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Juil 29

Lettre ouverte à Yanis Varoufakis : le plan B, c’est la démocratie, par Thomas Coutrot (ATTAC)

Publié le mercredi, 29 juillet 2015 dans A Gauche. . . toute !

yanis-varoufakis-9Cher Yanis Varoufakis, 

Pendant cinq mois, vous avez incarné l’espoir de beaucoup de citoyens européens. Vous avez fait souffler un vent de rigueur intellectuelle et de franchise dans le cercle des hommes gris de l’Eurogroupe. 

Vous avez tenté avec ténacité de respecter le mandat des électeurs grecs : interrompre les politiques d’austérité tout en restant dans la zone euro. Mais fin juin, renforcés par l’isolement de la Grèce et la faiblesse des mouvements de solidarité en Europe, les morts-vivants de l’Eurogroupe puis le Conseil vous ont adressé un ultimatum : vous soumettre ou sortir de l’euro.

La victoire du « non » au référendum du 5 juillet renforçait votre légitimité pour refuser le véritable diktat des créanciers. Vous avez indiqué le 13 juillet 1 avoir proposé au soir du référendum à Alexis Tsipras « un triptyque d’actions » pour éviter la soumission : « émettre des IOUs » (des reconnaissances de dettes en euros, c’est-à-dire une monnaie fiscale complémentaire), « appliquer une décote sur les obligations grecques » détenues par la BCE depuis 2012, pour réduire d’autant la dette, et « prendre le contrôle de la Banque de Grèce des mains de la BCE ». Mais Alexis Tsipras a refusé ce plan et accepté votre démission. 

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Juil 25

Grèce : une analyse des événements récents et des leçons pour la gauche européenne, par Stathis Kouvelakis

Publié le samedi, 25 juillet 2015 dans A Gauche. . . toute !

Le dernier accord convenu entre le gouvernement de Syriza et les créanciers a choqué une grande partie de la gauche qui a suivi les événements en Grèce. Cet événement semble marquer la fin d’un cycle politique.

Dans cette interview donnée pour le site Jacobin, Stathis Kouvelakis, un des membres dirigeants de la Plate-forme de Gauche de Syriza, couvre les derniers événements, les théories qui se sont confirmées ou pas et les prochaines étapes qui attendent l’aile gauche de Syriza.

Kouvelakis saisit ici l’occasion pour réfléchir de manière plus large sur le bilan de la stratégie de la Plate-forme de Gauche, sur ce qui aurait pu être fait différemment, et sur les perspectives pour une recomposition de la gauche.

Sebastian Budgen – Quelles ont été les raisons du référendum de juillet ? Beaucoup l’ont perçu comme sorti de nulle part ; un joker qu’aurait joué le premier ministre grec Alexis Tsipras. Mais il y a beaucoup d’incertitudes quant à ses motivations — certains ont même spéculé qu’il pensait perdre.

Stathis Kouvelakis – Je pense que le référendum était une tentative de sortir du piège dans lequel était tombé le gouvernement pendant le processus de négociation.

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Juil 21

Grèce : « La voie de la sagesse, c’est celle de la sortie de l’euro et du changement social », par Costas Lapavitsas

Publié le mardi, 21 juillet 2015 dans A Gauche. . . toute !

Ce texte est la transcription traduite de l’intervention de Costas Lapavitsas au colloque « Democracy Rising », tenu à Athènes le 17 juillet 2015. Les intertitres sont de notre responsabilité.

Costas Lapavitsas est député élu au Parlement grec, membre de la Plateforme de gauche de Syriza, et professeur d’économie à SOAS (School of Oriental and African Studies, Londres).

 Une capitulation désastreuse

Le gouvernement Syriza vient de signer un nouvel accord de sauvetage. C’est un très mauvais accord, pour des raisons évidentes que je vais énumérer.

Tout d’abord, cet accord est récessif. Il va plonger l’économie grecque dans la récession. Parce que les seules augmentations d’impôts s’élèvent à 2% du PIB. Elles concernent surtout la TVA, impôt indirect prélevé sur des produits principalement consommés par les travailleurs. Mais elles concernent aussi les entreprises et vont d’abord frapper les petites et moyennes entreprises, qui demeurent la colonne vertébrale de l’économie grecque. L’agriculture est sans doute le secteur le plus durement touché par cette augmentation : l’impôt sur le revenu versé par les agriculteurs va doubler, et ils seront soumis à de nouvelles obligations. Ces mesures sont incontestablement récessives. Elles arrivent à un moment où l’économie grecque chancelle au bord du précipice. Il ne fait aucun doute qu’elles vont la faire basculer dans la récession. 

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Juil 12

Adresse d’Alternatives et Autogestion au XIIème congrès d’Alternative Libertaire (23-25 mai 2015) . . .

Publié le dimanche, 12 juillet 2015 dans A Gauche. . . toute !

rubon342-41209Chèr-e-s Camarades,

Nous vous remercions fraternellement de votre invitation, nous saluons votre congrès et ses délégués-e-s et sommes désolés de ne pouvoir en être.

