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dimanche, 14 octobre 2012 dans
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Notre ami Wil nous a fait parvenir ce texte, trop long pour être publié dans le prochain n° de Confluences 81. . . Nous le publions in extenso ci-dessous ici. Il nous fait des propositions qui méritent attention . . .et surtout réflexion et réponses collectives
Les jeudis se suivent et ne se ressemblent pas !
Jeudi 4 octobre 2012 –
Quelque part en terre néo-libérale socialiste –
Avant adoption du Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG)
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Arnaud Montebourg voit poindre une réponse à ses effets de manche, en la personne de Frédéric Faure, DRH du « Groupe Unilever » et nouveau Président de Fralib qui déclare : « nous avons entendu la demande du Ministre du Redressement Productif d’assurer un reclassement effectif de tous les salariés. Cela m’a conduit aujourd’hui, au nom d’Unilever, à prendre l’engagement solennel que la qualité des mesures d’accompagnement et de reclassement, que nous mettons en oeuvre pour les salariés, soit assortie d’une obligation de résultat permettant un reclassement effectif, afin que chacun bénéficie d’une vraie solution, qui lui convienne, pour lui et sa famille. »
On en pleurerait…
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Oui, mais les Fralib, les ouvriers, eux, ils ne pleurent pas, depuis le 28 septembre 2010 ou Unilever annoncait le projet de fermeture de l’usine de Gemenos, en Provence….
Voilà plus de 731 jours qu’ils « occupent » l’usine. Ou plutôt qu’ils veillent à ce qu’on ne leur enlève pas leur outil de travail après leur avoir enlevé leur emploi. (Ces femmes et ces hommes tournent en 3/8, se relayant nuit et jour sur le site par équipe de dix ou de quinze).
Parallèlement, les salariés ont mené de nombreuses actions au cours de la lutte – qui n’est toujours pas terminée ! – notamment des réquisitions de produits Unilever dans les supermarchés de la région et le lancement d’un boycott de la marque Lipton.
Et pourquoi veulent-ils garder leur outil de travail ? Par intuition Marxiste («réappropriation des moyens de production… ») ? Par orgueil syndical (CGT – CFE-CGC) ? Ou pour continuer à travailler, tout simplement, avec les copains, et gagner leurs vies dignement… en étant leur propres actionnaires… ?!
Le Groupe Unilever c’est une multinationale néerlando-britannique, dont les sièges sociaux sont situés à Rotterdam (Pays-Bas) et à Londres (Royaume-Uni). On le retrouve dans 100 pays, c’est le troisième groupe mondial en produits de consommation courante (par les ventes) et le premier producteur de glaces et de thé au monde. 2 milliards de personnes utilisent chaque jour les produits Unilever dans le monde. En 2011, la société employait 171 000 personnes… ou devrais je dire, 171000 personnes, faisaient vivre la société !
– …et l’usine de Gemenos, c’est l’une des quatre usines européennes (Royaume-Uni, en Pologne, et en Belgique) d’Unilever, fabriquant les thés Lipton et Éléphant.
– …et la marque « Eléphant », elle… elle est née à Marseille en 1896 avant de passer aux mains de la multinationale, en 1972. Mais en 2012, elle pourrait revenir entre celles des Fralib… les salariés !
Pas à cours d’idées pour la lutte, les Fralib (Française d’alimentation et de boissons) ont aussi des idées de propositions… la création d’une SCOP (Société Coopérative et Participative, anciennement SCOOP, Société Coopérative Ouvrière de Production… on a perdu l’ « ouvrier » entre temps !) autour de l’Eléphant !
C’est chouette tout ça… on en pleurerait (de joie ?)! Mais que va faire une SCOP, reprise par ses salariés, dans le Grand Marché ouvert de la concurrence libre et non faussée… ?
Au pire, une défaite économique, la perte pour chaque salarié, du pécule (qui aurait pu devenir « spécule » !) qu’il avait mis dans la création de la SCOP, le rachat par un concurent, plus vorace, moins disant socialement…
Au mieux relever la tête, gagner des clients, viabiliser une industrie, des emplois locaux… et espérer une croissance pour embaucher d’autres copains !
