Mords-les !
Castres, le 15 avril 2008
A l’issue de trois semaines de grève totale, 10 000 salarié-e-s de Dacia ont contraint la direction de Dacia-Renault à satisfaire partiellement leur revendication salariale.
Le soutien populaire à la grève des Dacia, qui s’est matérialisé par de nombreuses collectes de soutien dans plusieurs entreprises du pays a largement contribué à l’issue positive d’une longue grève. Cette grève marque, à l’évidence, une étape nouvelle pour le syndicalisme en Roumanie. La solidarité organisée dans les usines françaises du groupe par les syndicats CGT, CFDT et SUD et le déplacement emblématique de syndicalistes à Mioveni et Pitesti pour affirmer et porter la solidarité des salariés de France a aussi fortement pesé pour contraindre le directoire de Renault à aller beaucoup plus loin que la direction de Dacia ne le voulait. Une victoire et une belle leçon que n’oublieront pas de si tôt les dizaines de milliers de salariés roumains des multinationales venues dans ce pays exploiter une main d’oeuvre parfaitement qualifiée et si bon marché. Ni les syndicalistes français qui luttent contre les délocalisations.
En France, une chose est claire, sur fond de difficultés croissantes à boucler les fins de mois et de restructurations, un peu partout le mécontentement grandit. Tous les départements connaissent des grèves et des débrayages touchant aussi bien le secteur privé que le secteur public. Nombreux sont les salarié-e-s à rêver qu’«enfin ça pète», c’est-à-dire que les mécontentements se transforment en un mouvement social impétueux qui mettrait un coup d’arrêt aux attaques généralisées contre les acquis sociaux.
Il y a nécessité et urgence à fusionner les colères et les mobilisations. Chacun-e le sent, beaucoup l’affirment : la seule loi que ce gouvernement connaisse c’est le rapport de force.
Mais si le malaise suinte par quasiment tous les pores de la société et si des dizaines de milliers de militant-e-s sont sans conteste disponibles pour la lutte, la timidité de l’opposition parlementaire et le peu d’entrain des confédérations syndicales à appeler ensemble à la mobilisation contre les attaques gouvernementales favorisent l’émiettement des ripostes. Au risque de décevoir et faire douter nombre de militant-e-s. Il faut en finir avec les discours de fatalité et de compromis à n’importe quel prix.
Dans un tel contexte, le mouvement des lycéens, soutenu par les syndicats enseignants, prend une autre dimension : son extension territoriale, au lendemain des vacances scolaires de printemps, et sa généralisation peuvent amener la population tout entière à rompre avec une certaine forme d’attentisme. Hypothèse fragile certes, mais il y a urgence à tout mettre en oeuvre pour y parvenir !
Et comme les manifestants morlaisiens en lutte contre la fermeture d’un centre de France Télécom et pour la défense de l’emploi, souhaitons que les salariés retiennent la devise : «s’ils te mordent, mords-les» !
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