Beaucoup d’entre vous savent déjà que les Alternatifs, par un vote loin d’être  « stalinien », ont décidé de se dissoudre dans « Ensemble » comme le fit la GA .

Nous avions, par prudence, anticipé ce choix et constitué une association à but politique « Alternatives et Autogestion » siglée « A&A ».

C’est pour nous une période de turbulence et de reconstruction. Nous devons recoller les morceaux et relancer un fonctionnement interne démocratique et cohérent.

Vous comprendrez donc qu’il nous est encore difficile, par honnêteté, d’exprimer une ligne politique comme un collectif parfaitement et démocratiquement constitué.

Néanmoins, si nous existons, c’est que:

  • Une partie d’entre nous n’analyse pas que « Ensemble » soit LA proposition politique unitaire, fédératrice et transversale du paysage politique.

  • C’est que nous observions déjà l’apparition d’un porte parolat par trop personnalisé qui n’est pas dans notre conception

  • C’est que nous voulons maintenir une ligne et une culture « transversale » des idées et des luttes et ainsi rester ouverts aux formes de combat politique présentes et à venir.

  • C’est que nous restons profondément autogestionnaires.

  • C’est que nous analysons que nous avons perdu beaucoup de force dans les combats électoralistes.

D’ores et déjà notre volonté est affichée.

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Juil 11

Grèce : de l’absurde au tragique. Stathis Kouvélakis

Publié le samedi, 11 juillet 2015 dans A Gauche. . . toute !

ben1-249x300Quiconque vit actuellement, ou se contente de suivre, les derniers développements en Grèce ne comprend que trop bien le sens d’expressions telles que « moments critiques », « climat de tension », « rupture dramatique », ou encore « situation-limite ». Compte tenu des événements qui se déroulent depuis lundi, un nouveau mot devra être ajouté à la liste : l’« absurde ».

Le terme peut paraître étrange, ou exagéré. Mais comment caractériser autrement le renversement total du sens d’un événement aussi extraordinaire que le référendum du 5 juillet, quelques heures seulement après sa conclusion, par ceux-là même qui l’avaient initié ?

Comment expliquer que les dirigeants de Nouvelle démocratie et de To Potami, respectivement Vangelis Meïmarakis et Stavros Theodorakis – chefs du camp qui a été battu de manière écrasante dimanche dernier –, soient devenus les porte-parole officiels de la ligne qui est actuellement défendue par le gouvernement grec ? Comment est-il possible que le Non fracassant au mémorandum austéritaire puisse être interprété comme le feu vert à un nouveau mémorandum ? Pour le dire simplement : si le gouvernement était disposé à signer un accord encore plus défavorable et contraignant que celui proposé il y a deux semaines par le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, à quoi bon le référendum et le combat pour la victoire du Non ?

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Juil 3

Le temps des grandes décisions, par Stathis Kouvelakis (en direct d’Athènes)

Publié le vendredi, 3 juillet 2015 dans A Gauche. . . toute !

Mon silence de ces derniers jours, inhabituel, comme certains l’ont décrit sur Facebook, est simplement dû au fait que, depuis mon arrivée à Athènes, dimanche, pour la campagne du Non, j’ai fort peu dormi et beaucoup travaillé. Aujourd’hui (mercredi 1er juillet), je suis intervenu dans deux rassemblements sur les lieux de travail (la gare centrale d’Athènes et le bâtiment central du métro). Une grande expérience. 

Mon emploi du temps de demain comprend des interventions dans divers rassemblements dans la zone industrielle de Moschato et un meeting à Petroupoli, dans la banlieue Ouest d’Athènes.

Les travailleurs ressentent la pression de la situation créée par l’hystérie des médias et la fermeture des banques. Ils sont relativement critiques au sujet des concessions faites par le gouvernement pendant ces épuisantes négociations, mais, en général, ils ont confiance dans la victoire du Non. Ils en attendent un nouveau départ pour le gouvernement de Syriza et la mise en œuvre d’une plus grande part de son programme. 

Je voudrais inciter tous ceux qui suivent la situation en Grèce avec ce mélange typique d’anxiété et d’espoir à garder la tête aussi froide que possible. Les media grecs sont dans un état d’hystérie, et les media occidentaux pas si différents. Un de leurs thèmes favoris, au sommet de l’atmosphère apocalyptique qu’ils propagent, est que le référendum n’aura pas lieu, que le gouvernement a , en réalité, accepté le plan Juncker, qu’il va annuler le référendum, etc. 

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Juin 29

Les Grecs n’ont pas à payer une dette qui n’est pas la leur, par Patrick Saurin (CADTM)

Publié le lundi, 29 juin 2015 dans A Gauche. . . toute !

De grandes institutions qui violent les règles élémentaires de droit, bafouent leurs propres statuts, tolèrent des malversations et des fraudes, de grands responsables politiques et financiers pris en flagrant délit d’infraction et de malversation, et pour finir un peuple grec floué, humilié et spolié, telle est la triste réalité que révèle en pleine lumière le Rapport préliminaire de la Commission pour la Vérité sur la Dette grecque |1|.
Contrairement à ce que répète à l’envi la cohorte d’experts et de journalistes invités à demeure des plateaux de télévision, des radios et de la presse écrite, la crise grecque ne trouve pas son origine dans un peuple essentialisé comme fainéant, fraudeur et vivant à bon compte sur le dos de l’Europe et de ses habitants. C’est une toute autre histoire que met en évidence la Commission à l’issue de ses premières investigations.

