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Vinci : le bétonneur de Notre Dame des Landes sévit à travers le monde. Un livre de Nicolas La Casinière

Publié le mercredi, 18 septembre 2013 dans Agriculture, Ecologie, No Pasaran !, Notre Economie et la leur, Point de vue

 

Peu connu jusqu’à ce que la rébellion de Notre Dame des Landes le mette en lumière, le groupe Vinci est une multinationale comptant plus de deux mille filiales. Un livre retrace l’histoire et l’activité du n° 3 mondial du BTP.

Vinci ne s’attendait pas à une telle notoriété spontanée dans le bocage. 

A Notre Dame des Landes, le refus d’un aéroport – pour l’heure enlisé – s’est étendu aux grands chantiers inutiles, tout en portant sous les regards et les bombes à peinture le nom de Vinci. « Et son monde », disent les zadistes et les tritons des zones humides. 

Mais Vinci, c’est qui ? S’il n’y a rien de Léonard dans ce géant transnational champion du CAC 40, la machine à profits brasse beaucoup d’oligarchie, un peu de qatari, et de la stratégie. Pinocchio lavant le béton plus vert que vrai. Une utilisation discrète mais efficace de la précarité, des sans papiers aux déchus par la crise… 
Face à la responsabilité sociale de l’entreprise claironnée par les patrons de Vinci, mon petit livre dévoile le greenwashing, l’exploitation des salariés au ras du bitume, la mise en danger des ouvriers des route, le rôle des fondations pour l’image, la défiscalisation mais aussi le recrutement d’une main d’œuvre pas si facile à séduire, en puisant dans les associations d’insertion que Vinci subventionne… 

La critique ultra libérale de l’Etat n’empêche pas s’en faire un client, grâce aux juteux partenariats public-privé, profitant du retrait de la puissance publique et d’un système qui instaure en système le pillage des usagers et des citoyens. C’est tout ça, Vinci. Peu connu, né en 2000 seulement, ce numéro 3 du BTP mondial incarne une forme de capitalisme moderne. 

Mastodonte ? Oui et non. Le groupe joue la carte du géant international et se présente souvent comme un « réseau« , et assemble une constellation de quelque 2 250 filiales, de toutes petites entreprises sans la moindre présence syndicale, et de plus grosses structures comme Eurovia, qui étale le bitume des routes, ou Sogea qui coule du béton jusqu’au sarcophage de Tchernobyl. 

Vinci et son monde ? Des stationnements à péage, des autoroutes, des ponts payants, des aéroports au Cambodge, au Portugal, en France. Bientôt des TGV. D’autres chantiers sont plus célèbres, comme l’autoroute qui éventre la forêt de Khimki jouxtant Moscou. 

En juillet dernier, trois ONG, Sherpa, Russie-Libertés et Bankwatch network, ont déposé plainte en France pour « corruption d’agents publics étrangers » contre le géant du BTP, soupçonnant un appel d’offres truqué sur fond avec la complicité des politiques et des oligarques russes. 

Eaux troubles. Jusqu’ici, pour connaître l’histoire des sociétés du groupe, on n’avait qu’une gros pavé publié en 2003 par l’entreprise elle-même, La trace des bâtisseurs, genre beau livre hagiographique à refiler à ses clients. Le passé trouble des entreprises qui composeront le groupe Vinci en 2000 y était quasiment passé à la trappe. Pas de trace des accusations de prédateur de guerre pendant la Première Guerre mondiale, discrète évocation des contrats de collaboration avec les Nazis pendant l’Occupation, vite évoqués comme des « épreuves surmontées ». Les vérités sont moins avouables. – 

Nicolas La Casinière raconte les secrets de Vinci dans : Les prédateurs du béton. Enquête sur la multinationale Vinci, éd. Libertalia, 160 p., 8€. 
(article repris du site Reporterre)
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Les Prédateurs du béton Enquête sur la multinationale Vinci 

Créé en 2000, le jeune groupe Vinci est vite devenu un champion du CAC40 et le leader mondial du BTP, à peine dépassé par deux groupes chinois depuis. Autoroutes, parkings, et aéroports, voies ferrées, industrie nucléaire, réseaux d’eaux, constituent les marchés de Vinci pour la phase construction et pour l’exploitation. Pour les partenariats public-privé et les grands chantiers, Vinci a constitué avec quelques autres majors une oligarchie très restreinte, surpuissante, imposant son ordre au monde économique et aux collectivités. 

Vinci incarne le capitalisme moderne avec un discours de façade vert, une rhétorique bien rodée sur l’humain au cœur de l’entreprise, des œuvres de bienfaisance bien orchestrées, mises en avant. Ce qui n’empêche pas des pratiques de prédateurs en profitant des opportunités ouvertes par le crise financière et économique, l’exploitation de la précarité des salariés, ses proximités avec le pouvoir et quelques ennuis devant les tribunaux. 

SOMMAIRE : 

Oligarchie vaincra ! 

Rapport à l’argent d’Antoine Zacharias le fondateur, premier patron du CAC40 traîné en justice et condamné pour avantages de départs. Portrait de son dauphin et successeur, Xavier Huillard, qui a précipité la chute du patriarche. 

Du passé faisons table gigogne. 

Histoire de groupe avant la constitution de Vinci : Girolou, SGE, rachat et absorption, dessous de tables du temps de la Générale des eaux Vinci soit-il. Le groupe de BTP depuis sa création 2000. Stratégie de réseau et de filiales, tactiques de prédateur (rachat des aéroports portugais). 

Traitement social de ses salariés. À qui profite le green ? 

Green washing et social washing : les stratégies de communication pour apparaître pétri d’écologie et de responsabilité sociale. En face les conditions de travail, la précarité sur les chantiers, les procès pour mise en danger des salariés (dangerosité bitume chez Eurovia). 

Charité bien ordonnée. 

Bonnes œuvres, chaires universitaires, fondations et think tanks, (Hulot, Institut de l’entreprise, Fabrique de la Cité, Fondation Vinci pour la cité, Fondation Vinci Autoroutes, Pour une conduite responsable, Aurore…) 

En tout état de cause. 

Marchés publics en État de siège. Partenariat public-privé (PPP) et rapports avec l’État, pantouflages, passage des services de l’État au service de Vinci. 

L’auteur Nicolas de la Casinière (né en 1954) est journaliste et illustrateur. Il anime le périodique satirique La Lettre à Luleu, écrit régulièrement pour Libération et L’Express, et vient de signer, pour les éditions Les Beaux-Jours, Le Guide du promeneur de Nantes (mai 2013). Il a également publié, en 2012, un Guide secret de Nantes et de ses environs (éditions Ouest-France).

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