L’histoire se passe chez nous
Publié le dimanche, 6 octobre 2013 dans Point de vue
Du blog des Éditions La Brochure qu’il anime : la-brochure.over-blog.com, nous extrayons cet article de Jean Paul DAMAGGIO :
http://la-brochure.over-blog.com/article-l-histoire-se-passe-chez-nous-120424693.html
. Il nous semble important de prendre en compte l’angle qu’il propose à notre réflexion, que celle-ci soit individuelle ou (surtout !) collective
Faire croire que l’histoire se passe ailleurs c’est alimenter le sentiment d’impuissance que nous éprouvons devant le journal télévisé car que peut-on contre les misères du monde ?
Depuis toujours la classe dominante a l’impératif besoin de cultiver le fatalisme, tellement inhérent à notre condition humaine qu’il suscita partout la création de religions. Invoquer les dieux pour qu’il pleuve permettait ainsi de satisfaire le besoin d’action, en le détournant des vrais moyens d’action. Si le fatalisme nous est inhérent, le besoin d’action l’est tout autant.
L’innovation du suffrage universel fut révolutionnaire en ce sens que l’action politique devenait alors affaire de tous, même si le peuple décidait d’en faire un mauvais usage en votant pour ceux qui l’exploitent.
Toute avancée sociale a son revers et là encore la classe dominante s’efforce, au nom du revers, d’annuler l’avancée sociale d’où le juste dicton populaire : il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau sale du bain !
Ceci étant, avant même le suffrage universel, l’histoire se passait chez nous aussi la classe dominante (encore elle) s’est toujours efforcé de masquer ou de dénaturer cette histoire. Étudier l’histoire locale devient alors l’étude d’anecdotes renforçant le rôle majeur de l’histoire nationale (sous entendu : l’histoire des chefs, des capitales, des généraux, des héros). Bilan : l’histoire se passe ailleurs, à Paris, à Washington ou par la bouche des grands hommes, les présidents, les grands managers etc.
BERLUSCONI tombe en Italie mais parce que BERLUSCONI n’est pas seulement un homme, il ne tombe pas complètement aussi l’affrontement n’est pas seulement entre lui et le pouvoir italien mais aussi ici entre le pouvoir du fric et le pouvoir des démocrates. Il paraît qu’un battement d’aile de papillon a des répercussions jusque dans nos assiettes en conséquence, un minuscule article comme celui-ci peut se répercuter loin ! Je prends le cas de BERLUSCONI car nous avons l’exemple d’une assemblée de députés majeurs qui peuvent faire tomber un chef alors que le système français ne le permet pas. Je n’imagine pas que le revirement de certains soit un acte révolutionnaire mais j’ai la conviction que, seulement exister, est pour le révolté, un grain de sable dans la machine.
Nous entrons dans la bataille des municipales et c’est là le premier grain. Pour le moment les couloirs bruissent de coups plus ou moins bas mais l’engagement citoyen se mesure à la hauteur des entraves mises par les autorités à l’expression de la clarté démocratique. Chaque commune est une histoire locale que les maîtres du monde veulent effacer or que représente-t-elle ? Les seigneurs du Moyen-âge actuel pompent cette histoire pour la vider dans les poubelles du passé et laisser une coquille vide, mais la politique a horreur du vide suivant un autre dicton populaire, aussi une certaine riposte se fera entendre. Pas celle que je défends car les démocrates sont à la ramasse mais celle des illusions de toujours et de la démagogie ambiante. Même sans candidat, le Front national a déjà gagné, sous des formes locales et avec un message global. Ce qui ne signifie pas qu’il nous reste à regarder passer le train dans l’attente de jours meilleurs. Il n’y a plus rien à déléguer : ni au futur, ni à dieu, ni aux rêves (et encore moins aux élus). La globalisation (d’autres disent la mondialisation) n’a de global que ce que les opposants veulent lui laisser de global. Non, notre avenir ne s’est jamais décidé à Lisbonne mais chez nous. A courir devant des leurres on perd le sens de la vie et la vie, pour la prendre à bras le corps, il faut la saisir là où on est même pour qui a de grands bras au point de pouvoir cumuler les cumuls.
Je défends VASQUEZ MONTALBAN car, comme SCIASCIA et d’autres, ils ont construit une œuvre à partir de leur ville, de leur île, à partir de la vie réelle qui unit géographie et histoire, raison et sentiment, fraternité et liberté. Le succès n’a pas été au rendez-vous car il s’agit sans doute de la révolution la plus énorme, celle de l’émancipation communaliste, celle d’un autre type de chaîne humaine.
Jean-Paul DAMAGGIO
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