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Pays Basque : Les libertés démocratiques ne se divisent pas !

Publié le mercredi, 7 décembre 2011 dans Langues Régionales et minoritaires, Libertés

   Appel de huit syndicalistes du Pays Basque*
03/12/2011

 

                      Certes, il n’appartient pas aux syndicalistes de dicter, d’une manière ou d’une autre, aux politiques ce qu’ils doivent faire. Et inversement.

Mais il n’en reste pas moins vrai que la lutte syndicale est par nature, une lutte pour les libertés démocratiques les plus élémentaires, individuelles et collectives.

Le droit des peuples à disposer de leur destin est un de ces principes sacrés.

C’est bien pourquoi, dans le processus nouveau ouvert depuis le 20 octobre dernier et visant, enfin, dirions-nous, à la solution pacifique, démocratique, négociée du conflit en Pays Basque, il nous vient à l’esprit ces mots de Jaurès :
“Ce n’est que par la libre fédération des nations autonomes, répudiant les entreprises de force et se soumettant à des règles de droit que peut être réalisée l’unité humaine”.
Pour les syndicalistes que nous sommes, il ne s’agit pas que d’une belle formule.

Il s’agit de l’objectif permanent, quotidien lorsqu’on lutte contre l’injustice sociale, les discriminations et pour les droits élémentaires de la personne humaine.

La solution en Pays Basque est, enfin, à portée de main. Chacun le ressent. Certes, la voie est pavée d’embûches, d’obstacles de toute sorte et nous savons bien, nous qui luttons, pour certains depuis quarante ans voire plus, que rien n’est acquis tant que tout n’est pas acquis.

Mais nous le devons à l’avenir de tout ce peuple qui aspire profondément à la lumière. Mais nous le devons aussi très immédiatement à tous ceux qui souffrent dans leur chair et dans leur sang, à commencer par les prisonniers politiques malades, à tous ceux qui sont douloureusement éloignés de leurs familles, à ces 2 000 exilés qui pleurent leur déchirement d’être séparés des êtres aimés. Mais nous le devons, tout de suite, sans attendre, à ceux qui sont encore pourchassés par l’action policière concertée des Etats espagnol et français, à ceux qui, comme Aurore Martin et Josu Esparza et leurs camarades sont frappés par le Mandat d’arrêt européen, cette lettre de cachet version XXIe siècle à dimension européenne.

Nous, syndicalistes, avons désormais un devoir, et pas seulement au Pays Basque.

Nous nous devons de répondre à cet appel de prisonniers politique basques et de leurs familles devant lequel il faudrait une sacrée dose de cynisme et de triste froideur pour rester insensibles : “Nous ne sommes pas la cause du conflit, nous en sommes la conséquence et notre message est extrêmement clair : Euskal Herria a besoin d’un processus démocratique. Nous avons besoin de la fin de la répression et de la résolution immédiate de toutes les situations inacceptables qu’elle entraîne. L’Etat français doit cesser le harcèlement des militants, doit mettre fin aux mesures et législations d’exception dont il a fait la norme en Euskal Herria […]”.

A ce titre, ce n’est pas seulement d’un appel à la société basque dont il s’agit. C’est un appel à nous tous, citoyens, salariés, peuples exploités et opprimés.

L’histoire nous l’a appris : les libertés démocratiques ne se divisent pas. Il n’y a pas d’un côté notre lutte contre les mesures d’austérité de part et d’autre de Pyrénées, contre les licenciements et la vie chère et par ailleurs le domaine des libertés démocratiques.

On ne peut lutter pour les droits sociaux lorsqu’on est amputé de ses droits de citoyen et de peuple. Et nous estimons, à l’heure où la guerre économique fait rage et qu’elle entend s’abattre, non sur les riches, les banquiers et les patrons mais sur nous tous, salariés, chômeurs, jeunes, agriculteurs, et retraités, que la lutte pour la libération des emprisonnés, pour une solution démocratique est une et indivisible avec la défense acharnée des droits sociaux mis à mal chaque jour.

Voilà bien pourquoi nous serons dans la rue le 10 décembre à Bayonne et que nous appelons tous les militants syndicaux, au-delà de leur appartenance, à se joindre à nous.

*Pedro Carrasquedo, membre du bureau national et de la commission exécutive de la CGT Culture,
Francis Charpentier pour SUD Santé sociaux,
Claire Cellan pour la CFDT Santé sociaux Pays Basque,
Enaut Aramendi pour LAB,
Peio Dufau pour CGT Cheminots de Bayonne,
Silvie Laplace et Isabelle Lavergne du syndicat CGT des Territoriaux de Biarritz,
Panpi Sainte-Marie pour ELB

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