La mort du petit cheval ! Pour un contrôle citoyen de la nourriture
Publié le jeudi, 14 février 2013 dans Agriculture, Point de vue, Santé
Les médias se sont emballés – ont galopé ? – à propos d’une « nouvelle crise sanitaire » révélée par la découverte de viande de cheval au lieu et place de viande bovine dans des plats préparés de marque Findus.
Quelle crise sanitaire ? La viande de cheval est une viande de consommation humaine courante et il n’y a pas si longtemps les boucheries chevalines étaient fréquentes en France. Les italiens restent d’ailleurs de gros consommateurs de viande équine et pour la plupart des diététicien-ne-s la viande de cheval est qualitativement supérieure à la viande bovine. Les commentaires sur le « cheval roumain » ont souvent révélé un racisme latent rappelant d’autres légendes urbaines autour des plats servis dans les restaurants chinois à base d’aliments pour chiens ou de chats de quartier mystérieusement disparus.
Au-delà des fantasmes et de tabous alimentaires relevant du culturel – les anglais ne consomment pas de cheval, d’escargots et de grenouilles ; les australien-ne-s assimilent le lapin à un rat et les occidentaux se refusent à manger du chien, du singe ou des insectes – se pose la question du contrôle des citoyen-ne-s-consommateurs-trices sur leur alimentation .
Les lasagnes au cheval de Findus ne relèvent pas d’une crise sanitaire ou alimentaire, mais uniquement de la fraude. Quand on connaît la complexité des cahiers des charges dictés par les donneurs d’ordres à leurs sous-traitants et l’efficacité des méthodes de traçabilité on a du mal à croire que l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement n’ait à aucun moment eu des doutes sur la composition réelle des pains de viande mis en fabrication.
C’est bien les impératifs de rentabilité irréalistes imposés par les fonds d’investissement actionnaires des sociétés agroalimentaires qui nourrissent les tentations de fraude. (Après une hausse de 80 % des cours du café arabica en 2011, Il serait d’ailleurs très instructif de s’intéresser à la présence éventuelle de café robusta dans les paquets de café moulu vendu comme 100 % arabica !)
Face à ces tentations permanentes de fraude, c’est l’organisation du contrôle et l’information du consommateur-trice qui font débat. Au-delà du QUID, procédé mnémotechnique rappelant les données de base essentielles au consommateur-trice à faire figurer sur l’emballage: Quantité ou poids/mode d’Utilisation/liste des Ingrédients/Date limite de consommation (DLC) ou Date limite d’utilisation optimale (DLUO) ; les autres éléments informatifs restent incompréhensibles pour la très grande majorité. Tableau nutritionnel, taux d’acide gras insaturé, bilan carbone d’un paquet de nouilles …Trop d’informations tuent l’information !
Les réunions interprofessionnelles agroalimentaires en ont déduit depuis longtemps que l’ajout d’une nouvelle information n’influait pas sur le comportement du consommateur-trice.
En exigeant en priorité plus d’informations sur les emballages, les associations de consommateurs se trompent de combat et favorisent une dérive vers le consumérisme à l’américaine. Au pays du laissez-faire et de la négation du principe de précaution les néo-conservateurs ont détruit la Food and Drug Administration ( équivalent US de notre DGCCRF), l’exhaustivité des informations étant réputée permettre au consommateur-trice averti-e d’exercer son libre choix d’acheter ou non un produit. Les industriels de l’agroalimentaires ne peuvent plus ainsi être poursuivis et tenus pour responsables des conséquences de la mal-bouffe : obésité, accidents cardio-vasculaires, hyper-tension…
Toute l’action de Sarkozy aura été de tendre vers ce modèle en diminuant de 8% le nombre de contrôleurs-euses de la répression des Fraudes, mais aussi paradoxalement en autorisant les class actions. On remplace ainsi de fait un contrôle administratif a priori par une action en justice a posteriori en cas de problème sanitaire.
Les réflexions et les avancées alternatives dans le domaine de l’alimentaire telles les circuits courts et l’agriculture biologique ne peuvent occulter la nécessité d’appréhender une politique alimentaire contrôlée par les citoyen-ne-s – au travers des associations de consommateurs-trices ? – qui devra définir ce que nous souhaitons manger dans nos assiettes.
Il manque de toute évidence à l’école une pédagogie du cuisiner et du manger qui éviterait d’acheter des lasagnes industrielles chères et de mauvaise qualité alors qu’il est si simple de les cuisiner soi-même !
Michael – Les Alternatifs 07
merci Boby:
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On parle beaucoup du scandale pour les consommateurs et consommatrices floué-e-s.. mais je n’entends jamais d’émois attristés sur le sort des animaux massacrés pour vos papilles gustatives… est-ce un oubli?
C’est bien tragique…