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INTOUCHABLES…TOUT LE MONDE IL EST BEAU, TOUT LE MONDE IL EST GENTIL…Polémique(s) sur CONFLUENCES 81

Publié le dimanche, 18 mars 2012 dans Confluences 81, POLEMIQUE-s

Un film qui attire des millions de spectateurs, provoque 2 réactions pour le moins contrastées.

La 1ère a été publiée dans le n° 95 de Confluences 81.

La 2ème n’a pu y être publiée par manque de place

Les voici toutes deux :

 INTOUCHABLES…TOUT LE MONDE IL EST BEAU,  TOUT LE MONDE IL EST GENTIL…

             Le film « Intouchables » cartonne dans toutes les salles depuis début novembre ; on dit même qu’il occuperait la deuxième place des entrées ,  tous films confondus ,  depuis 1945 .

Pour plus de la moitié des français, d’après un sondage, c’est l’événement culturel de l’année 2011. On veut bien le croire…  La plupart des gens ravalent sans doute la « culture » au ras des pâquerettes . Que F. CLUZET et O. SY soient des acteurs époustouflants dans leur rôle respectif , pourquoi le nier : le film n’existe que par leur seule présence . Mais on y chercherait en vain un semblant d’intrigue si ce n’est le vague roman d’amour épistolaire que tisse Philippe avec l’espoir de ne jamais rencontrer la » bien-aimée » . Omar parvient vers la fin du film à concrétiser une entrevue et c’est tout . La bien-aimé est littéralement envoutée par Philippe malgré son physique ingrat ! Mais la plus grande partie du film se ramène à une série de gags amusants ,  de situations sans lien logique . Quant à la peinture de la société ,  elle est on ne peut plus caricaturale : une  haute-bourgeoisie arriviste , à l’ignorance manifeste et à la bonne conscience à toute épreuve ;ces gens-là semblent n’avoir aucun défaut et accepter à peu-près sans sourciller le personnage d’Omar ; de l’autre côté c’est le monde déclassé de la banlieue , filou et voleur , surtout en ce qui concerne les jeunes . Philippe et Omar échappent partiellement à cette caricature sans que leur attitude soit entièrement vraisemblable : Omar se conduit de manière trop benoîte pour un « jeune de banlieue » ; et Philippe montre par son comportement les limites de sa culture : une personne aussi instruite peut-elle pousser la confiance au point d’engager quelqu’un sur un coup de tête ? Et dernier détail amusant , comment admettre que son goût pour la musique se réduise aux Quatre-Saisons de VIVALDI ou à quelques pièces de J S BACH ? En un mot on nous montre que ces deux mondes peuvent se rencontrer et se compléter sans faire d’étincelles : qui pourrait le croire ?

            Voilà un film qui baigne dans un optimisme béat , rassurant pour un public tourmenté par les événements actuels : comment pouvait-il ne pas avoir de succès? La vérité humaine beaucoup plus complexe semble avoir été laissée de côté ; on ne nous suggère rien par exemple sur les raisons qui ont poussé Philippe à choisir Omar !  Il est vrai que le public aurait été amené à réfléchir!

            Ces quelques lignes n’engagent que leur auteur. 

JP Shiep

 

 

« Intouchables » le film

On pourrait dire que c’est «une comédie qui concilie l’inconciliable, le riche et le pauvre, l’invalide et le bien portant, le placide et le vanneur, l’esthète et le profane». Un film à thèse aurait été une erreur. Parti d’une histoire vraie qui avait fait en son temps l’objet d’un documentaire. Mais il n’a pas eu une audience fantastique. Il n’a pas non plus déclenché de polémique. Le film vu son succès est l’objet de polémique. Ce film n’est pas culturel et encore… 

Les intouchables, ou dalits, forment, en Inde, un groupe d’individus exclus du système des castes (stricto sensu, ils sont considérés à proprement parler comme « hors du système des castes » au même titre que les populations aborigènes du pays ou les étrangers). Deux exemples me viennent à l’esprit : la médiatisation par l’abbé Pierre de la mort par le froid d’une femme et le film indigènes. Deux évènements qui ont changé bien des choses.  

Mais revenons au film au début une course poursuite entre la police (l’ordre) et un couple d’intouchables. Puis la narration commence. En fin de film deux comportements de la police vis à vis d’eux. Ils ne font pas partie de la société pour des raisons différentes. Un noir des banlieues issu des quartiers et un paraplégique richissime. Le noir va se présenter pour satisfaire ses obligations vis à vis du pôle emploi. Il sort de prison. Il n’a pas envie de ce boulot. Il veut juste une signature lui permettant de continuer à toucher ses allocations. Il vole un œuf de Fabergé en ne sachant pas la valeur de cet objet. Il ne veut pas attendre son tour comme tous ceux qui sont là. Un noir qui vole à la fois un particulier et la société, si on généralise ça fait Tintin au Congo. De plus, subjacente l’idée populaire qui vole un œuf vole un bœuf. Mais pas de dénonciation à l’autorité n’a été faite. Malgré le cadeau du « kinder » il est mis à la porte de sa famille. La réaction de l’autre personnage est de l’embaucher. C’est vrai qu’il ne va pas comme monseigneur Myriel, l’évêque du diocèse de Digne dans les misérables lui donner les autres œufs. Il va être manipulé par son nouveau patron pour accepter la place.

Pourquoi le choix ?

Une première thèse défendue par un célèbre critique étasunien : c’est un riche qui veut s’amuser avec un noir comme avec un singe. Nous revoici avec Tintin au Congo.

Une deuxième c’est la curiosité. Il avait déjà sans doute fait le tour de toutes ces bonnes âmes faussement compatissantes qui l’avaient épuisé. Le riche fait découvrir des toiles de peinture. L’employé peint un tableau. Le riche va manipuler un de ses amis pour lui refourguer cette croûte. Pouvant démontrer que les achats d’œuvres d’art pour certaines personnes sont purement spéculatifs sur au moins deux points, gagner de l’argent facilement et se montrer plus malin que les autres.

On rit beaucoup à la projection de ce film. On réfléchit aussi. On peut trouver cela triste d’attendre cet événement pour s’intéresser aux problèmes des handicapés. Ce film n’est pas un chef d’œuvre il y en a plein d’autres qui le dépassent. Les lumières de la ville, le kid, ….. Pour ne citer que deux films de Charlie Chaplin qui, ému par l’intervention de l’abbé Pierre, donna 2 millions et dit : « Je ne les donne pas, je les rends. Ils appartiennent au vagabond que j’ai été et que j’ai incarné. »

Du coup, on arrive à s’identifier à ces deux protagonistes car c’est précisément leurs différences qui les rapprochent. «Intouchables» fait partie de ces films qui réchauffent le cœur et donnent à réfléchir sur l’insigne fragilité de la condition humaine sans apitoiement ni complaisance. Mais pour certains intellectuels qui n’ont pas aimé le film,  je leur dirai  qu’ils représentent pour ce film le châtiment de l’hybris et donc la némésis.   

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