le gouvernement, le 14 mars, laissent intact le cœur du projet de loi
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