Mais en produisant quoi… ce thé il vient d’où? qui le cultive? est ce que les producteurs en vivent? quel mode de culture? quelle soucis de l’environnement? Téléchargez l’émission « Des sous et des hommes » sur ce sujet :
http://dsedh.fr/195_22_04_08_Aurelien_Bernier.mp3), quel trajet de marchandise, quel intermédiaire de grande distribution le diffuse, non sans marger bien comme il faut dessus ? (La production et le traitement du thé se déroulent dans les pays producteurs (c’est une nécessité car les feuilles doivent être transformées sous 24 heures), alors que le mélange, le conditionnement et la publicité, qui sont les activités les plus rentables de la chaîne, se déroulent dans les pays consommateurs. Source : http://equitecho.org/Le-the)
Bref, les Fralib sont lâchés en pleine mer libérale, en contexte de croissance faible, et les vents de la crise systémique, soufflent fort… surtout si le Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance est ratifié… et la rigueur, devenue, la règle des économies Européennes. Sans doute que Mélenchon aurait fait quelque chose de plus significatif qu’Hollande pour donner aux Fralib un contexte économique plus favorable à ne pas rentrer eux même, dans la logique de marché (voir le film d’Anne ARGOUSE, Hugues PEYRET, Les Fagor et les Brandt, 2007, DVD disponible chez antoinemartinprod.com)…., zut, il faudra encore attendre 5 ans ! Mais pendant ce temps…
Mardi 9 octobre – 2012 –
A l’Assemblée Nationale à majorité Socialiste.
L’Assemblée Nationale (lieu sacrée de la démocratie puisque c’est là ou la parole du peuple est transmise aux sommets, même si elle finit le plus souvent à la corbeille !) a adopté par scrutin public le projet de loi autorisant la ratification du traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance au sein de l’Union économique et monétaire. 477 députés ont voté pour, 70 ont voté contre et 21 se sont abstenus. Mais pendant ce temps…
Jeudi 11 octobre – 2012 –
Quelque part en terre néo-libérale socialiste –
Après adoption du Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG)
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La décroissance… on va tourner autour sans jamais la nommer… ce soir là. Et c’est peut être pas un mauvaise chose que de réfléchir à des propositions de croissance non pas économique, mais égalitaire et spirituelle, sans parler directement de « décroissance ». Rigueur ou Croissance sont ils les seuls choix ?
Dans nos têtes bien pleines de société de consommation, mais pas toujours bien faites de schémas autres qu’économiques, on vise à la redistribution équitable des fruits de la « croissance » du PIB, sur le modèle industriel et managarial actuel ou quasi, un capitalisme Keynesien (http://fr.wikipedia.org/wiki/Keyn%C3%A9sianisme ) contre un capitalisme libéral quoi (éventuellement par un soucis de partage des gains sur le modèle coopératif, voir Fralib ci dessus)
Du coup parler de décroissance, c’est parler de ne pas redistribuer, c’est vouer les gens au chômage… bref, c’est délicat… alors mieux vaut montrer ses propositions, ses créations… mais faudra bien se pauser la question d’un lien, d’un dialogue, même timide… entre ses deux visions de la résistance, écologique et sociale, aux vents du « Marché » et ses défenseurs et législateurs zélés (voire z’ailés), certains de nos « élus ». (Comme s’il n’y avait pas un pet de zef qui soufflait sur la nuque de nos nouveau rois… !)
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A Castres, ce soir là donc… se tenait une réunion d’information pour la création d’un groupe du mouvement «Colibris » (http://www.colibris-lemouvement.org/) / Colibris a le statut d’ONG http://fr.wikipedia.org/wiki/ Organisation_non_gouvernementale), se voulant le lien entre des alternatives en acte sur le territoire, associatives ou « de fait »… d’économie solidaire, de permaculture, les SEL, les AMAP… Groupements d’achat solidaires, de l’éco-construction, des pédagogies alternatives, de l’éducation populaire, des monnaies complémentaires sociales et locales… un réseau citoyen de covoiturage… et j’en passe. Le tout dans une humeur de démocratie réelle et de parole partagée, de communication non violente, etc… Prévert aurait encore continué longtemps, tant cet inventaire des résistances en actes, ou à inventer, est riche.
Une trentaine de personnes… des cheveux dans le vent, des bardes sereines, des lunettes de vue, des bien habillés, des vites (mais bien) guenillés, des à peine changés… et puis un buffet… espagnol (comme l’auberge) ! Rien que sur la table, il y a comme un air de frais, de diversités et de partage généreux… (oui parce qu’il existe des partages radins, voir la fiscalité des hauts revenus !)… M’enfin, on est pas là (que) pour bouffer du terroir et vider des gobelets plastiques (aïe l’écologie !) de pif bio… va falloir se mettre à changer le monde, vers 20h…
20h05, Jef recadre les attentions… des gens arrivent encore par le couloir, la petite salle est vite pleine, alors on se pousse, avec le sourire. Au « paper-borad » (somme toute un tableau de papier), l’ordre du jour, puis le développement des quelques principes de l’ONG Colibris, Véro nous présente Pierre Rabhi
(http://www.dailymotion.com/video/xguftr_pierre-rabhi-y-a-t-il-une-vie-avant-la-mort_news)… si gentil (Pierre), si jolie (Véro). L’heure est aux présentations, des osthéos, des convertions bio, des robinsons, des révolutions, des spirituels, des gouts de « SEL », des « terre à TERRE », des réfractaires des éco-constructeurs… et un banquier (tiens, un raton laveur !) mais pas d’ouvrier, pas d’agriculteur conventionnel… faudra commencer sans eux sans doute… hum ?!