Aléa (moral) jacta est

En effet, la crise de la dette publique grecque est en réalité une crise générée par quelques grandes banques, en particulier françaises et allemandes, qui après avoir privatisé des profits conséquents, ont socialisé une bonne partie de leurs pertes, non moins conséquentes, par une manipulation digne des praticiens du jeu de bonneteau. Dans cette escroquerie à grande échelle, le rôle du bonneteur ou manipulateur est tenu par les banques, celui des complices ou « barons » par la Troïka (le Fonds monétaire international, la Banque centrale européenne et la Commission européenne), celui des seconds couteaux par les gouvernements des États européens, et enfin celui de la victime par le peuple grec. Le préjudice subi s’élève à 320 milliards d’euros, le montant de la dette grecque

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Juin 28

Grèce : Unité populaire pour le Non et pour la rupture !, par Stathis Kouvelakis

Publié le dimanche, 28 juin 2015 dans A Gauche. . . toute !

Le tournant que nous espérions, dont, c’est vrai, nous avions commencé à douter qu’il fût possible, est survenu. La sinistre parodie des « négociations », la spirale des reculs et des concessions a été stoppée. Le tournant a pris forme autour d’un mot simple, évident, qui a la clarté d’un couperet : non à l’ultimatum de la Troïka, la parole au peuple.

Il devient possible maintenant de sortir du piège mortifère que les dominants européens avaient patiemment construit pour tuer dans l’oeuf l’espoir qui était né le 25 janvier, avec la victoire de Syriza.  

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Mai 25

« Nous devons aux générations à venir de prendre la rue maintenant ! », appel au peuple grec par Manolis Glezos

Publié le lundi, 25 mai 2015 dans A Gauche. . . toute !

Suffocation ! Seul ce mot peut décrire ce que les soi-disant « partenaires » européens ont sadiquement fait depuis quatre mois au détriment de notre peuple et de notre gouvernement, sous les applaudissements continus de leurs alliés nationaux. Il semblerait qu’ils ont mis un sac en plastique sur la tête de chaque citoyen de ce pays, depuis que le peuple grec a osé se lever et dire : ça suffit ! 

Chaque jour, nous constatons la pitrerie venant d’en haut. Des déclarations insidieuses sont divulguées avec la certitude que seule une voix mérite d’être entendue, puisque c’est une grande chance d’être la voix d’un Tout-Puissant (quoique corrompu) Allemand, d’un vénérable (mais heureux de vivre dans un paradis fiscal) Luxembourgeois, d’un respectable (même si mou et oublieux) Français ou un filou des Pays-Bas habile à se mettre à genoux devant le Tout-Puissant. Regardez à quoi ressemblent l’Europe et ces « institutions » ! 
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Mai 3

« Où finit la politique de l’absurde commence peut être l’homicide de masse » – Noyée, par Marie Cosnay

Publié le dimanche, 3 mai 2015 dans A Gauche. . . toute !, Libertés

Dailleurs-bandeaunet-2C’est vrai je suis allée avec Caroline dans les camps de rétention non loin d’Athènes c’est vrai j’ai marché dans la ville et c’est vrai j’ai vécu ailleurs jusqu’au bout telle expérience ou écrit au bureau telle petite montagne de texte, je suis souvent restée au soleil dans un temps qui était celui de tout le monde et n’avait plus de contours, je suis restée devant la mer qui mangeait les hommes et les femmes qui se confiaient à elle ou bien, comme Caroline le dira à demi-mots, découragée, la mer qui les recevait pour qu’ils ne voient pas ne sachent jamais quelle honte allait leur infliger le continent d’Europe, après ou pendant qu’il s’inflige, le continent, à lui-même la pire des hontes, après ou pendant qu’il a érigé l’absurde en raison.

C’est vrai et les villes et les côtes et les livres ou tout ce que l’on a touché, entrepris : il arrive un moment où tu n’as ni touché ni entrepris, en tout cas c’est comme si tu n’avais jamais touché ni entrepris. Chaque fois prendre en mains le réel, il en surgit quelque chose, parfois quelque chose de furtif et tu te demandes invariablement : qu’est ce qui est venu, là ? Qu’est ce qui est venu ? Tu ne saurais pas dire ; pourtant quelque chose est venu et a fui tout de suite, il reste la mer qui noie, il reste l’épuisement partagé entre nous deux, toi de ce côté des grilles et moi de l’autre, derrière les mêmes grilles, il reste des feuillets-mémoire, les noms y sont effacés, il reste une petite quantité d’énergie, tu as hésité à te battre ou à ne pas te battre c’est à dire à parler ou à ne pas parler, au dernier moment tu as dépensé la petite quantité d’énergie pensant aux enfants et aux enfants des enfants et, en comparaison, à tout ce que tu as cru, toi, enfant, avant.

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