Autour de la table ce soir, on est d’accord avec les constats de Colibris, toujours exposés par Jef, bien épaulé par Eveline et Véro, au tableau, qui note, synthétise, et puis n’en peut plus… tout le monde sourit… faut dire qu’il y a plus de monde que prévu. « Beaucoup d’initiatives portées par peu de personnes, qui s’épuisent… », « Manque de synergie entre les alternatives », un « facteur humain délicat à gerer »… après une métaphore sur des archers que nous serions, à tous viser la même cible, métaphore à laquelle j’aurai personnellement préféré celle de Gulliver chère à Onfray (http://www.lepanoptique.com/sections/societe/l%E2%80%99universite-populaire-comme-lieude-micro-resistance-entretien-avec-michel-onfray/), après ce clein d’oeil amical à Jef (!) donc, on parle d’altruisme, de joie de vivre, d’action, de local, de forum, de fédération…
Mais je ne peux pas m’empécher de penser à comment serait reçu ce message, par des ouvriers, des agriculteurs conventionnels, des jeunes de banlieue, des chomeurs… cette population paupérisée (50% de la population active / téléchargez l’émission « la Grande Table » Les ouvriers français et américains ont-ils disparu du champ politique ? (http://rf.proxycast.org/m/media/296096201420.mp3?c=culture&p=LA+GRANDE+TABLE+1%C3%A8re+partie_11476&l3=20121011&l4=&media_url=http%3A%2F%2Fmedia.radiofrance-podcast.net%2Fpodcast09%2F11476-11.10.2012-ITEMA_20409175-0.mp3) et surtout dans sa jeune génération, à qui le cirque électoral commence à donner le tourni et le dépolitise ou l’extrémise (pas dans le sens le plus progressiste nécessairement)… et pis l’écologie, c’est politique, Gorz, il l’avait compris (http://cambusiers81.revolublog.com/info-en-partage-andre-gorz-leur-ecologie-et-la-notrea48532426)… mais qui peut porter un projet politique, écologique et social audacieux, dans les rouages grippés du pouvoir, dans les assemblées fantoche européennes ?… et l’anarchie dans tout ça… l’autogestion… la récupération des moyens de production, des terres… ça se bouscule un peu dans ma tête, ça doit être le pif bio… m’enfin.
On parle de jardins collectifs, dans un quartier, avec des gamins… expérience riche, même si on a retrouvé le jardin plusieurs fois visités (et pas pour l’arroser…), « ça fait réfléchir à la responsabilité mine de rien » lance le type… « quand tu vois que des cons ont bousillé ton jardin, tu réfléchis à deux fois avant de faire le con toi même… ». « Si on avait un agenda des alternatives locales, version papier, et internet… ». « Il faut une monnaie locale… des monnaies sociales, selon les usages qu’on en fait… » j’ajoute (voir expérience de Catalogne et autres :http://www.cooperative-municipale.org/node/28).
Du positif, de l’envie, des sourires, des idées, des contacts, une écoute un poil brouillonne… et la réunion va toucher à sa fin.
Rentré chez moi… je pense… demain je bosse dans le granit. Tiens, je pourrai en parler aux collègues… hum… comment aborder tout ça… ? Par quoi commencer… ?
Et les associations dans lesquelles je suis investi… tiens le groupement d’achat… Les Cambusiers 81, en réseau avec d’autres… si ces groupements d’achat écoulaient les productions d’usines en alternatives sociales comme Fralib (sinon ça sera produit quand même et écoulé par les supermarché !)…
Et que par ce biai, un dialogue se crée, pour que deux résistances se complètent, celle du choix de qui produit et possède les moyens de production (Fralib et d’autres…) et celle du choix de quoi produire (Colibris et d’autres)… plutôt que de la laisser sombrer dans la tempête néo-libérale qu’elle croit combattre sans barrières douanières écologiques et sociales (Voir protectionisme écologique et européen http://www.mondediplomatique.fr/2009/03/SAPIR/16882 ou télécharger l’émission « Des sous et des hommes » sur le sujet http://dsedh.fr/153_24_10_06_Jacques_Sapir.mp3), et sans monde de rechange, au cas ou…
Mais pendant ce temps… à suivre !
Wil
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